Le parcours organisé « Sur les pas de la Reine Margot » pour les membres d’Historim le samedi 16 novembre dernier comprenait évidemment une étape au fameux « Domaine Reine Margot ». A cette occasion, nous sommes passés devant la belle chapelle de La Solitude, sans nous y arrêter, d’une part parce qu’elle est postérieure à Marguerite de Valois au centre de nos intérêts ce jour-là et aussi parce que beaucoup d’Historimiens avaient déjà eu l’occasion de la découvrir au cours de deux visites précédentes.
Pour autant, son intérêt est bien réel et mérite quelques nouveaux développements, enrichis par les observations nombreuses et détaillées qu’ont permises une restauration très réussie. Effectuée sous le contrôle des services des Monuments Historiques, celle-ci a soigneusement restitué et remis en valeur volumes, formes et pièces d’ornement, indépendamment d’une affectation un peu inattendue des lieux au préalable désacralisés.
La tâche des restaurateurs ne fut pas facilitée par les matériaux utilisés pour la construction, qui n’offrent en particulier pas toujours les mêmes qualités que le reste du bâtiment pourtant construit en même temps et (en partie) dans le même alignement. Celui-ci, élevé sur plusieurs niveaux, arbore une robustesse et une solidité des plus fonctionnelles. Il présente dans le même esprit un aspect sobre, presque sévère, bien en accord avec le lieu de retraite et de recueillement qu’a longtemps été le site.
Pendant près de deux siècles en effet, l’actuelle demeure et son jardin clos, propriété du Séminaire de Saint-Sulpice, ont abrité l’établissement de « La Solitude ». Comme l’indique cette dénomination singulière, il était réservé aux « Solitaires » (c’est-à-dire aux séminaristes en dernière année d’études). Il leur avait été affecté en 1818/1819 quand la propriété, vendue comme bien national en 1793, avait enfin pu être rachetée par la Compagnie. Notons qu’à cette époque, les bâtiments ne possédaient ni l’aspect ni la configuration qu’ils ont de nos jours et qu’ils ont acquis en 1842 quand ils ont été reconstruits à l’initiative du directeur de l’époque, Michel-Etienne Faillon.
Pour la chapelle, corps le plus emblématique de l’ensemble, celui-ci n’avait pas voulu laisser des mains profanes conduire les opérations. Il s’en était donc chargé et, après avoir tel un architecte conçu l’édifice, il en avait dirigé la construction jusqu’à la bénédiction officielle intervenue le 24 juin 1846. L’édifice y a acquis une grande originalité tant dans ses lignes que dans son décor par rapport au reste des bâtiments. Par la suite il ne devait subir que peu de dégradations, sinon pendant l’Année terrible 1870/1871 quand un obus vint percer sa voûte et souffler les vitraux. Heureusement, comme le rapportent les chroniqueurs de ce temps, « M. Faillon avait eu la précaution de conserver les calibres [ou modèles] » et les restaurations purent dès lors être effectuées de la façon la plus satisfaisante.
Aussi, quand un siècle plus tard, le Séminaire de Saint-Sulpice est protégé au titre des Monuments Historiques que ce soit par simple inscription (pour l’ensemble, par arrêté du 16 février), ou par classement (arrêté du 12 avril 1996, pour un nombre choisi d’ouvrages de qualité et d’intérêt supérieurs), cette chapelle figure dans le second arrêté qui institue une protection maximale. C’est le seul parmi les monuments de « La Solitude » à y être inclus, aux côtés d’autres très prestigieux situés dans la parcelle principale (la Grande Chapelle, le nymphée notamment).
Le texte se poursuit fin février début mars prochain
Florian Goutagneux
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