31 octobre 2024

Deux rues isséennes dédiées à des personnalités du XIXe siècle

Et si le temps le permet, pourquoi ne pas partir à la découverte de ces deux rues isséennes.

Venant de découvrir notre site, un ancien habitant d'Issy, Georges Camus, nous a contacté pour nous raconter quelques moments de sa vie passée dans notre cité ainsi que l'histoire de deux noms de rues.

" J'ai travaillé aux Ateliers Mécanographiques d'Issy (A.M.I.) à l'angle de la rue Henri Mayer et du boulevard Gambetta. Je vis aujourd'hui en Lorraine. Je souhaite évoquer deux personnages qui ont une rue à Issy-les-Moulineaux."

Tout d'abord  la rue du sergent Blandan, dans le quartier des Varennes. Elle donne sur la rue Henri Mayer ! A Nancy nous avons également une rue Sergent Blandan. Nous avons même une statue (ci-dessous). Jean Pierre Hippolyte Blandan, connu à la postérité sous le nom de Sergent Blandan, est un militaire français né à Lyon le 9 février 1819 et mort au champ d'honneur le 12 avril 1842 à Boufarik (Algérie). Affecté dans l'Armée d'Afrique, à l'époque des opérations militaires de la conquête de l'Algérie. Il est nommé caporal le 6 août 1839, puis sergent le 1er février 1842. 

Sergent Blandan à Nancy
Le 11 avril 1842, alors qu'il conduit un détachement d'une vingtaine d'hommes, 
sa troupe est attaquée par un groupe de trois cents cavaliers arabes. Refusant de déposer les armes devant cet ennemi supérieur en nombre et bien 
que grièvement blessé,  il exhorte ses soldats à résister, s'écriant : 
« Courage, mes amis ! Défendez-vous jusqu'à la mort ! »
Seuls cinq fusiliers survivent. Le sergent Blandan meurt de ses blessures à l'hôpital de Boufarik le 12 avril 1842, à l'âge de 23 ans

Une autre rue dans le quartier des Hauts d'Issy, 
la rue Alphonse Baudin, me tient à cœur
Je suis né dans cette rue, au n° 4. A l'époque, une sage-femme officiait à domicile, 

Alphonse Baudin, célèbre médecin et homme politique, est né à Nantua en 1811. Représentant du peuple à l'assemblée de 1849, il fut tué à Paris sur une barricade le 3 décembre 1851. 
Des ouvriers se moquèrent de lui et de ces représentants du peuple en disant : « Croyez-vous que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos vingt-cinq francs par jour ! » Baudin, un drapeau à la main, monté sur la barricade les regarda fixement et leur dit : « Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs ! »


19 octobre 2024

Ehpad 5 : Gérard (74 ans) et Georges (99 ans), maraîchers


Voici les vacances de la Toussaint et nous terminons notre série de témoignages de l'Ehpad Lasserre par ceux de Gérard (74 ans) et de Georges (99 ans).

Gérard parle de ses grands-parents qui « habitaient au 21 rue Hoche dans un pavillon... Mes grands-parents et mes arrière-grands-parents exerçaient comme profession, maraîchers. Derrière le pavillon qui existe toujours, il y avait un grand jardin qui permettait de cultiver des légumes, des fruits. Alors, toute cette production était, soit vendue au détail à des marchands de proximité, du genre petits épiciers qui vendaient quelques salades, quelques tomates, quelques fraises, un peu de cerises. Sinon, les grosses quantités étaient transportées dès le matin de bonne heure aux Halles à Paris, en calèche tirée par un cheval. L’entrée était gratuite, ils pouvaient y aller autant de fois qu’ils le voulaient. C’était vendu à des grossistes qui, après, revendaient à de petits commerçants...

Les jardins maraîchers sous l'eau en 1910. 

Les jardins maraîchers commençaient au terrain d’aviation où atterrissaient les hélicoptères. L’Héliport, c’était aussi des maraîchers. Une partie des terrains appartenait à mes grands-parents et mes arrière-grands-parents. Ça remontait vers l’église Saint-Etienne jusqu’à l’Hôpital Suisse. Il y avait une telle rotation qu’il y avait un petit funiculaire avec un rail qui remontait pratiquement de la Mairie à l’Hôpital Suisse. Tout ça remontait le matériel dont ils avaient besoin pour travailler (terreau, terre). C’étaient des maraîchers qui cultivaient comme les grands-parents… et qui s’entraidaient mutuellement. Un jour, ils allaient travailler chez l’un, un jour chez l’autre, les jours où il y avait un coup de bourre. Il y avait la Ferme aux Moulineaux avec ses élevages de veaux, moutons et vaches. Je me souviens que mes grands-parents allaient souvent chercher du lait pour avoir du lait frais. Il y avait des quantités de vignes, à cheval un petit peu sur une butte en plein soleil. Ça s’appelait Le Chemin des Vignes qui existe toujours.»


Georges évoque également ce quartier. 

« Il y avait encore des maraîchers vers le Bas-Meudon. Ça a disparu entre 1930 et la déclaration de la guerre en 1939. Hitler a pris le pouvoir en 1933. »
La maison des grands-parents de Gérard existe encore au 21 rue Hoche. Sa façade en briques claires donne directement sur la rue et l’on peut imaginer le jardin derrière.
 
Ces souvenirs d’Isséens que vous avez découverts au fil de ces semaines, ont été recueillis grâce à l’initiative de David Jacob, responsable de l’animation de l’EHPAD Lasserre et à l’historimienne Françoise qui les a retranscrits. Un grand merci à tous deux ainsi qu’aux deux témoins, Gérard et Georges qui nous font mieux connaître le passé de leur ville.

Texte : P. Maestracci

13 octobre 2024

Visite du quartier Val de Seine, octobre 2024

 La visite de ce quartier en bord de Seine n’est pas la première (http://www.historim.fr/2018/03/visite-des-bords-de-seine-par-tous-les.html)  mais permet de se rendre compte de son évolution. Le parcours suit une diagonale de l’esplanade du Foncet à la limite de Paris au nord. Nous étions une dizaine d'Historimiens en ce samedi matin 12 octobre 2024.

Esplanade du Foncet. Photo 1

Depuis le XIXe siècle, le quartier en bordure de Seine fut  occupé par des usines et des quais de déchargement. Le Foncet était d’ailleurs un bateau de navigation fluviale. 
Un aménagement fut décidé lors de la création en 2013 d’une Zone d’Aménagement Concerté. Le long du quai du Président Roosevelt et de la rue Rouget de Lisle, ont été construits l’Isséane ainsi que des immeubles résidentiels, des bureaux de grandes entreprises (CapgeminiOrange) ainsi que des services d’hôtellerie et de restauration comme les Halles Biltoki inaugurées en 2022. 
Les bureaux sont également nombreux rue Camille Desmoulins avec l’arrivée récente du groupe Canal + par exemple. Dans la rue Berryer se trouve l’École Française du Barreau, l’école des Avocats.
Á l’intersection du boulevard Gallieni, il y a d’un côté des bureaux, en particulier ceux de Bouygues Immobilier conçus par Christian de Portzamparc, et de l’autre d’anciennes installations électriques juste à la limite de Paris. 


Station Val de Seine du T2. Photo 2

Rue Bara, des maisons anciennes sont des logements de fonction pour le personnel d’EDF. Enfin près de la place du maréchal de Rochambeau, le siège social pour l’Europe de Microsoft  domine le paysage francilien. 

Texte et photographies : P. Maestracci 


Photo 1 :  Esplanade du Foncet  avec vue sur la zone sud de la ZAC aménagée par l’architecte Françoise Raynaud. Sur le quai, on aperçoit l’immeuble Capgemini ainsi qu’une tour de bureaux en cours de finition. . Esplanade du Foncet

Photo 2  :  Station Val de Seine du T2. Sur la droite, l’extrémité du siège social d’Orange, au centre, les Halles Biltoki devant la tour destinée à une société financière. À gauche, l’arrière des bureaux de Capgemini.

11 octobre 2024

Les deux ans de LANAE, association isséenne pour l'enfance

 LANAE (Association Nationale des Auditeurs d’Enfants), loi de 1901, regroupe des auditeurs d’enfants diplômés pouvant intervenir dans toute la France. LANAE a été créée le 13 octobre 2022 par cinq cofondatrices qui font partie de la 1ère promotion du Diplôme universitaire d’Auditeurs d’enfants délivré par l’Université Catholique de Lille-Issy-les-Moulineaux. L’association présidée par Séverine Millet, Isséenne, avocate au Barreau de Paris, est auditrice d’enfants et d’adolescents.
 La Charte nationale de déontologie des auditeurs d’enfants et d’adolescents diplômés a été signée le 2 juin 2023 ; tous les membres de l’association doivent en respecter les termes.

Un auditeur d’enfants et d’adolescents est un passeur de parole. Plus précisément, c’est un professionnel formé au recueil de la parole et qui est neutre, impartial, bienveillant et indépendant. Ce n’est ni un avocat, ni un médiateur, ni un psy… Il n’est là que pour l’enfant afin de l’aider à libérer sa parole, à faire part de ses opinions, de ses besoins et de ses ressentis, dans un cadre sécurisé et sécurisant.


L’auditeur d’enfants et d’adolescents peut intervenir sur délégation du Juge aux Affaires familiales mais dans un contexte extra-judiciaire (principalement lors de séparations ou divorces mais aussi, notamment, de harcèlement scolaire).
En effet, l’enfant a le droit d’exprimer librement son opinion et d’être entendu sur toutes les questions qui le concernent (article 12 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Article 388-1 du Code civil ainsi que les prescriptions du Comité des droits de l’enfant relatives à la mise en œuvre du droit des mineurs à être entendus.
 
L’association organise également des colloques. Elle a pour but également de sensibiliser au sujet, d’informer le public. Dans le cadre des Semaines isséennes des droits de l’enfant, un colloque fut organisé conjointement par le CLAVIM et LANAE à l’Espace Icare le 23 novembre 2023. Le thème porta sur « L’audition de la parole de l’enfant : pourquoi ? Comment ? par qui ? » 
La salle de conférences accueillait tout particulièrement des professionnels et des étudiants en Droit pour écouter tout d’abord les responsables politiques : M. André Santini, Maire et Ancien Ministre, M. Jacques Toubon, ancien Ministre et Défenseur des Droits, la députée Mme Claire Guichard. Ensuite, ce fut le tour des professionnels avec en particulier celui de  Mme Blandine Mallevaey, professeur de Droit, titulaire de la Chaire « Enfance et Famille », à l’origine du Diplôme Universitaire cité dans le premier paragraphe et membre d’honneur de LANAE, sans oublier Christophe Bellon. Les autres intervenants sont auditeurs d’enfants : médiatrice, magistrats, représentante de l’UNICEF, avocat, pédo-psychiatre, inspecteur d’Académie et éducateur spécialisé. Le colloque fut clos par Mrs Alain Lévy président du CLAVIM et Bruno Jarry,  directeur du  CLAVIM.

Maître Séverine Millet et P. Maestracci
Pour en savoir plus : contact@lanae.eu et  www.lanae.eu

6 octobre 2024

Ehpad 4 : Georges (99 ans) se souvient du cinéma du Parc

Encore, un nouveau témoignage, celui de Georges.
 
« Mon père, dans les années 1920, avait une entreprise de charpente-menuiserie au 16 (de l’avenue Victor Cresson) entre le bureau de poste et la Mairie [Hôtel de Ville]. Ma mère (avant son mariage)  habitait dans un pavillon au 7 de l’avenue de Verdun et maintenant Cresson. À côté (au 9) il y avait un grand verger sur lequel a été construite cette salle de cinéma. Ce cinéma s’appelait Casino du Parc, allez savoir pourquoi… ?

Le Tabac d’Issy existe toujours sous le nom de Comptoir d’Issy-Tabac de la Mairie, 2 avenue Victor Cresson. L’entreprise du père de Georges se trouvait un peu plus loin, au numéro 16.

« C’était une salle de cinéma qui avait été décorée à l’époque avec beaucoup de dorures. C’était une salle où il y avait 1 100 places. un lustre immense. Je ne sais plus combien il y avait de pampilles, c’était du faux cristal… En s’approchant de l’écran, il y avait une grande fosse où se tenait un orchestre qui contenait une quinzaine de musiciens… 

Il y avait la grande façade avec une entrée et des escaliers en pierre. Au milieu de cette entrée, il y avait ce qu’on appelait à l’époque une boîte à sel. C’était un bureau de caisse et de location. Mais dans la pratique, elle n’était pas utilisée. Ils avaient aménagé une autre caisse à côté de laquelle il y avait l’accès à la chaufferie ; à l’époque, c’était encore du charbon, bien sûr.
On a eu comme vedettes Ray Ventura et ses Collégiens, Raymond Legrand, Damien, Fréhel… toutes les grandes vedettes à l’exception de Tino Rossi. Il y avait des décors immenses… un qui représentait un château, un autre un grand étang.
Il y avait aussi des projections, des séances de cinéma qui duraient trois heures, trois heures et demie. À chaque séance, vous aviez en première partie les actualités de trois sortes, (celles) de Gaumont, Pathé et Éclair Journal… Un documentaire, la bande-annonce pour le spectacle de la semaine d’après et un premier film qui faisait 1 500 mètres de pellicule et qui durait une heure et demie. Ensuite, il y avait l’entracte de 15, 20 minutes et les ouvreuses qui passaient avec un grand panier : un peu de pâtisserie des esquimaux-chocolat glacé et puis des gâteaux… Après l’entracte, il y avait le grand film qui durait aussi une heure et demie… Les places étaient à cinq francs et il y avait des tarifs réduits pour les enfants. Je me rappelle qu’on a passé La Grande Illusion avec Pierre Fresnay, Quatre de l’Infanterie, film allemand… et aussi un film américain Ronald Colman. 
On est passé du cinéma muet au cinéma sonore qui n’a pas duré longtemps parce qu’il y a eu la transition entre le muet et le parlant… en deux ou trois ans. C’était évidemment en noir et blanc…
Les Allemands nous avaient obligé de fermer après les bombardements (dont celui) des usines Renault parce qu’ils ont eu peur… qu’il y ait une panique avec les bombardements.
Le cinéma a rouvert quand les autorisations ont été données. Il fallait aussi que le côté cinéma, les firmes, la chambre syndicale du Cinéma se réorganisent. C’était, il me semble en 1945. Il y avait des files d’attente… c’était une distraction après la période de disette. C’était la seule, à part les fêtes communales données à la Salle des Fêtes d’Issy-les-Moulineaux (actuel PACI – Charles Aznavour).»

Le Cinéma du Parc a été remplacé par un immeuble de bureaux, légèrement en retrait de la rue. Celui-ci fut un temps le Consulat de la République Populaire de Chine.

Merci à Georges qui é témoigné, à David Jacob, responsable plein d’idées de l’animation de l’EHPAD, à l’origine de ce projet d’écoute des résidents et merci à l’historimienne Françoise qui s’est chargée des transcriptions.

Texte : P. Maestracci

2 octobre 2024

Ehpad 3 : Jacqueline (93 ans) évoque Issy après 1945

Grâce à  David Jacob, responsable très motivé de l’animation de l’EHPAD, à l’origine de ce projet d’écoute des résidents et l’historimienne Françoise qui s’est chargée des transcriptions, voici un nouveau témoignage, celui de Jacqueline (93 ans) qui se rappelle fort bien de l’évolution d'Issy après 1945.

J’ai toujours continué à vivre à Issy-les-Moulineaux. Le domicile de mes parents, quand j’étais enfant, était à Corentin Celton. Après, en 1936, on est partis habiter sur l’avenue du Général de Gaulle, tout à fait en haut, vers l’église Saint-Etienne. Et puis je me suis installée chez moi derrière la Manufacture des Tabacs, rue des Tabacs.

La Manufacture a été créée en 1904 avant de fermer en 1978. Les locaux ont été réhabilités pour en faire des logements, des bureaux, une annexe de l’Espace Icare  et quelques commerces sur l’esplanade de la Manufacture.

J’ai vu la modernisation d’Issy, petit à petit. La montée de la Mairie d’Issy jusqu’à l’église, c’était des maisons en ruine étayées par des grandes perches en bois. C’était des cours sans lumière, un poste d’eau dans la cour. C’était vraiment presque des ruines. Petit à petit, ça a été démoli mais pas dans les premiers. Mon père avait travaillé un temps dans le bâtiment et ça l’intéressait toujours. Mes parents étaient partis en vacances et quand ils sont rentrés, tous les vieux bâtiments avaient été abattus parce qu’on a construit des HLM. (des ILN en cours de réhabilitation et de végétalisation des façades). 

En rentrant de travailler le soir, je voyais de gros camions avec des sortes de grosses boules qu’on lançait comme ça sur les murs qui s’effondraient parce que cela ne tenait plus debout…

Il y avait des immeubles qui avaient l’électricité, bien sûr, mais il y avait beaucoup de vieux immeubles qui n’étaient pas équipés au point de vue eau à l’étage ni électricité. La rue Lazare Carnot où habitaient mes parents n’était reconnue ni par Issy-les-Moulineaux ni par Clamart et il n’y avait pas d’écoulement d’eau dans les égouts. L’eau coulait encore dans la rue, dans les caniveaux.

Il y avait de beaux immeubles aussi : toute la rue Ernest Renan, c’était bien. Il y avait deux ou trois immeubles à la place du Monoprix (et du Centre administratif).


 Bâtiments en piteux état sur les Hauts d’Issy. 
               (Photographie ancienne sans date ni adresse, collection privée).
              
Même sur l’avenue du Général de Gaulle qui monte à la gare de Clamart, autrefois, c’était un peu la campagne avec des petits pavillons, des jardins, même des jardins ouvriers. Mais dans la plupart des endroits maintenant les petits pavillons ont été démolis et [remplacés par ] des immeubles de cinq à six étages.
J’ai vu vraiment Issy-les-Moulineaux changer petit à petit et surtout depuis que c’est Monsieur Santini (maire depuis 1980). Les changements ont été énormes. Maintenant, dès qu’il y a un coin de libre, il y a un petit parc avec des fleurs. C’est bien entretenu. C'est une bonne banlieue.

Texte et photos Pascale Maestracci