17 novembre 2024

Sur les pas de la reine Margot


Ce samedi 16 novembre, jour de la sainte Marguerite, nos Historimiens avaient rendez-vous aves
Florian sur les pas de la reine Margot. Ce circuit avait pour objet de signaler l’importance qu’a pu avoir la Reine Marguerite de Valois dans la vie d’Issy à son époque, le début du XVIIe siècle - comme elle l’a encore de nos jours ainsi qu’en témoigne la fameuse « Servitude de la Reine Margot » stipulant « qu’il ne soit rien élevé arbres et bâtiments au-dessus de dix pieds » sur la propriété qui s’étend de l’autre côté de l’ancienne Grand’rue (actuelle rue du Général-Leclerc). Il y a quelques années, à l’occasion de la construction de la résidence Les Hespérides en 1998, cette servitude a en effet été rappelée fort à propos par la Compagnie de Saint-Sulpice qui en était devenue titulaire... 

Dans le parc du Domaine de la Reine Margot (hôtel 5 étoiles) © M. Julien. 


En route vers le Musée. © M. Julien
Le parcours nous a permis de littéralement mettre nos pas dans ceux de la Reine puisqu’il a emprunté une des plus anciennes rues d’Issy : la rue Minard (autrefois rue de la Glaisière) qui conduisait de l’antique « voie des hautes eaux » à la place de l’église Saint-Etienne, au cœur du vieil Issy.

Au cours des trois étapes principales qui jalonnaient la visite : le Séminaire de Saint-Sulpice ; le Domaine Reine Margot et le Musée Français de la Carte à Jouer. Sont ainsi soulignés les liens étroits qu’avait entretenus avec notre commune ce personnage hors du commun dont la conférence donnée par Didier Le Fur lors des dernières Journées du Patrimoine nous a appris à mieux connaitre la personnalité, plus riche et complexe qu’on ne le croit habituellement.

Florian à l'intérieur du Séminaire. © M. Julien

Samedi le propos, centré sur notre ville, s’est tout d’abord arrêté sur les circonstances de la venue à Issy de cette grande princesse de la Renaissance, en s’étendant sur l’acquisition qu’elle avait faite auprès de la famille Vaudétard de deux vastes propriétés appartenant l’une, l’actuel Séminaire, à Jean, « Orfèvre du Roi, Bourgeois de Paris », et l’autre, la future propriété des Conti, à son père, François.

Sur chaque site, pour satisfaire la curiosité de chacun, les bâtiments et leurs extensions, les jardins et leurs aménagements ont été décrits jusque dans leurs détails les plus significatifs, en se prêtant parfois au jeu de la lecture des documents d’époque, toujours pittoresques.
Ainsi a été rendu plus concret le cadre dans lequel s’est déroulée la vie isséenne de la Reine Margot. Les épisodes les plus connus en ont tout particulièrement été rappelés, notamment les visites que lui rendaient les membres de la famille royale : Henri IV 
et le futur Louis XIII, pour ne citer que les plus illustres.

Il convient pour conclure de remercier les responsables des trois établissements qui nous ont accueillis, sans lesquels évidemment ce parcours n’aurait revêtu qu’un intérêt incontestablement bien moindre. Florian Goutagneux.


Mosaïques de Patrick Laforge. © D. Hussenot


Et pour terminer cet après-midi, un arrêt au marché de l'Art isséen, qui se tient au Musée, pour découvrir les mosaïques de notre Historimien Patrick Laforge.

8 novembre 2024

Issy l'industrielle… à partir de 1825

La ville d’Issy-les-Moulineaux a connu de spectaculaires mutations économiques. Pendant des siècles, l’agriculture s’est développée dans la plaine ainsi que sur les hauteurs avec deux villages, le premier autour de l’église Saint-Étienne et le second près de la Ferme des Chartreux. La ville commence à s’industrialiser dès 1825 avec l’entreprise Gévelot

Haut de la porte d'entrée de l'usine Gévelot


D’autres industries se sont progressivement développées grâce à la proximité de Paris et de la Seine, aux lignes ferroviaires, aux carrières etc. Les bâtiments ont été construits sur des terrains agricoles disponibles. Depuis plusieurs décennies, l’activité économique s’est tertiarisée avec des grandes entreprises dont plusieurs d’envergure mondiale. Certains bâtiments industriels ont été démolis ou reconvertis pour accroître le nombre de bureaux.

Descriptif des fabrications Gévelot

Des noms de rues évoquent l’agro-alimentaire comme le chemin du Moulin, l’allée de la Brasserie ou la rue de la Biscuiterie (Guilloux qui se trouvait dans l’actuel Cœur de Ville).

L’industrie a son passage de l’Industrie, la place Gévelot (près de l’usine disparue). L’esplanade de la Manufacture occupe la cour de l’ancienne Manufacture des Tabacs de 1904 au 17 rue Renan. Après la fermeture de l’entreprise, les bâtiments ont été réhabilités en logements, bureaux et commerces. 
Il y a de nombreuses références aux avionneurs dont les usines entouraient le champ de manœuvres comme le boulevard des Frères Voisin (partagé avec Paris), la rue Gaston et René Caudron ou la rue Édouard Nieuport.

Pour le moment, aucun nom ne concerne les entreprises du secteur tertiaire implantées dans la commune mais à l’avenir, rien d’impossible…


Vue extérieure et entrée de l'usine Gévelot
Texte : P. Maestracci
photos: A.Bétry - archives Atlante


3 novembre 2024

Campus Tony Parker

Appelée au début Académie du basket, avec la bénédiction d’André Santini notre maire, le quadruple champion NBA de San Antonio annonce l’ouverture en janvier 2025 d’un campus sportif, dénommé : « CampusTony Parker ».

 © XDR
Ce centre de formation qualifiante dédiée au management par le sport trouvera racine à la Cité des Sports de notre cité.

Ouvert aux formations en management basées sur les valeurs du sport et destiné aux salariés des entreprises du Grand Paris, des cursus pour des élèves post-bac pourront par la suite être envisagés, la création d’une école pouvant même entrer dans le cadre. Les acteurs du projet visent l’objectif de former entre 1 500 et 4 000 collaborateurs puis 350 à 500 étudiants d'ici 2027.

Le président des Intermarchés de notre ville, Thierry Cotillard adhérent à cette idée, se projette dans cette nouvelle aventure. 

Bon vent au nouveau parachuté Tony Parker !

A. Bétry

31 octobre 2024

Deux rues isséennes dédiées à des personnalités du XIXe siècle

Et si le temps le permet, pourquoi ne pas partir à la découverte de ces deux rues isséennes.

Venant de découvrir notre site, un ancien habitant d'Issy, Georges Camus, nous a contacté pour nous raconter quelques moments de sa vie passée dans notre cité ainsi que l'histoire de deux noms de rues.

" J'ai travaillé aux Ateliers Mécanographiques d'Issy (A.M.I.) à l'angle de la rue Henri Mayer et du boulevard Gambetta. Je vis aujourd'hui en Lorraine. Je souhaite évoquer deux personnages qui ont une rue à Issy-les-Moulineaux."

Tout d'abord  la rue du sergent Blandan, dans le quartier des Varennes. Elle donne sur la rue Henri Mayer ! A Nancy nous avons également une rue Sergent Blandan. Nous avons même une statue (ci-dessous). Jean Pierre Hippolyte Blandan, connu à la postérité sous le nom de Sergent Blandan, est un militaire français né à Lyon le 9 février 1819 et mort au champ d'honneur le 12 avril 1842 à Boufarik (Algérie). Affecté dans l'Armée d'Afrique, à l'époque des opérations militaires de la conquête de l'Algérie. Il est nommé caporal le 6 août 1839, puis sergent le 1er février 1842. 

Sergent Blandan à Nancy
Le 11 avril 1842, alors qu'il conduit un détachement d'une vingtaine d'hommes, 
sa troupe est attaquée par un groupe de trois cents cavaliers arabes. Refusant de déposer les armes devant cet ennemi supérieur en nombre et bien 
que grièvement blessé,  il exhorte ses soldats à résister, s'écriant : 
« Courage, mes amis ! Défendez-vous jusqu'à la mort ! »
Seuls cinq fusiliers survivent. Le sergent Blandan meurt de ses blessures à l'hôpital de Boufarik le 12 avril 1842, à l'âge de 23 ans

Une autre rue dans le quartier des Hauts d'Issy, 
la rue Alphonse Baudin, me tient à cœur
Je suis né dans cette rue, au n° 4. A l'époque, une sage-femme officiait à domicile, 

Alphonse Baudin, célèbre médecin et homme politique, est né à Nantua en 1811. Représentant du peuple à l'assemblée de 1849, il fut tué à Paris sur une barricade le 3 décembre 1851. 
Des ouvriers se moquèrent de lui et de ces représentants du peuple en disant : « Croyez-vous que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos vingt-cinq francs par jour ! » Baudin, un drapeau à la main, monté sur la barricade les regarda fixement et leur dit : « Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs ! »


19 octobre 2024

Ehpad 5 : Gérard (74 ans) et Georges (99 ans), maraîchers


Voici les vacances de la Toussaint et nous terminons notre série de témoignages de l'Ehpad Lasserre par ceux de Gérard (74 ans) et de Georges (99 ans).

Gérard parle de ses grands-parents qui « habitaient au 21 rue Hoche dans un pavillon... Mes grands-parents et mes arrière-grands-parents exerçaient comme profession, maraîchers. Derrière le pavillon qui existe toujours, il y avait un grand jardin qui permettait de cultiver des légumes, des fruits. Alors, toute cette production était, soit vendue au détail à des marchands de proximité, du genre petits épiciers qui vendaient quelques salades, quelques tomates, quelques fraises, un peu de cerises. Sinon, les grosses quantités étaient transportées dès le matin de bonne heure aux Halles à Paris, en calèche tirée par un cheval. L’entrée était gratuite, ils pouvaient y aller autant de fois qu’ils le voulaient. C’était vendu à des grossistes qui, après, revendaient à de petits commerçants...

Les jardins maraîchers sous l'eau en 1910. 

Les jardins maraîchers commençaient au terrain d’aviation où atterrissaient les hélicoptères. L’Héliport, c’était aussi des maraîchers. Une partie des terrains appartenait à mes grands-parents et mes arrière-grands-parents. Ça remontait vers l’église Saint-Etienne jusqu’à l’Hôpital Suisse. Il y avait une telle rotation qu’il y avait un petit funiculaire avec un rail qui remontait pratiquement de la Mairie à l’Hôpital Suisse. Tout ça remontait le matériel dont ils avaient besoin pour travailler (terreau, terre). C’étaient des maraîchers qui cultivaient comme les grands-parents… et qui s’entraidaient mutuellement. Un jour, ils allaient travailler chez l’un, un jour chez l’autre, les jours où il y avait un coup de bourre. Il y avait la Ferme aux Moulineaux avec ses élevages de veaux, moutons et vaches. Je me souviens que mes grands-parents allaient souvent chercher du lait pour avoir du lait frais. Il y avait des quantités de vignes, à cheval un petit peu sur une butte en plein soleil. Ça s’appelait Le Chemin des Vignes qui existe toujours.»


Georges évoque également ce quartier. 

« Il y avait encore des maraîchers vers le Bas-Meudon. Ça a disparu entre 1930 et la déclaration de la guerre en 1939. Hitler a pris le pouvoir en 1933. »
La maison des grands-parents de Gérard existe encore au 21 rue Hoche. Sa façade en briques claires donne directement sur la rue et l’on peut imaginer le jardin derrière.
 
Ces souvenirs d’Isséens que vous avez découverts au fil de ces semaines, ont été recueillis grâce à l’initiative de David Jacob, responsable de l’animation de l’EHPAD Lasserre et à l’historimienne Françoise qui les a retranscrits. Un grand merci à tous deux ainsi qu’aux deux témoins, Gérard et Georges qui nous font mieux connaître le passé de leur ville.

Texte : P. Maestracci

13 octobre 2024

Visite du quartier Val de Seine, octobre 2024

 La visite de ce quartier en bord de Seine n’est pas la première (http://www.historim.fr/2018/03/visite-des-bords-de-seine-par-tous-les.html)  mais permet de se rendre compte de son évolution. Le parcours suit une diagonale de l’esplanade du Foncet à la limite de Paris au nord. Nous étions une dizaine d'Historimiens en ce samedi matin 12 octobre 2024.

Esplanade du Foncet. Photo 1

Depuis le XIXe siècle, le quartier en bordure de Seine fut  occupé par des usines et des quais de déchargement. Le Foncet était d’ailleurs un bateau de navigation fluviale. 
Un aménagement fut décidé lors de la création en 2013 d’une Zone d’Aménagement Concerté. Le long du quai du Président Roosevelt et de la rue Rouget de Lisle, ont été construits l’Isséane ainsi que des immeubles résidentiels, des bureaux de grandes entreprises (CapgeminiOrange) ainsi que des services d’hôtellerie et de restauration comme les Halles Biltoki inaugurées en 2022. 
Les bureaux sont également nombreux rue Camille Desmoulins avec l’arrivée récente du groupe Canal + par exemple. Dans la rue Berryer se trouve l’École Française du Barreau, l’école des Avocats.
Á l’intersection du boulevard Gallieni, il y a d’un côté des bureaux, en particulier ceux de Bouygues Immobilier conçus par Christian de Portzamparc, et de l’autre d’anciennes installations électriques juste à la limite de Paris. 


Station Val de Seine du T2. Photo 2

Rue Bara, des maisons anciennes sont des logements de fonction pour le personnel d’EDF. Enfin près de la place du maréchal de Rochambeau, le siège social pour l’Europe de Microsoft  domine le paysage francilien. 

Texte et photographies : P. Maestracci 


Photo 1 :  Esplanade du Foncet  avec vue sur la zone sud de la ZAC aménagée par l’architecte Françoise Raynaud. Sur le quai, on aperçoit l’immeuble Capgemini ainsi qu’une tour de bureaux en cours de finition. . Esplanade du Foncet

Photo 2  :  Station Val de Seine du T2. Sur la droite, l’extrémité du siège social d’Orange, au centre, les Halles Biltoki devant la tour destinée à une société financière. À gauche, l’arrière des bureaux de Capgemini.

11 octobre 2024

Les deux ans de LANAE, association isséenne pour l'enfance

 LANAE (Association Nationale des Auditeurs d’Enfants), loi de 1901, regroupe des auditeurs d’enfants diplômés pouvant intervenir dans toute la France. LANAE a été créée le 13 octobre 2022 par cinq cofondatrices qui font partie de la 1ère promotion du Diplôme universitaire d’Auditeurs d’enfants délivré par l’Université Catholique de Lille-Issy-les-Moulineaux. L’association présidée par Séverine Millet, Isséenne, avocate au Barreau de Paris, est auditrice d’enfants et d’adolescents.
 La Charte nationale de déontologie des auditeurs d’enfants et d’adolescents diplômés a été signée le 2 juin 2023 ; tous les membres de l’association doivent en respecter les termes.

Un auditeur d’enfants et d’adolescents est un passeur de parole. Plus précisément, c’est un professionnel formé au recueil de la parole et qui est neutre, impartial, bienveillant et indépendant. Ce n’est ni un avocat, ni un médiateur, ni un psy… Il n’est là que pour l’enfant afin de l’aider à libérer sa parole, à faire part de ses opinions, de ses besoins et de ses ressentis, dans un cadre sécurisé et sécurisant.


L’auditeur d’enfants et d’adolescents peut intervenir sur délégation du Juge aux Affaires familiales mais dans un contexte extra-judiciaire (principalement lors de séparations ou divorces mais aussi, notamment, de harcèlement scolaire).
En effet, l’enfant a le droit d’exprimer librement son opinion et d’être entendu sur toutes les questions qui le concernent (article 12 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Article 388-1 du Code civil ainsi que les prescriptions du Comité des droits de l’enfant relatives à la mise en œuvre du droit des mineurs à être entendus.
 
L’association organise également des colloques. Elle a pour but également de sensibiliser au sujet, d’informer le public. Dans le cadre des Semaines isséennes des droits de l’enfant, un colloque fut organisé conjointement par le CLAVIM et LANAE à l’Espace Icare le 23 novembre 2023. Le thème porta sur « L’audition de la parole de l’enfant : pourquoi ? Comment ? par qui ? » 
La salle de conférences accueillait tout particulièrement des professionnels et des étudiants en Droit pour écouter tout d’abord les responsables politiques : M. André Santini, Maire et Ancien Ministre, M. Jacques Toubon, ancien Ministre et Défenseur des Droits, la députée Mme Claire Guichard. Ensuite, ce fut le tour des professionnels avec en particulier celui de  Mme Blandine Mallevaey, professeur de Droit, titulaire de la Chaire « Enfance et Famille », à l’origine du Diplôme Universitaire cité dans le premier paragraphe et membre d’honneur de LANAE, sans oublier Christophe Bellon. Les autres intervenants sont auditeurs d’enfants : médiatrice, magistrats, représentante de l’UNICEF, avocat, pédo-psychiatre, inspecteur d’Académie et éducateur spécialisé. Le colloque fut clos par Mrs Alain Lévy président du CLAVIM et Bruno Jarry,  directeur du  CLAVIM.

Maître Séverine Millet et P. Maestracci
Pour en savoir plus : contact@lanae.eu et  www.lanae.eu

6 octobre 2024

Ehpad 4 : Georges (99 ans) se souvient du cinéma du Parc

Encore, un nouveau témoignage, celui de Georges.
 
« Mon père, dans les années 1920, avait une entreprise de charpente-menuiserie au 16 (de l’avenue Victor Cresson) entre le bureau de poste et la Mairie [Hôtel de Ville]. Ma mère (avant son mariage)  habitait dans un pavillon au 7 de l’avenue de Verdun et maintenant Cresson. À côté (au 9) il y avait un grand verger sur lequel a été construite cette salle de cinéma. Ce cinéma s’appelait Casino du Parc, allez savoir pourquoi… ?

Le Tabac d’Issy existe toujours sous le nom de Comptoir d’Issy-Tabac de la Mairie, 2 avenue Victor Cresson. L’entreprise du père de Georges se trouvait un peu plus loin, au numéro 16.

« C’était une salle de cinéma qui avait été décorée à l’époque avec beaucoup de dorures. C’était une salle où il y avait 1 100 places. un lustre immense. Je ne sais plus combien il y avait de pampilles, c’était du faux cristal… En s’approchant de l’écran, il y avait une grande fosse où se tenait un orchestre qui contenait une quinzaine de musiciens… 

Il y avait la grande façade avec une entrée et des escaliers en pierre. Au milieu de cette entrée, il y avait ce qu’on appelait à l’époque une boîte à sel. C’était un bureau de caisse et de location. Mais dans la pratique, elle n’était pas utilisée. Ils avaient aménagé une autre caisse à côté de laquelle il y avait l’accès à la chaufferie ; à l’époque, c’était encore du charbon, bien sûr.
On a eu comme vedettes Ray Ventura et ses Collégiens, Raymond Legrand, Damien, Fréhel… toutes les grandes vedettes à l’exception de Tino Rossi. Il y avait des décors immenses… un qui représentait un château, un autre un grand étang.
Il y avait aussi des projections, des séances de cinéma qui duraient trois heures, trois heures et demie. À chaque séance, vous aviez en première partie les actualités de trois sortes, (celles) de Gaumont, Pathé et Éclair Journal… Un documentaire, la bande-annonce pour le spectacle de la semaine d’après et un premier film qui faisait 1 500 mètres de pellicule et qui durait une heure et demie. Ensuite, il y avait l’entracte de 15, 20 minutes et les ouvreuses qui passaient avec un grand panier : un peu de pâtisserie des esquimaux-chocolat glacé et puis des gâteaux… Après l’entracte, il y avait le grand film qui durait aussi une heure et demie… Les places étaient à cinq francs et il y avait des tarifs réduits pour les enfants. Je me rappelle qu’on a passé La Grande Illusion avec Pierre Fresnay, Quatre de l’Infanterie, film allemand… et aussi un film américain Ronald Colman. 
On est passé du cinéma muet au cinéma sonore qui n’a pas duré longtemps parce qu’il y a eu la transition entre le muet et le parlant… en deux ou trois ans. C’était évidemment en noir et blanc…
Les Allemands nous avaient obligé de fermer après les bombardements (dont celui) des usines Renault parce qu’ils ont eu peur… qu’il y ait une panique avec les bombardements.
Le cinéma a rouvert quand les autorisations ont été données. Il fallait aussi que le côté cinéma, les firmes, la chambre syndicale du Cinéma se réorganisent. C’était, il me semble en 1945. Il y avait des files d’attente… c’était une distraction après la période de disette. C’était la seule, à part les fêtes communales données à la Salle des Fêtes d’Issy-les-Moulineaux (actuel PACI – Charles Aznavour).»

Le Cinéma du Parc a été remplacé par un immeuble de bureaux, légèrement en retrait de la rue. Celui-ci fut un temps le Consulat de la République Populaire de Chine.

Merci à Georges qui é témoigné, à David Jacob, responsable plein d’idées de l’animation de l’EHPAD, à l’origine de ce projet d’écoute des résidents et merci à l’historimienne Françoise qui s’est chargée des transcriptions.

Texte : P. Maestracci

2 octobre 2024

Ehpad 3 : Jacqueline (93 ans) évoque Issy après 1945

Grâce à  David Jacob, responsable très motivé de l’animation de l’EHPAD, à l’origine de ce projet d’écoute des résidents et l’historimienne Françoise qui s’est chargée des transcriptions, voici un nouveau témoignage, celui de Jacqueline (93 ans) qui se rappelle fort bien de l’évolution d'Issy après 1945.

J’ai toujours continué à vivre à Issy-les-Moulineaux. Le domicile de mes parents, quand j’étais enfant, était à Corentin Celton. Après, en 1936, on est partis habiter sur l’avenue du Général de Gaulle, tout à fait en haut, vers l’église Saint-Etienne. Et puis je me suis installée chez moi derrière la Manufacture des Tabacs, rue des Tabacs.

La Manufacture a été créée en 1904 avant de fermer en 1978. Les locaux ont été réhabilités pour en faire des logements, des bureaux, une annexe de l’Espace Icare  et quelques commerces sur l’esplanade de la Manufacture.

J’ai vu la modernisation d’Issy, petit à petit. La montée de la Mairie d’Issy jusqu’à l’église, c’était des maisons en ruine étayées par des grandes perches en bois. C’était des cours sans lumière, un poste d’eau dans la cour. C’était vraiment presque des ruines. Petit à petit, ça a été démoli mais pas dans les premiers. Mon père avait travaillé un temps dans le bâtiment et ça l’intéressait toujours. Mes parents étaient partis en vacances et quand ils sont rentrés, tous les vieux bâtiments avaient été abattus parce qu’on a construit des HLM. (des ILN en cours de réhabilitation et de végétalisation des façades). 

En rentrant de travailler le soir, je voyais de gros camions avec des sortes de grosses boules qu’on lançait comme ça sur les murs qui s’effondraient parce que cela ne tenait plus debout…

Il y avait des immeubles qui avaient l’électricité, bien sûr, mais il y avait beaucoup de vieux immeubles qui n’étaient pas équipés au point de vue eau à l’étage ni électricité. La rue Lazare Carnot où habitaient mes parents n’était reconnue ni par Issy-les-Moulineaux ni par Clamart et il n’y avait pas d’écoulement d’eau dans les égouts. L’eau coulait encore dans la rue, dans les caniveaux.

Il y avait de beaux immeubles aussi : toute la rue Ernest Renan, c’était bien. Il y avait deux ou trois immeubles à la place du Monoprix (et du Centre administratif).


 Bâtiments en piteux état sur les Hauts d’Issy. 
               (Photographie ancienne sans date ni adresse, collection privée).
              
Même sur l’avenue du Général de Gaulle qui monte à la gare de Clamart, autrefois, c’était un peu la campagne avec des petits pavillons, des jardins, même des jardins ouvriers. Mais dans la plupart des endroits maintenant les petits pavillons ont été démolis et [remplacés par ] des immeubles de cinq à six étages.
J’ai vu vraiment Issy-les-Moulineaux changer petit à petit et surtout depuis que c’est Monsieur Santini (maire depuis 1980). Les changements ont été énormes. Maintenant, dès qu’il y a un coin de libre, il y a un petit parc avec des fleurs. C’est bien entretenu. C'est une bonne banlieue.

Texte et photos Pascale Maestracci

27 septembre 2024

La rue Charlot, décorée par des artistes de rue

L'avion, symbole de la ville.

La rue Charlot, dans le quartier Val de Seine/Les Arches, connaît aujourd'hui un changement de décor. Trois jeunes " artistes de rue ", anciennement tagueurs ou graffeurs des autoroutes ou autres wagons, choisis par la commune, ont pris possession des murs en béton soutenant le stade Gabriel Voisin.

Les livres, symboles de la culture.

Réalisées aux pinceaux (et non à la bombe !) leurs œuvres murales, trés figuratives, sont inspirées par plusieurs thèmes : un symbole de la ville (l'avion), la culture (des livres), la nature (fleurs et plantes) , le tout aux couleurs très vives, donnant de la gaieté à cette rue essentiellement piétonnière. À voir ...

Les fleurs, symboles de la nature.

Texte et photos : Denis Hussenot

23 septembre 2024

Les Journées du patrimoine 2024 d'Historim… en photos

© Denis Hussenot

 Le samedi 21 septembre, c'était la visite du Centre national des Archives de l'Eglise de France… un succès ! Le public était nombreux à découvrir ce lieu, installé à Issy-les-Moulineaux depuis cinquante ans.

© Denis Hussenot
Merci à Valentin, responsable des Archives, 
et à notre Historimien Denis.

Et le dimanche 22 septembre, la reine Margot est à l'affiche avec une conférence et un spectacle musical au Musée français de la carte à jouer....  140 personnes sont présentes.

La conférence débute avec une petite vidéo faite par Franck Ferrand, justifiant son absence ce jour-là. 




" Bonjour à tous. J'avais proposé à Patsy qui a longtemps dirigé la rédaction d'Historia, d'être des vôtres à Issy pour évoquer la reine Marguerite de Valois, mais hélas, au moment où vous regardez ce petit message, je suis au milieu de l'Atlantique sur  un grand navire…  J'ai un peu moins de scrupule à ne pas être là car celui qui va vous en parler, non seulement est un grand historien, connaisseur du XVIe siècle, mais en plus un homme d'une qualité extraordinaire ; c'est en plus un merveilleux ami.  C'est Didier Le Fur "



Place donc à Didier Le Fur (ci-dessous) qui, durant une heure, va nous raconter la vie de celle que l'on connaît, à Issy, sous le nom de reine Margot, qui vécut dans notre ville de 1606 à sa mort. 

Didier Le Fur au Musée français de la carte à jouer, le 22 septembre 2024. © M. Julien

Puis, ce fut au tour de nos trois artistes, habitués des Journées du patrimoine d'Historim, à savoir Pascale, Gérard et Aurélien (ci-dessous) à l'accordéon.

Spectacle musical. © M. Julien

C'est une autre facette de la reine Margot que l'on découvre là, une femme cultivée mais pleine d'excès. Belle, elle  cultive les amants ; dans sa propriété isséenne, le Petit Olympe, elle aime faire la fête, danse et mange… un peu trop ! Alors les chansons illustrent cette facette de la reine : "Déshabillez-moi",  "Brave Margot" ou "la Femme chocolat". 
Comme toujours, le public aussi nombreux dans la salle que sur les hauteurs, muni des refrains les plus connus, chante avec enthousiasme.

Bref ce fut une belle journée. Rendez-vous l'an prochain !          PCB

 Au Musée © M. Julien


18 septembre 2024

Journées du Patrimoine : la reine Margot en vedette !

 Comme tous les ans Historim s'investi dans les Journées du Patrimoine. Au programme cette année :

- Samedi 21 septembre - Visite des Archives de l’Eglise de France (exposition sur les 100 ans de la Fédération française de l’Eglise).
35 rue du Général-Leclerc ; horaire 10h-18h ; accès libre sans inscription préalable ; accompagné par notre Historimien Denis.
 

La reine Margot. © XDR

 - Dimanche 22 septembre
Rendez-vous cet après-midi au Musée français de la carte à jouer, 16 rue Auguste-Gervais, pour découvrir la reine Margot, personnage mythique de la ville d’Issy-les-Moulineaux qui s'installe dans la ville en 1606. 

-   15 h : conférence de l’historien Didier Le Fur, historien spécialiste des XVe et XVIe siècles.
-   16h15 : spectacle musical avec Pascale, Gérard et Aurélien, autour de Henri IV, de la reine Margot… et de ses excès : des fêtes, des amants, de bons repas  !

Venez nombreux… vous ne serez pas déçus. Entrée libre.
 

13 septembre 2024

Bohin, l'aiguilleur Isséen

En 1833, Benjamin Bohin crée l’entreprise éponyme.
Située aujourd’hui à Saint-Sulpice-sur-Risle dans le département de l’Orne, la marque vécut pendant cinq générations au service de la broderie et de la couture. Implantée durant ces années à Issy-les-Moulineaux, au 25 rue du Capitaine-Ferberl’usine fabrique aiguilles et épingles de sûreté. Son fondateur aimait dire : "Luttez conte le chômage, achetez français". 
Vingt-sept étapes sont nécessaires à la fabrication d’une aiguille à coudre.

Lors de l’exposition universelle de 1889, l’entreprise reçoit une médaille d’or pour la qualité de ses produits. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Bohin fait travailler 450 personnes, produit 400 millions d’aiguilles à l’année, soit 40 tonnes et trois milliards d’épingles.
Les ateliers de fabrication sont aujourd’hui visitables ainsi qu’un musée permettant de découvrir ou redécouvrir les diverses utilisations 
de l’aiguille, aujourd’hui et à travers les âges.

texte, photo : A.Bétry

9 septembre 2024

Ehpad 2 : Nazareth (94 ans) se souvient des années de guerre

Les souvenirs de résidents de l’EHPAD Lasserre (4 rue Séverine) ont été heureusement enregistrés. Ceux de Nazareth portent sur sa vie de jeune adulte pendant les bombardements alliés.

« Pendant la guerre, je demeurai à Issy-les-Moulineaux chez mes parents au 17 boulevard Rodin. J’ai vu les bombardements provoqués par les Américains sur l’île Seguin chez Renault. On voyait des escadrilles d’avions qui larguaient d’abord des lanternes qui éclairaient tout le ciel… pour les avions qui venaient après pour mieux cibler les bombardements. De chez moi, on voyait et on entendait le bruit des bombes [car] dans le logement où on était il y avait une terrasse et on voyait bien Boulogne-Billancourt. 


 Boulevard Gallieni et entrée du camp d’aviation

« Dans l’île Saint-Germain, ce qui est maintenant le parc Saint-Germain [il y avait] une caserne allemande.
En 1943, j’étais avec des copains. On était dans le parc Henri Barbusse. En début d’après-midi, on a vu les escadrilles d’avions rebombarder l’usine Renault en plein jour… [ce] 
qui a fait des morts, toujours dans l’île de Boulogne-Billancourt et évidemment sur Issy-les-Moulineaux dans l’île Saint-Germain. J’ai des connaissances qui ont été tuées à cette occasion, de même origine que moi, arménienne.


Transformateur électrique à l’angle de la rue Henry Farman et du boulevard Gallieni. © P. Maestracci.

« Le 3 septembre 1943, c’est mon 1er jour où je travaillais comme tourneur à la SNDAC (Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre). Ce jour-là, j’ai vu et entendu une escadrille qui arrivait en  forme de V. Ils ont déversé des bombes sur l’héliport d’une part et plus loin , une centrale électrique a été bombardée comme une partie de notre usine, du côté où on montait les avions. On faisait le montage des carlingues. Dans la zone  où je travaillais, rien ne s’est passé. Heureusement en face de mon usine, le long de l’héliport, ils avaient construit des abris souterrains. On s’est donc réfugiés là-dedans ; c’était enfumé comme tout et dans l’abri, ça a tremblé comme ça… J’avais mon chef d’atelier qui était sur moi, et sous moi il y avait une autre personne. On était tous entassés sur trois niveaux tout le long de l’abri souterrain. Heureusement, il n’y a pas eu de blessé. Une vraie chance. Honnêtement, je ne me souviens de rien en termes d’émotion, de réaction. Après, on est montés, on a vu toute cette fumée noire, ça sentait la poudre et il y a eu des dégâts. La centrale électrique surtout qui était sur Issy-les-Moulineaux à la limite  de Paris. »


Mes remerciements les plus chaleureux à Monsieur Nazareth 

 Texte : P. Maestracci

5 septembre 2024

Ehpad 1 : les témoignages de Bernard et de Gérard sur Issy

Historim débute cet automne une série de témoignages orchestrés par David Jacob, dynamique responsable de l’animation de l’EHPAD Lasserre (4 rue Séverine) , à l’origine de ce projet d’écoute des résidents, et par l’historimienne Françoise qui s’est chargée des transcriptions. Un grand merci à eux.  
Commençons avec Bernard (85 ans) et Gérard (74 ans)  qui nous font revivre Issy-les-Moulineaux au siècle passé.

 Bernard se souvient des Petits-Ménages :
«  Ma mère a été opérée aux Petits-Ménages en 1943. Le métro s’appelait les Petits-Ménages. L’ambiance, ne m’en parlez pas ! La salle Gérandeau faisait 50 mètres de long. D’un côté, il y avait des lits, de l’autre côté il y avait (aussi) des lits. On avait la place d’un lit, un rideau, la place d’un autre lit, la table de nuit etc. Comme ça, les patients étaient 25 ou 30 sur la longueur. 

         Rue Guynemer et les Petits-Ménages.

Je me rappelle que j’y allais avec ma grand-mère tous les jeudis, jour de repos à l’époque, avec mon frère et ma sœur. C’était plutôt une corvée à l’époque pour un gosse de 9 ans mais ma mère voulait nous voir. Maintenant, tout ça a sauté parce qu’ils ont tout refait maintenant. Je ne serais même pas capable de reconnaître les Petits-Ménages. Je ne suis pas retourné dans ces salles-là. » 


L’hospice des Petits-Ménages, créé sous le Second Empire, est devenu l’hôpital Corentin Celton en 1945 pour rendre hommage à un résistant. La station de métro a aussi changé de nom. Les bâtiments ont été démolis et reconstruits depuis deux décennies. L’entrée principale qui était rue Guynemer est désormais sur le parvis Corentin Celton proche du métro.


                                                Écoles Place Voltaire


Gérard se souvient de son école : 
« L’école Voltaire, j’y ai fait toute ma scolarité primaire et maternelle. C’était une école de garçons, pas encore mixte, sauf la maternelle. C’était à Corentin Celton ; elle donnait sur la place. Il y avait une grande cour et des bâtiments sur deux étages. L’école avait déménagé deux fois car, au tout début, les bâtiments n’avaient qu’un étage puis, pendant l’année, ils ont ajouté un étage. Il fallait que tous les jours on dégage les classes car il y avait de gros travaux de maçonnerie à peu près en 1955. Toutes les classes partaient à l’école La Fontaine (17 rue de l’Abbé Derry). On y allait à pied.


                                              Place Voltaire et l'ancienne mairie


Bernard évoque également les tramways : 
« Au début, il y avait le tramway comme partout. Il a été supprimé, remplacé par le métro. Sinon, il y avait les bus. Ils étaient folklo… il y avait des bus avec une impériale, c’est à dire qu’à l’arrière du bus, il y avait une sorte de plate-forme… cela permettait de voyager en plein air et d’arriver frais à destination. On rentrait par l’arrière puis on remontait le couloir central pour trouver une place à l’intérieur. »

 

Merci à  Bernard et Gérard pour leurs témoignages. 

Texte : P. Maestracci