Octobre 1908, nouveau défi pour l'aviation : 25 mètres de hauteur !

Louis Blériot. © XDR

Louis Blériot (1872-1936), cet aviateur bien connu du champ de manœuvre d'Issy-les-Moulineaux, tente, le jeudi 21 octobre 1908, de battre le record de hauteur : 25 mètres, dans le cadre d'un prix organisé par l'Aéro-Club de France ! Parti au matin depuis Issy, à bord de son tout dernier modèle d'aéroplane, le Blériot VIII, il se dirige vers la plaine de Beauce, au Champ perdu, où l'attend toute son équipe. Mais un ennui mécanique l'oblige à atterrir. Nouvel essai l'après-midi même… mais il n'atteint que 20 mètres de hauteur !

C'est un autre aviateur, un habitué, lui

Henri Farman. © XDR

 aussi, d'Issy-les-Moulineaux, Henri Farman (1874-1958) qui, à bord d'un biplan Voisin, se lance le défi. Le 31 octobre toujours en 1908, il réussit au camp de Châlons à voler au-dessus d'un pylône de 25 mètres de hauteur… il remporte ainsi le prix, soit 2500 francs en espèce. Henri Farman, souvenez-vous, fut le premier à avoir accompli un kilomètre en circuit fermé, le 13 janvier toujours en 1908… et toujours à Issy !

Pour en savoir plus sur l'aviation à Issy, retrouvez pas moins de 60 articles sur le site d'Historim. Et c'est loin d'être fini ! Bonne lecture. PCB

Les Aventurières du ciel - un livre au goût d'évasion

Profitons de ces quelques jours de vacances pour découvrir, ou redécouvrir, cet ouvrage de Katell Faria, écrivain et… parachutiste : "les vies de ces femmes étaient tellement extraordinaires, les personnalités si attachantes et si riches ! C’était facile de m’enthousiasmer pour elles", déclare-t-elle.

Son livre Les Aventurières du ciel, (Editions Points, 2021), met en valeur six aviatrices dans la période de l’entre deux-guerres, qui, d'une façon ou d'une autre, passèrent par Issy-les-Moulineaux.

Chaque chapitre commence par un exploit, ou un accident, avant de retracer le parcours le plus souvent difficile et parfois accidentel de chacune. 

La première mise à l’honneur est Adrienne Bolland (1895-1975), « L’enfant terrible » (ci-dessous). En 1921, elle est la première à traverser la Cordillère des Andes par le col le plus étroit et le plus périlleux. 

Adrienne  Bolland. © XDR

Dix ans auparavant, « à la fin de l’automne 1911, elle se présente à la célèbre maison d'aviation Caudron à Issy-les-Moulineaux " (p.28) et se forme à son école du Crotoy sur un Caudron G3, « albatros de sept mètres de long et de treize mètres d’envergure doté d’une énorme hélice en bois ». 

Ayant obtenu sa licence de pilote en 1920 (brevet féminin 12 bis… et non 13), elle vient plusieurs fois à Issy-les-Moulineaux pour convoyer des avions et rencontrer René Caudron. Elle rentre dans un réseau de Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et meurt à Paris en 1975.

Hélène Boucher (1908-1934), « La petite Jeanne d’Arc », bat plusieurs records de vitesse sur 1000 kilomètres avec une pointe à 444 km/h à bord d’un Caudron-Renault en août 1934. Son avion s’écrase à Guyancourt en novembre de la même année, elle a 26 ans.

Maryse Bastié (1898-1952), « L’aigle de France », rencontre René Caudron « dans l’atelier de construction d’Issy-les-Moulineaux (ci-dessous). Elle veut obtenir un petit Caudron C 109, petit monoplanen bois de type paravent car ses ailes surplombent l’avion et sont reliées au fuselage par des haubans ». Caudron lui prête l’avion qu’elle achète ensuite et qu’elle complète par un moteur Salmson de 40 CV. 

Les ateliers Caudron, à Issy-les-Moulineaux.
© Musée français de la carte à jouer.

Maryse Bastié, médaillée. © XDR

Ensuite l’industriel accepte de rajouter des réservoirs pour permettre à Maryse Bastié de battre le 2 septembre 1930 le record mondial de vol en 26 heures et 48 minutes. En 1936, elle traverse l’Atlantique sud entre le Sénégal et le Brésil sur un Caudron Simoun : 3 050 kilomètres en 12 heures et 5 minutes ! Elle bat dix records internationaux de distance et de durée. 

Pendant la guerre, elle fait partie du réseau Darius, ce qui lui vaut la Légion d’Honneur, la Croix de Guerre et la médaille de la Résistance (ci-contre). Elle périt lors d’un accident d’avion en 1952.



Bessie Coleman (1892-1926), « La lueur d’espoir », aviatrice étatsunienne noire, prend des cours à l’école de vol du Crotoy, dirigée par Caudron. Elle débute sur un biplan Nieuport 82 et obtient son brevet international en 1921, première de tous ses compatriotes…

Béryl Markham (1893-1926), « La lionne anglaise », et Maryse Hilsz (1901-1946), « La main de fer », sont également mises en valeur dans le livre.

Issy-les-Moulineaux borde le terrain d’aviation devenu Héliport de Paris-Général Valérie André, du nom de cette Isséenne, pilote d'hélicoptères et première femme général (au masculin, elle y tient !). 

Boulevard Gallieni et entrée du champ d'aviation. Coll. privée

Dès avant la Première Guerre mondiale, des usines de construction d’avion se sont installées tout autour du terrain d’aviation. Les entreprises Caudron et Nieuport avaient avant la Première guerre mondiale un hangar à l’ouest de la rue du Point-du-Jour (actuel boulevard Gallieni) leurs aéroplanes étaient stockés en face sur le terrain (ci-dessus). Caudron installa ensuite une usine rue Guynemer (numéros 52-72) dont il ne reste rien. Elle est remplacée par des bureaux.

Un grand merci à Caroline qui m’a permis de découvrir ce livre. Bonne lecture 

 P. Maestracci

PS. Et pourquoi ne pas suivre le parcours Aviation qui, à l'emplacement du terrain d'aviation initial, vous fait découvrir l'histoire de l'aviation à Issy-les-Moulineaux, en huit panneaux illustrés et commentés. Et cela, depuis septembre 2016 ! https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1w7458MJjR0h_g97h576PFwksc4U&hl=en_US&ll=48.8303576696236%2C2.272576850000023&z=16

Au royaume des chats d'Issy

Max, des Hauts d'Issy.

Vous avez peut-être vu ces derniers jours, dans les rues des Hauts d'Issy, des avis de recherche destinés à retrouver un certain Max (ci-contre), un mâle d'un an et demi, disparu depuis une petite semaine. Il est devenu une vedette, surtout lorsqu'il a été retrouvé loin de chez lui, dans le parking Auchan des Trois Moulins. 
Une personne a eu le très bon réflexe de l'emmener tout de suite chez le vétérinaire du quartier. Et, comme il était identifié, on retrouva immédiatement son maître. Et toute la famille fut réunie. 
Rappelons que l'identification d'un animal de compagnie, par puce ou par tatouage, est obligatoire… et bien utile ! La preuve pour Max. 

Mais deux autres chats sont devenus tout aussi célèbres… mais à une autre époque, au XVIIIe siècle, et pour d'autres raisons. Il s'agit de Brillant et de Général, les deux matous du roi Louis XV. Ce dernier venait fréquemment rendre visite à son précepteur le cardinal Fleury, dans "sa petite maison de campagne qu'il avait à Issy", comme le raconte Voltaire (http://www.historim.fr/2022/10/louis-xv-gouts-et-passions-dun-roi-de.html?m=1). 
D'ailleurs, cet amour des chats n'était pas nouveau puisque dès son plus jeune âge, Louis XV possédait une petite chatte.

Brillant, l'angora blanc aux yeux bleus, n'hésitait pas à monter sur la table du Conseil, lors des réunions du roi avec ses ministres. Il a même été peint par l'artiste Jean-Jacques Bachelier (ci-dessous). Quant au persan Général, nous n'avons aucune reproduction de lui, mais on dit que certains félins vivant au château de Versailles aujourd'hui pourraient être ses descendants ! Heureusement, de nos jours, il y a la photographie pour conserver l'image de nos compagnons à quatre pattes !

Brillant, le chat angora de Louis XV. © J.-J. Bachelier.

Alors, prenez bien soin de vos animaux de compagnie. Et quand vous en trouvez un perdu, direction immédiate chez le vétérinaire du quartier ! PCB

Parcours Belle Époque dans les rues d'Issy-les-Moulineaux

La Belle Époque, entre les dernières années du XIXe siècle et 1914, est un moment important de la commune. En 1893, elle devient Issy-les-Moulineaux rapprochant deux lieux distincts depuis le Moyen Âge. De plus, en raison des nombreuses destructions subies en 1870/71, il faut reconstruire. Cela est fait avec une grande diversité architecturale dans le style néo-classique ou Art nouveau inspiré par Hector Guimard. Ce parcours, que de nombreux Historimiens avaient redemandé, eut lieu samedi 14 octobre, en plein week-end consacré aux Journées Nationales de l'Architecture.

Façade du 31 rue Kléber.

Face à l’Hôtel de Ville de style classique qui date de 1895, deux immeubles sont construits un peu plus tard de part et d’autre de l’avenue Jean-Jaurès. L’un est l’œuvre de l’architecte Eugène Puijalon et l’autre celui d’Émile Delaire qui reçut, par ailleurs, de nombreuses commandes de la Mairie pour des bâtiments publics. 

Non loin de là au 31 de la rue Kléber, un immeuble en pierre de taille dispose d’une magnifique façade sculptée Art nouveau (ci-contre). Il y a même une illustration d’une fable de La Fontaine, Le renard et les raisins ! Tout au long des rues du Général-Leclerc et Ernest-Renan, on peut retrouver des immeubles construits par les architectes Delaire et Puijalon.

Angle des rues Ernest-Renan et Villa-Marguerite.

Le Séminaire de Paris qui a tant souffert lors de la Commune de Paris est reconstruit en pierre de taille dans le style classique comme la chapelle.

La Manufacture des Tabacs, qui date de 1904, a gardé son architecture industrielle après sa fermeture. Les bâtiments ont été aménagés en appartements et bureaux. Au centre, celui de la Direction est toujours précédé d’un beau portail encadré par les anciens pavillons des gardiens. 

Le parcours s’achève en face d’un immeuble en briques rouges et jaunes avec des balcons reposant sur des flèches métalliques aux 2e et 5e étages, hommage indirect à l’architecture haussmannienne. Il se trouve à l’angle des rues Ernest-Renan et Villa-Marguerite (ci-dessus). 

Texte et photographies : P. Maestracci

Domaine de la Reine Margot - de la Solitude à un hôtel 5 étoiles

Le 21 septembre 2023, par une belle fin d'après-midi, était inaugurée en grande pompe le Domaine de la Reine Margot, un hôtel 5 étoiles exploité par la marque MGallery du groupe Accor. Chambres luxueuses, spa, hammam et salle de fitness, restaurant gastronomique, jardins… un complexe hôtelier qui a su conserver le patrimoine de ce lieu historique, la Solitude, qui fut pendant des années la maison de retraite des prêtres du Séminaire Saint-Sulpice.

Le maire André Santini coupe le ruban donnant accès au Domaine,
en compagnie de Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor. © PCB

Après des mois de travaux, sous la direction de l'architecte Jean-Michel Wilmotte, le Domaine ouvre enfin ses portes, une belle occasion pour Historim de constater que les bâtiments historiques que nous avions eu la chance de visiter en compagnie du Supérieur du foyer de la Solitude, le Père Bonnet, décédé en début de cette année, ont été conservés. En bien !

La Reine Margot. ©XDR

Rappelons que dans ce Domaine de  la Reine Margot, la reine Marguerite de Valois,  l'épouse du futur Henri IV (ci-contre), plus connue sous le nom de "reine Margot", n'y vécut pas. Elle demeura, certes, à Issy de 1606 à 1615, date de son décès, mais dans une superbe propriété située à l'emplacement du Séminaire Saint-Sulpice, juste à côté de la Solitude. 

On va vous donner quelques exemples de transformation des bâtiments, à commencer par l'extérieur avec l'entrée de la chapelle (ci-dessous).

La chapelle de la Solitude, avant. © A. Bétry

La chapelle du Domaine de la Reine Margot, après. © PCB

Puis le bâtiment principal (ci-dessous).

Avant. © A. Bétry

Après. © PCB

Quant à l'intérieur de la chapelle, avec ses nombreuses sculptures et ses vitraux, tout a été conservé… devenant un confortable lounge bar (ci-dessous).

Avant. © A. Bétry

Après. © PCB

Les jardins (ci-dessous) ont été aménagés en verger et en potager pour que le chef gastronomique Jean-Philippe Perol puisse y trouver de bons produits pour satisfaire ses clients.

Le verger. © PCB

Le jardin potager. © PCB

Enfin, tout proche de l'entrée, on retrouve le souvenir des terribles combats de la Commune  qui, en 1871, détruisirent la plus grande partie des bâtiments du XVIIe siècle : la célèbre Notre-Dame des Bombes (ci-dessous).

Avant. © PCB

Après.© PCB

L'ouverture est prévue le 24 octobre… et vous pourrez alors profiter des bons petits plats du restaurant prénommé "le Marguerite 1606" ! PCB.

Le métro à la conquête d'Issy-les-Moulineaux

La ligne de métro 15 est en cours d’aménagement dans la commune. Deux stations y sont en construction, notamment celle de la gare Issy RER, située place Léon Blum, tandis que le prolongement de la ligne 12, toujours en cours de discussion, permettrait de rejoindre cette future ligne automatisée, elle-même en correspondance avec les lignes de bus 123, 190 et TUVIM. Mais revenons sur l'histoire de cette ligne 12, dont l'un des terminus actuels est Mairie d'Issy (ci-dessous).

La station Mairie d'Issy, de la ligne 12.

Pour l’Exposition universelle de Paris de 1900, on décide de construire un métro en s’inspirant de celui de Londres. La Compagnie du Métro Parisien (CMP) est créée avec le soutien de la Ville de Paris. Celle-ci finance le gros œuvre alors que la CMP fournit les rames pour les futures lignes. 

La première ligne, sous la rue de Rivoli (portion de l’actuelle ligne 1), est inaugurée en juillet 1900 : la rue a été éventrée pour construire un tunnel avant d’être rebouchée. D’autres lignes ouvrent par la suite. Les noms des stations gérées par la CMP sont en tôle. Le mobilier Art nouveau des stations est dessiné par Hector Guimard. Celui-ci est également l’architecte d’une maison isséenne, avenue du Général-de-Gaulle.

Une autre compagnie, la Nord-Sud est fondée en 1903 pour une ligne partant de la Porte de Versailles vers le nord de la capitale. Elle se heurte à de nombreuses difficultés : financement intégral sans aide de la Ville, ouvrages souterrains à contourner d’où la sinuosité du trajet, passage sous la Seine puis la butte Montmartre (station Abbesses à  30 mètres de profondeur, carrières de gypse etc.). 

Le premier tronçon est inauguré en 1910 entre la Porte-de-Versailles et Notre-Dame-de-Lorette avant que la ligne passe enfin sous Montmartre (ci-dessus), comme indiqué au dessus du tunnel au nord de la station Notre-Dame-des-Champs. A l'opposé, c'est la direction Montparnasse. La station Abbesses reste longtemps la plus profonde de Paris. 

Logo NS pour Nord-Sud.

Mais la Nord-Sud dont on peut voir le logo marron (ci-contre), en grande difficulté financière, est absorbée par la CMP en 1931.

En observant le mobilier de certaines stations de la ligne 12, on peut remarquer plusieurs caractéristiques : le nom de la station est écrit avec des carreaux de céramique blancs sur un fond bleu rectangulaire. 

Cadre marron.

Le cadre est en principe marron pour les stations sans correspondance, comme pour la station Notre-Dame-des-Champs (ci-contre). 

Et vert en cas de liaison avec d’autres lignes, comme on peut le voir à la station Porte-de-Versailles (ci-dessous), terminus jusqu'en 1934. Cette couleur signalait une correspondance avec les anciens tramways qui passaient par la rue Renan. De nos jours, il s’agit de lignes de tram et de bus.

Cadre vert.

 Chaque angle est orné d’un carreau avec les lettres NS pour Nord-Sud. Cela correspond au décor originel parfois restauré comme pour la station Volontaires (sauf pour les sièges) mais qui a souvent disparu lors de rénovations ultérieures. 

En 1934, la ligne 12 est prolongée au Sud avec deux stations : les Petits-Ménages (Corentin-Celton depuis 1945, place Voltaire, ci-dessous) et Mairie d’Issy. Quant à la CMP, elle devient la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens) le 21 mars 1948.                                             Texte de JM Maestracci, Photographies P. Maestracci

La Place Voltaire en 1907, avant l'arrivée du métro.

Pour en savoir plus avec Éliane et Didier http://www.historim.fr/2020/12/larrivee-du-metro-issy-en-1934.html

L'Arménie et Issy - une longue histoire

En 1923, des rescapés du génocide arménien de 1915, s'établissent à Issy pour y travailler dans les nombreuses usines isséennes, dont celle de Gévelot évoquée lors des récentes Journées du patrimoine. D'ailleurs pas moins de 12 articles sur le site d'Historim racontent cette histoire, donnant la parole à de nombreux témoins. 

Monument franco-arménien, rue de la Défense, Issy, 30 avril 2023. © A. Bétry

La communauté arménienne de plus de 3 000 membres est bien implantée à Issy, avec plusieurs associations, des écoles, un Monument franco-arménien où se déroule, tous les ans, un dépôt de gerbes en souvenir du génocide (ci-dessous). 

Rappelons qu'Issy-les-Moulineaux est jumelée avec la ville d'Etchmiadzine, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco : http://www.historim.fr/2012/12/etchmiadzine-larmenienne-patrimoine.html

Issy possède aussi deux églises arméniennes : l'église apostolique et l'église évangélique dans laquelle les Historimiens ont eu la chance d'être reçus par le pasteur Joël Mikaelian en décembre 2022 (ci-dessous).

L'église évangélique arménienne d'Issy. © PCB

C'est ce même pasteur qui a donné une interview sur Europe 1, il y a deux jours, pour montrer une nouvelle fois, à l'occasion des événements récents dans le Haut-Karabakh, la solidarité de la communauté arménienne de la ville d'Issy-les-Moulineaux. 120 000 Arméniens environ ont du quitté leur pays, le Haut-Karabakh, sous la menace de leur voisin, l'Azerbaïdjan (carte ci-contre) et se réfugier en Arménie. 

La demande est forte en nourriture, en produits de première nécessité et en médecins. 

Qu'aurait dit Joseph Kessel qui, en 1975, écrivait : "Je me souviens très bien que, même dans l'horreur de la Première Guerre mondiale, la tragédie arménienne de 1915 a soulevé en moi une profonde émotion. Le mot génocide n'avait pas encore cours à cette époque, mais j'ai senti alors tout ce qu'il a signifié plus tard" ? PCB 

Histoire de rue - La rue Lazare-Carnot

Profitez de ces belles journées estivales pour vous promener en ville et partir à la découverte de rues que vous ne connaissez peut-être pas.

La rue Lazare-Carnot, à Issy.

Petite rue tranquille des Hauts d’Issy, longue d’environ 200 mètres, la rue Lazare-Carnot (ci-contre) joint en pente douce la rue Jules-Guesde à la rue Georges-Marcel Burgun. Le nom de Lazare Carnot est donné à l’ex-rue du Puits pour rendre hommage à « l’organisateur de la Victoire », sous la Convention.

La rue est bordée de chaque côté par une alternance de maisons, plus ou moins grandes, et d’immeubles de 4 à 5 étages, le plus souvent (ci-dessous). La grande porte de l’immeuble ancien, au numéro 23, est peinte en vert vif et est surmontée de deux panneaux vitrés. 

Une maison, un immeuble du côté impair.

L’aménagement de la rue à sens unique a gardé la conception ancienne d’une rue sans trottoir et avec écoulement des eaux pluviales au milieu de la chaussée. Les zones piétonnières et les places de stationnement sont disposées en  quinconce.

Lazare Carnot
par François Boucher

Lazare Carnot (ci-contre), né en 1753 en Côte-d’Or, est mort en 1823 à Magdebourg en Allemagne. D’abord ingénieur militaire, il se lance dans la vie politique sous la Révolution. Député de l’Assemblée législative puis de la Convention, il vote la mort du roi Louis XVI et devient membre du Comité de salut public. A ce titre, il réorganise les armées françaises et inspecte les frontières menacées car la France est en guerre depuis 1792 contre une coalition (Autriche, Prusse, Royaume-Uni et Espagne) sans compter les conflits intérieurs (royalistes, Vendéens). Ainsi, le 22 vendémiaire an II (16 octobre 1793), à Wattignies (ci-dessous), l’armée commandée par Jourdan, secondé par Carnot, bat l’armée autrichienne qui assiégeait Maubeuge. La ville de Wattignies s’appelle maintenant Wattignies-la-Victoire !

Lazare Carnot à la bataille de Wattignies. in Henri Martin, Histoire de France illustrée

Après la chute de Robespierre en thermidor an II (juillet 1794), sa carrière politique subit des hauts et des bas. Ministre de la guerre sous le Consulat, il est hostile à l’Empire en 1804 et  prend sa retraite. Mais il revient se battre en 1814 : promu général de division, il est chargé de la défense d’Anvers. L’année suivante pendant les Cent-jours, il revient au gouvernement comme ministre de l’Intérieur. Après Waterloo, il s’exile à Varsovie puis en Allemagne à Magdebourg où il meurt en 1823. Ses restes entrent au Panthéon en 1889 pour le centenaire de la Révolution française. 

Mélange d'architecture, côté pair de la rue Lazare-Carnot.

Spécialiste de géométrie, Lazare Carnot devient deux fois membre de l’Institut pour en être radié deux fois :  en 1797, par les Thermidoriens et, en 1816, par Louis XVIII. Ces maisons individuelles (ci-dessus), situées du côté pair, à l'architecture contemporaine côtoyant des meulières de la Belle Époque, ne lui auraient certainement pas déplu !

Notons que Sadi Carnot, son petit-fils, président sous la IIIe République, est assassiné à Lyon, en 1894, par un anarchiste. Bonne promenade. Texte et photographies : P. Maestracci