Cette rue longue d’environ un kilomètre et orientée Sud-Ouest/Nord-Est se trouve dans le quartier Val de Seine. Elle relie les quais de la Seine à la rue Farman. Au XIXe siècle, elle butait sur la Zone et les Fortifications de Thiers, démolies après 1920.
L'immeuble Safran au premier plan, puis les bureaux d'Imedia et la tour Sequana. |
Elle rend hommage à Camille Desmoulins (2 mars 1760-5 avril 1794), journaliste et homme politique sous la Révolution. Le 12 juillet 1789, celui-ci monte sur une table devant le Café de Foy (57 à 60 galerie Montpensier) dans les jardins du Palais-Royal. Il harangue les spectateurs en annonçant le renvoi du ministre Necker et « le tocsin d’une Saint-Barthélemy des patriotes ». Chacun orne son chapeau d’une cocarde verte, en fait une feuille d’un arbre du jardin. Ce vert symbolisant l’espérance aurait pu devenir la couleur de la Révolution mais c’est aussi la couleur du comte d’Artois, frère détesté de Louis XVI (et futur Charles X). Le drapeau français n’en garde aucune trace.
Deux jours après cette harangue véhémente, c’est la prise de la Bastille. Camille Desmoulins, avocat de formation, entame une carrière de journaliste et pamphlétaire redouté avant d’être élu député de Paris sous la Convention. Il fait partie du groupe des Indulgents animé par Danton. Il écrit : « La liberté, c’est le bonheur, c’est la raison ». Sur ordre de Robespierre, Danton, Desmoulins et leurs amis sont guillotinés le 16 germinal, an II (5 avril 1794). Lucile Desmoulins est guillotinée huit jours après son mari !
La rue Camille Desmoulins longe la place La Fayette à l’intersection avec la rue Rouget de Lisle (auteur de La Marseillaise) mais, surtout, donne accès à des rues évoquant l’aviation (Farman, Caudron, Nieuport, etc.) en raison de la proximité de l’Héliport de Paris, avant de finir au croisement de la rue Bara (jeune garçon dont la légende fit un martyr, tué par les Vendéens en 1793).
Carte postale (col. particulière). Avant, la rue en direction des quais. |
Dans la rue elle-même, pavée comme ce fut longtemps l'usage, il y avait une usine produisant du goudron et une boyauderie ravitaillée par les abattoirs de Vaugirard et de la Villette. La banlieue avait alors pour « vocation d’accueillir » les activités dangereuses ou malodorantes, comme dans ce cas précis.
La transformation depuis quelques décennies en quartier tertiaire n’en est que plus spectaculaire, comme on peut le voir sur cette photo (ci-dessus) prise sous le même angle ! Les vieux immeubles sont remplacés par des immeubles de bureaux à gauche de la rue, et à droite par un hôtel cuivré aux formes arrondies (Novotel). Celui-ci est encadré dans la perspective par une tour d’habitation et des bureaux. Au premier plan, les arbres ombragent la place La Fayette. Photos et texte P. Maestracci.
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