J.-B. de Grécourt. © XDR |
Protégé du duc d’Estrées et du duc d’Aiguillon, c'est probablement dans cet entourage aristocratique qu’il apprit l’anecdote ou qu’il l’imagina… avec beaucoup d'humour ! Ce conte de 32 vers, en rimes alternées, évoque une anecdote entre une princesse qui a besoin de son mouchoir que le curé, venu la voir, a caché en s’asseyant.
Arrivée chez Madame la Princesse de Conty, Seconde douairière.
Près de Paris est un village
Issy nommé, gentil château
Une Dame de haut parage
En fait l’ornement le plus beau.
Un jour le bon curé s’avise
La Princesse de venir voir,
Qui comme bonne et bien apprise
Ordonne au Curé de s’asseoir.
Notre hômme, sans y prendre garde,
En s’inclinant se trouve assis
Dans un fauteuil, où par mégarde,
Son mouchoir Madame avait mis.
Bientôt il voit que quelque chose,
Comme un linge lui pendoit.
Avec son chapeau tient très close
La porte qui trop s’étendoit,
Puis d’une main escamotée,
Vite il referma de son mieux
La toille mal empaquetée
Dont la vue eut choqué les yeux.
La sienne était mal avisée
Car il crut que c’était le bout
De sa chemise extravasée.
Ce n’étoit point cela du tout.
Voici la Princesse pressée
Par le besoin de se moucher
Et la compagnie empressée
Le mouchoir partout à chercher.
Un page avoit vû la méprise.
Le Curé confus de cela
Retira d’avec sa chemise
Le prisonnier et s’en alla.
Louise-Élisabeth, par P. Gobert. |
La princesse de Conti dont il est question est Louise-Elisabeth (ci-contre) mariée à Louis-Armand, décédé en 1727. Elle réside au château d'Issy (ci-dessous), acheté par la famille en 1699. Elle le lègue à son fils en 1764. Cette propriété n’a pas résisté aux combats de la Commune. Il n’en reste que la Galerie d’histoire du Musée Français de la Carte à Jouer et un abreuvoir dans une propriété privée de la rue Marcellin-Berthelot.
Le château des Conti. Il ne reste du portail que la partie gauche. © XDR |
Cette édition, publiée en 1748 (Nouveaux contes de M. de Grécourt, Nouvelle édition, première partie.A Londres, M DCC XLVIII), sans privilège royal n’a probablement pas été réalisée à Londres mais dans une imprimerie clandestine, comme ce fut le cas pour des ouvrages polémiques ou libertins. Elle est de cinq ans postérieure au décès de l’auteur.
P.S. Un grand merci à Patrick L. qui a eu la gentillesse et le réflexe de faire connaître ce conte isséen.
P. Maestracci.
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