La bataille d'Issy se termine dans le sang… Le couvent des Oiseaux et le Séminaire tombent à leur tour aux mains des Versaillais. Communards et fédérés se replient sur la capitale pour une terrible semaine.
Premier témoignage sur la prise du couvent des Oiseaux, celui d'un journaliste.
Alphonse Peyrat (1812-1890)
Rédacteur au journal l'Avenir national, il raconte dans le n° du 20 mai 1871 les derniers jours de combat.
« Le 7 mai, Eudes [général de la Commune de Paris] fait venir encore des renforts de Paris. Une nouvelle fois, c’est un massacre. Rue de l’Église, les maisons sont systématiquement détruites. Dans la Grande-Rue, la prise de la barricade donne lieu à des corps à corps à la baïonnette. »
Au Séminaire puis au Couvent des Oiseaux, les combats sont terribles. Il enchaîne :
« Les communards avaient établi un de leurs postes dans le parc qui en dépendait, en bordure de l'ancien bourg. C'est dans le couvent lui-même que s'est déroulé un des derniers combats très meurtriers, livrés à Issy.
« La résistance acharnée des Parisiens [les communards] oblige à prendre chaque chambre l'une après l'autre, à briser les portes, à faire voler en éclats les cloisons... Après la prise définitive du couvent,… les morts et les mourants gisaient pêle-mêle et tout le parquet était inondé de sang. »
Parmi les occupants du couvent des Oiseaux et du Séminaire, sont présents plusieurs Turcos, dont Charles Carpentier. Né en Algérie en 1834, fleuriste, il appartenait à l'unité d'infanterie des tirailleurs indigènes, créée en 1841. Ils participèrent à toutes les campagnes de l'Empire, notamment en Crimée… d'où le surnom qu'on leur donna de Turcos. Au moment de la Commune, ils rejoignent les fédérés. Nommé sergent-chef à la mi-avril 1871, Charles Carpentier rejoint sa compagnie au couvent des Oiseaux le 29 avril. Blessé, il n'assistera pas à sa chute le 20 mai.
Bernard de Susbielle (1808-1893)
Général de division dans l'armée des Versaillais, Bernard de Susbielle - dont on n'a aucun portrait - participe à la guerre franco-prussienne de 1870 au cours de laquelle il est blessé. Remis de ses blessures, il prend part aux combats de 1871. Le Journal de marche de sa division relate la prise du village d'Issy par ses hommes .
« Le 12 mai, le 46e s'empare du couvent des Oiseaux à Issy, du Séminaire et de 3 barricades. 8 canons restaient entre nos mains ainsi que beaucoup de munitions et 60 prisonniers.
« Le 13 mai, les insurgés ont été tellement bousculés la veille à la prise du couvent des Oiseaux et du Séminaire qu'ils ont abandonné tout le village d'Issy… Nous occupons l'hospice des Petits Ménages, le lycée de Vanves…
Le château d'Issy, en ruines, en 1871. © XDR |
« Dès que les villages d'Issy et de Vanves furent à nous, les insurgés y firent pleuvoir une véritable grêle de gros projectiles. Aussi éprouvâmes-nous des pertes très sérieuses ; le 13 mai, un seul obus éclatant dans la grande rue d'Issy tua un de nos hommes et en blessa 22 ! »
C'en est fini des combats dans Issy après 41 jours de bombardements et de mitrailles. Le drapeau tricolore flotte sur le Fort (ci-dessus). Château d'Issy, couvent des Oiseaux, Séminaire sont aux mains des Versaillais. Il faudra des années pour tout reconstruire, tout en gardant trace de ces journées terribles. Victor Hugo, lui, n'a pas fini de les évoquer (prochain rendez-vous le 20 mai à 18h). PCB
Notre-Dame des bombes à la Solitude, près du Séminaire. © XDR |
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