Nous voici en cette fin avril dans le camp des Versaillais, aux côtés du polytechnicien Eugène Hennebert (1826-1896), officier supérieur de l'armée de Versailles. Il raconte :
« Dès l’ouverture du feu, le 25 avril, nos batteries [regroupées à Châtillon] endommagèrent notablement le fort d’Issy et le réduisirent momentanément au silence (ci-dessous)… Le lendemain, 26, nos bouches à feu maintinrent très heureusement leur supériorité, et le fort se vit littéralement écrasé sous nos projectiles. Malgré tout, nos adversaires faisaient rage. Montrouge et Vanves soutenaient vigoureusement Issy…
« Dans la nuit du 26 au 27, nos tranchées du côté de la Seine étant assez avancées pour ne plus permettre à l’ennemi de retours offensifs, on résolut de brusquer une attaque sur les Moulineaux… Des barricades, des maisons furent lestement enlevées et la majeure partie du village tomba vite en notre pouvoir. Le succès de cette brillante opération était pour nous d’une haute importance… du village des Moulineaux, nous pouvions facilement cheminer jusqu’au parc d’Issy, qui s’incline en contre-bas du fort, et échappe ainsi à ses vues.
« Les 27, 28 et 29 avril… nos projectiles pleuvaient sur le parc d’Issy qui devenait inhabitable. Les approches paraissant suffisamment avancées sur le parc, on résolut de tenter une action de vigueur dans la nuit du 29 au 30 avril…
« Une dépêche du général de Cissey (ci-contre), commandant le 2e corps, rend exactement compte de ce nouveau succès de nos armes. "Le 30 avril, 6 heures du matin. Opération bien réussie. Le cimetière, les tranchées, les carrières et le parc d’Issy ont été enlevés avec beaucoup d’élan… De notre côté, peu de morts, une vingtaine de blessés”
« Les insurgés, en très grand nombre, se sont précipitamment retirés, laissant de nombreux morts et des blessés ainsi qu’une centaine de prisonniers, huit pièces d’artillerie, beaucoup de munitions et huit chevaux.
« Nos batteries cessèrent alors de tirer… La nuit qui survint interrompit les négociations entamées, mais elle fut singulièrement mise à profit par les communeux qui l’employèrent à renforcer leurs défenses, à relever par des troupes fraîches la garnison du fort, à opérer des rechanges de matériel, à réoccuper solidement le château d’Issy. Malgré cette violation des lois de la guerre, leur drapeau parlementaire fut de nouveau hissé le lendemain, 1er mai, vers 10 h du matin… »
Le mois de mai débute avec des scènes de combat inimaginables. Le fort, le couvent des Oiseaux, le cimetière, l'église Saint-Étienne, le Séminaire… toutes les rues des villages d'Issy et des Moulineaux sont sous la mitraille. Les témoignages sont nombreux, d'un camp et de l'autre. A suivre. PCB.
Prochain rendez-vous 1er mai, 8 h.
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