3 juin 2020

Vin d'Issy - des hectolitres en plus

Le 25 février 2020, trois pieds de vigne ont été plantés par Yves Legrand, le célèbre propriétaire du Chemin des Vignes, et M. le Maire André Santini, portant les atours des membres de la confrérie Saint-Vincent (ci-dessous)… les débuts du doublement de la surface du vignoble isséen, qui devrait atteindre 600 mètres carrés environ. Pas de doute, nous aurons tous les ans un peu plus de ce bon petit vin blanc déjà primé à deux reprises.

M. le Maire André Santini et Yves Legrand, 20 février, 2020. © XDR
Ce vignoble, les Historimiens l’ont déjà visité en compagnie d'Yves Legrand ; nous en avons longuement parlé, nous avons assisté aux vendanges annuelles, nous avons été reçus par les membres de la confrérie Saint-Vincent.

Vignes et pressoir du Chemin de vignes.
© A. Bétry
Au VIe siècle, sous le règne du roi Childebert, Issy est couvert de vignes nécessaires aux moines de Saint-Germain. C’est d’ailleurs à cette époque-là que Childebert, toujours lui, rapporte d’Espagne les reliques de saint Vincent, martyrisé à Valence. Il fait construire une abbaye dans Paris, au milieu des vignobles, pour lui rendre hommage… et c’est ainsi que le saint devient le protecteur des vignerons, salué ainsi : « Bon saint Vincent, homme puissant,/Fais monter la sève au sarment », tous les 22 janvier, jour de sa fête ! Cette abbaye Sainte-Croix-Saint-Vincent deviendra plus tard l’abbaye Saint-Germain-des-Prés

Au XIVe siècle, on recense à Issy 28 vignobles sur une superficie de 55 hectares.
Vers 1510, on y introduit des plants de Bourgogne et d'Orléans et, quelques années plus tard, un certain Orlando de Suave (de son vrai nom Jacques Gohory - 1520-1576) n'hésite pas dans son livre Le devis sur la vigne, vin et vendanges, à déclarer que "les vins de Vanves et d'Issy égalent ceux de Beaune, du Bordelais, etc".

Au début du XIXe siècle, les documents cadastraux de l'époque impériale -1808-1812 - montrent la place encore importante que tient le vignoble isséen. La légende du plan ci-dessous indique (en chiffres gras cerclés) : 1. les terres labourables ; 2. les pâturages ; 3. les parcs et jardins ; 4. les vignes, situées au sud-ouest de la commune.


D’ailleurs un article paru dans le Journal des dames et des modes, un magazine recommandé par Napoléon lui même comme « guide de bon goût », fait la part belle aux vignes d’Issy.

On y trouve des articles de mode mais aussi des idées de promenade comme celle-ci qui mène de Paris à Fleury : « Quand je vais par Vaugirard, je puis passer à Issy ou à Clamart, prendre par champs ou par les vignes, ou bien suivre la route pavée ; le pavé est pour les jours de cabriolets et de calèches ; le chemin des vignes est pour les piétons et pour les moments de philosophie… » Alors philosophons avec Paul de Tarse qui, au 1er siècle, écrivait : « Qui le boit avec modération est le seul à savoir que le vin est excellent » ! Quant à Napoléon, on ne peut pas dire qu’il soit un fin œnologue : il apprécie le chambertin, mais coupé d’eau, tout comme le champagne qu’il boit servi avec autant d’eau !

Un menu de Noël de 1870, en pleine occupation prussienne de Paris, montre les difficultés d’approvisionnement de la population : du chameau, du kangourou, du chat… accompagnés, étonnamment, de vins prestigieux : Mouton Rothschild 1846, Romanée Conti 1858, mais… pas de vin d’Issy !
À boire avec modération. Gardez toujours à l'esprit les paroles de Paul de Tarse !



Une petite chose encore… savez-vous que la bouteille en verre, le bouchon et le tire-bouchon sont des inventions anglaises ; elles datent du XVIIIe siècle ! PCB



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