31 mars 2020

Henri Lacordaire… du Séminaire d'Issy à l'Académie française

Henri Lacordaire (1802-1861), tout à  la fois religieux, orateur hors pair, journaliste et homme politique français est considéré aujourd'hui comme le précurseur du catholicisme libéral.
Il passe sa jeunesse à Dijon, suivant des études de droit pour devenir avocat, comme son grand-père maternel. Il part à Paris, en 1822, pour effectuer un stage… sans grande conviction. C'est alors qu'il décide de devenir prêtre.

Henri Lacordaire. © XDR
Au Séminaire Saint-Sulpice d'Issy
Le 12 mai 1824, il entre au Séminaire d'issy, l'ancienne résidence de la reine Margot, où l'on forme les prêtres catholiques. Henri Lacordaire s'y plaît. Il écrira plus tard : "Un soir, j'étais à ma fenêtre et je regardais la lune dont les rayons tombaient doucement sur la maison : une seule étoile commençait à briller dans le ciel à une profondeur qui me paraissait incroyable. Je ne sais pourquoi, je vins à comparer la petitesse et la pauvreté de notre habitation à l'immensité de cette voûte…"
Il y passe les vacances d'été et toute l'année suivante, tranchant avec les autres séminaristes plus jeunes et moins dociles. Ce qui lui vaudra quelques remontrances… d'ailleurs il dira plus tard : "Ceux qui se souviennent de m'avoir observé au séminaire savent qu'ils ont eu plusieurs fois la tentation de me prendre pour un fou". Puis, il rejoint les Sulpiciens de Paris, en 1826.

Une vie bien remplie
En 1830, il soutient le journal l'Avenir, dont la devise est "Dieu et la liberté" : liberté de conscience, séparation de l'Église et de l'État, liberté de l'enseignement, liberté de la presse, liberté d'association…
En 1837, il commence les premières démarches pour rétablir l'Ordre des Prêcheurs, les dominicains, dont il prend l'habit en 1839.
Jusqu'à sa mort, il se consacre à l'éducation de la jeunesse, multiplie les conférences, les articles de presse et les discours.
Le 2 février 1860, il est élu à l'Académie française, au fauteuil 18, succédant à Alexis de Tocqueville. Il rejoint ainsi un autre écrivain Charles Auguste Sainte-Beuve, installé au fauteuil n°28 depuis le14 mars 1844.

Sainte-Beuve. © XDR

Un exemple pour Sainte-Beuve
L'expérience vécue par Henri Lacordaire au séminaire d'Issy inspire l'écrivain Sainte-Beuve (1804-1869) dans son ouvrage Volupté, paru en 1834. Ce dernier utilise les propos d'Henri dans une lettre à l'un de ses amis, évoquant ses émotions devant les jardins, les parterres, les allées du Séminaire d'Issy. Voici ce qu'en dit, Amaury, le héros de Volupté  : "… En entrant au séminaire, surtout à la campagne, on éprouve une grande paix… ce qu'éprouve l'âme est une sorte d'aimable enivrement, de frugalité et d'innocence…"

Henri Lacordaire meurt le 21 novembre 1861, à Sorèze dans le Tarn, où il sera inhumé. "Entre le passé où sont nos souvenirs et l'avenir où sont nos espérances, il y a le présent où sont nos devoirs", aimait-il dire.
PCB


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