Avec la paix, on assiste, comme on l'a vu, à une modification de l'urbanisme, un nouvel élan industriel, la transformation de l'aviation, l'apparition des Monuments aux morts. Et vient aussi le renouvellement du personnel politique à Issy.
Or la même année 1919 marque une coupure dans l’histoire des banlieues qui voit, à l’occasion des élections municipales, des partis de gauche accéder aux responsabilités politiques dans plusieurs communes de la banlieue parisienne, plus spécialement celles qui sont les plus imprégnées de traditions industrielles et ouvrières. Ce changement de personnel politique, au détriment des personnalités d’avant-guerre pour la plupart membres de professions libérales, accompagne la montée en puissance de nouvelles couches sociales.
L'élection de Justin Oudin comme maire
A Issy-les-Moulineaux, le maire qui est élu, dans des conditions en tous points comparables au schéma ci-dessus, est Justin Oudin, qui occupera ce poste pendant dix-huit années. Il succède à Léon-Victor Clément, resté en fonctions pendant toute la durée de la guerre, de 1911 à 1919, sans laisser d’autres souvenirs marquants.
Justin Oudin (1881-1950). |
A l’occasion de l’Affaire Dreyfus qui s’achève, il entre en politique et adhère à la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière) en 1905. Il est également militant syndical et, à la fin de la Première Guerre mondiale, reconstitue un syndicat des employés aux magasins du Louvre. Il y organise même une grève importante, qui lui vaut d’être licencié.
Peu après, en décembre 1919, il remporte les élections municipales d’Issy-les-Moulineaux, à la tête d’une liste émanant de la S.F.I.O, « Concentration des comités républicains, radicaux et socialistes indépendants ». L’année suivante il rejoint la S.F.I.C. (Section Française de l’Internationale Communiste) qui vient d’être créée au Congrès de Tours - et prendra le nom de Parti Communiste Français le 1er janvier 1922. Toutefois, comme il ne craint pas de s’opposer à la ligne du Parti, il en est exclu dès janvier 1923. Il adhère alors à une nouvelle formation, l’Union Socialiste Communiste, devenu le Parti Socialiste Communiste la même année 1923, qui prône l’unité des différents groupes et partis de Gauche.
Ce parcours fluctuant n’est pas sans provoquer de vives tensions au sein de la municipalité, dont profite l’opposition pour engager une violente campagne contre la majorité. La situation se dégrade tellement que le Conseil de Préfecture doit révoquer Justin Oudin et dissoudre le Conseil municipal le 26 février 1923. De nouvelles élections sont organisées les 22 et 29 avril ; Justin Oudin les remporte très facilement, à la tête d’une liste « communiste unitaire » qui ne compte presque plus aucun de ses anciens colistiers. Il n’est pourtant pas tout de suite nommé à nouveau maire : il est pour l’heure, tant que le conflit n’est pas réglé avec la Préfecture, remplacé par son adjoint Eugène Demarne. Celui-ci dans l’allocution qu’il prononce à l’ouverture de la séance du Conseil municipal du 4 mai 1923 lui exprime le soutien de toute l’assemblée : « Je déplore que les mesures prises contre notre Camarade Oudin le soient au détriment de notre Commune et à l’encontre du suffrage universel. Nous le considérons toujours notre maire moralement, certains aussi que de son côté il continuera avec nous l’exécution des grands projets qu’il avait préparés. […] Malgré toutes les difficultés qui nous seront créées par nos adversaires sournois agissant dans l’ombre, nous voulons […] par un travail méthodique transformer notre ville qui a tant souffert de l’incapacité bourgeoise »
Justin Oudin à son bureau. |
Justin Oudin (ci-dessus) ne retrouve son fauteuil de maire que le 16 octobre 1923. Il l’occupera jusqu’en 1935, réélu à la tête de listes d’ « union socialiste et communiste » aux élections municipales de mai 1925 et mai 1929. On peut lire, derrière son bureau de l’Hôtel de Ville, un panneau indiquant : « Soyez bref ! Vos minutes sont aussi précieuses que les nôtres » !
Se présentant aux élections cantonales de juin 1925 et juin 1929, il est élu dès le premier tour Conseiller général de la Seine (2e – puis 3e - circonscription du canton de Vanves).
Politiquement parlant, ce n’est pas un homme d’appareil et, à l’évidence, sa pensée ne se soucie pas d’orthodoxie ; elle peut même évoluer jusqu’à, aux dires de certains, le faire « tomber à droite » au cours des années 1930. C’est plutôt une forte personnalité animée par le besoin d’agir et un certain goût de l’autorité, qui ira grandissant. Dans l’exercice de ses fonctions, il se considère moins comme le président du Conseil municipal que comme le chef de la commune, responsable de son avenir. Il entend d’ailleurs y laisser une trace de son passage !
En janvier 1931, il est nommé (sous le « parrainage » du Docteur Tariel) Chevalier de la Légion d’honneur en récompense de son action en tant que « Magistrat municipal de haute valeur et très dévoué aux œuvres sociales. […] qui s’est efforcé d’apporter des innovations heureuses et de nombreuses améliorations au point de vue de la Voirie, de l’Hygiène, des Transports et de l’Éducation ». A la même époque, il est également Président de l’Union amicale des Maires du Département de la Seine.
Lui-même, dans le compte-rendu de mandat du Conseil municipal qu’il publie en 1935, détaille sa ligne de conduite : « Représentants des travailleurs, nous n’avons cessé d’apporter notre sollicitude aux œuvres d’éducation populaire, de travailler à l’amélioration des conditions d’existence des familles ouvrières, d’aider les déshérités de la vie, sans distinction d’opinion politique ou de classe sociale, […] luttant toujours pour le progrès et la justice ». Florian Goutagneux.
Se présentant aux élections cantonales de juin 1925 et juin 1929, il est élu dès le premier tour Conseiller général de la Seine (2e – puis 3e - circonscription du canton de Vanves).
Politiquement parlant, ce n’est pas un homme d’appareil et, à l’évidence, sa pensée ne se soucie pas d’orthodoxie ; elle peut même évoluer jusqu’à, aux dires de certains, le faire « tomber à droite » au cours des années 1930. C’est plutôt une forte personnalité animée par le besoin d’agir et un certain goût de l’autorité, qui ira grandissant. Dans l’exercice de ses fonctions, il se considère moins comme le président du Conseil municipal que comme le chef de la commune, responsable de son avenir. Il entend d’ailleurs y laisser une trace de son passage !
En janvier 1931, il est nommé (sous le « parrainage » du Docteur Tariel) Chevalier de la Légion d’honneur en récompense de son action en tant que « Magistrat municipal de haute valeur et très dévoué aux œuvres sociales. […] qui s’est efforcé d’apporter des innovations heureuses et de nombreuses améliorations au point de vue de la Voirie, de l’Hygiène, des Transports et de l’Éducation ». A la même époque, il est également Président de l’Union amicale des Maires du Département de la Seine.
Lui-même, dans le compte-rendu de mandat du Conseil municipal qu’il publie en 1935, détaille sa ligne de conduite : « Représentants des travailleurs, nous n’avons cessé d’apporter notre sollicitude aux œuvres d’éducation populaire, de travailler à l’amélioration des conditions d’existence des familles ouvrières, d’aider les déshérités de la vie, sans distinction d’opinion politique ou de classe sociale, […] luttant toujours pour le progrès et la justice ». Florian Goutagneux.
A suivre - Épisode 5, le 29 novembre, 18 h.
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