* Dans la catégorie "Premier amour", le 2e prix (à noter qu'il n'y en a pas dans toutes les catégories) revient à Jacques Jolivet pour son poème Dans le jardin d'Adèle.
A seize ans, fol est le sage!
A songé la bergère.
En voyant les amants
S'envoler dans les airs.
Victor Hugo. |
De Paris a Issy,
Qu'il est long le voyage
Quand on est amoureux!
Mais d'Issy à la Seine
Si brèves sont les heures
Que l'on partage à deux!
Comme dans un roman,
Le héros au grand coeur,
Le chevalier sans peur
Grimpe à la citadelle
Et délivre la Belle
qui tombe dans ses bras
Imaginez la scène!
Ne nous attardons pas.
Suivons les pas à pas.
Aussitôt, ils s'enfuient.
Ils dévalent la rue
Vers l'île Saint Germain
En fendant la cohue
Et la main dans la main.
La ville est bientôt loin.
Ils vont d'un pas léger
Au hasard des chemins,
Ils vont d'un pas léger
Où les porte le vent.
Parfois, il s'arrête
Et ramasse un caillou,
Cueille trois violettes
Qu'il lui offre à genoux.
D'autres fois, il s'enflamme,
Improvise des vers
Qu'aussitôt il déclame,
Convoquant l'univers,
Le ciel et les enfers,
Paris et Notre Dame.
Alors, elle l'entraîne
Vers la fête foraine.
Et la, ils déambulent
Au milieu de la foule,
En croquant des sucettes.
Ils regardent un athlète
Qui hèle les passants
Et soupèse ses poids .
En gonflant ses gros bras.
Une jeune bohémienne
Dit la bonne aventure.
Elle caresse une boule
Et prédit aux clampins
De glorieux lendemains.
Adèle Foucher. |
Il imite un bourgeois
Qui marche dignement
Avec sa montre en or
Et son ventre en avant.
Avisant deux mioches
Dont l'aîné tend la main,
Il fouille dans ses poches
Y puisant quelques sous.
-Tenez, c'est pour Gavroche!
Devant une guinguette
Ou tournent midinettes
Et julots en casquette.
Ils singent les danseurs.
Au détour d'un sentier ,
Ils jouent et se bousculent,
Chahutent, batifolent
Comme font les gamins
Au sortir de l'école.
Épuisé, on s'assoit,
On se calme et l'on rit
De tout de rien du tout,
On ne sait pas pourquoi.
Que le temps semble doux!
Délicatement, il
Pique une renoncule
Dans ses cheveux de jais
Qu'elle a longs et défaits.
Il voit dans ce profil,
Ces boucles qui ondulent
D'une madone le portrait.
Elle, attentive à lier
Des tiges et pétioles,
Elle tresse un collier
Que d'une audace folle
Elle noue à son cou.
Sentant un souffle d'air
Rêveuse, la bergère
dit à ses brebis:
- C'est, du côté d'Issy,
Deux enfants, deux amants
Qui passent dans le vent.
Un grand merci à Jacques pour cette évocation poétique de l'été 1819 dans la maison louée par les Foucher à Issy, pendant l'été 1819. Prochain rendez-vous poétique lundi 7 octobre, 18 h.
PCB
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