Retour sur un pionnier de l’aviation, qui a volé à deux occasions dans le ciel d’Issy-les-Moulineaux et participé ainsi à l’histoire de la ville. Il est mort un 6 juin.
Né en Ardèche, issu d’un milieu modeste, Aimé Grasset (1888-1924), titulaire du brevet, effectue son service militaire dans l’infanterie de 1909 à 1911. A l’issue, il s’engage dans l’aéronautique militaire naissante
Aimé Grasset. Photo MAE |
Grasset participe aux essais des nombreux appareils destinés à l’armée. Mais, sans doute sur les directives de son chef, il effectue souvent des essais dans des conditions très particulières, moteur à l’extrême ralenti, en essayant de voler face au vent à la façon des cerfs-volants !
Un pionnier du vol à voile
Comment peut-on faire voler un avion, assez lourd, sans l’aide du moteur ? Plus que le vent de face, c’est la magie du vol dit « en thermique », le pilote recherchant des colonnes d'air ascendant dues à l'échauffement du sol par le soleil. Du printemps à la fin de l'été, ces colonnes d'air chaud se trouvent généralement au dessus de zones à fort contraste thermique, comme les champs récemment moissonnés.
Grasset apprend donc à utiliser ces ascendances, souvent placées sous des nuages de type cumulus, bien repérables. Une fois à bonne hauteur, porté par le vent, le pilote part à la recherche d’une nouvelle ascendance.
Grasset en 1912. Photo MAE |
C’est ainsi que, le 7 juillet 1914, Grasset décolle de Buc sur un biplan Voisin et monte plein gaz jusqu’à 300 m, puis met son moteur au ralenti et prend le cap d’Issy-les-Moulineaux, situé à 12 km à vol d’oiseau. L’histoire ne dit pas combien de fois il est descendu et remonté, frôlant parfois l’atterrissage dans un champ puis remontant miraculeusement au dessus d’une étendue de blé brûlée par le soleil. Il réalise ainsi le premier voyage en vol thermique sur avion, de Buc à Issy-les-Moulineaux. Mais, en juillet 1914, la période n’est plus aux prouesses des aviateurs et la presse se fait peu l’écho de cet exploit. Cependant, le monde du vol à voile considère aujourd’hui Aimé Grasset comme un précurseur de cette pratique sportive.
Pilote durant la Grande Guerre, puis pilote commercial
Grasset et son mécanicien. Photo MAE |
Durant la guerre, il combattra d’abord dans le ciel de France avant de revenir à Issy-les-Moulineaux de février à avril 1915. Pilote d'essai aux usines Voisin, il sera chargé de mettre au point le fameux « avion-canon » (ci-dessous). Cela fait, il prendra part à la bataille de l'Artois de mai-juin 1915 en tant que chef de la première section d'avions-canon (SAC).
Le Voisin et son canon. cll. Lecou |
Puis il rejoindra en 1916 le front des Carpates aux côtés des aviateurs russes. Revenant en juin 1918 comme lieutenant, couvert des plus prestigieuses décorations
de la Russie impériale, il terminera la guerre comme chef de l’escadrille SPA3 du Groupe de chasse des Cigognes, titulaire de la Légion d’honneur (chevalier), de la médaille militaire et de la Croix de guerre avec palmes (ci-dessous).
de la Russie impériale, il terminera la guerre comme chef de l’escadrille SPA3 du Groupe de chasse des Cigognes, titulaire de la Légion d’honneur (chevalier), de la médaille militaire et de la Croix de guerre avec palmes (ci-dessous).
Le 6 juin 1924, aux commandes d'un Potez IX
Aimé Grasset quitte l’armée en 1921 et continuera à piloter dans le transport aérien commercial, alors en plein développement. Aimé Grasset disparaîtra tragiquement le 6 juin 1924 aux commandes de son avion Potez IX (ci-dessous) en République Tchèque alors qu’il assurait la liaison régulière entre Prague et Budapest. Son corps sera rapatrié en France pour être inhumé au Crotoy (Somme).
J. Primault
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