Lise est née à Issy-les-Moulineaux et y a quasiment toujours vécu. De sa petite enfance, rue Étienne Dolet, à sa vie d'adulte, en passant par les années de guerre, que de souvenirs ! D'ailleurs, à la fin de cet entretien, elle s'exclame :
« J’ai tout fait à Issy : naissance, mariage… »
Lise aujourd'hui. |
Son enfance
Les parents de Lise, Alexandre et Alexandrine, tenaient dans les années 1920 une épicerie-buvette située au 14 avenue Jean Jaurès (ci-dessous). Originaires du Loir-et-Cher, ils ont commencé à travailler à Paris : Alexandre comme garçon de café et Alexandrine comme vendeuse dans une crémerie, dans le XVIe arrondissement de la capitale.Avenue Jean Jaurès à Issy. Carte postale. (coll. particulière) |
Lise va à l’école Sainte-Clotilde, 6 rue Étienne Dolet. Cette rue était «mal pavée». L’un des bâtiments était une dépendance du château des Conti, demeure de l’inspecteur des chasses du prince au XVIIIe siècle. Il est remplacé par des logements sociaux. Lise poursuit ses études dans un pensionnat près de l’église Saint-Sulpice à Paris. Elle apprend ensuite le métier de coiffeuse et affirme que son but était de « faire quelque chose avec mes mains ».
Pendant la guerre
De 1939 à 1941, Lise se réfugie auprès de ses grands-parents dans le Loir-et-Cher. De retour dans la commune, elle évoque ses souvenirs sur l’occupant. Les Allemands occupaient le Séminaire (rue du Général Leclerc). « On avait très peur, ils étaient militaires ». Le bruit « du salut avec les bottes » la terrifiait. Un jour qu'elle se promenait avec sa grand-mère sur les Champs-Élysées, les soldats allemands remontaient l’avenue. Le bruit « des bottes sur le pavé » la fait encore frissonner. Une autre fois, Lise passait près de l’hôtel Lutetia à l’angle du boulevard Raspail et de la rue de Sèvres. Des soldats allemands qui en sortaient l’ont trouvée sur leur chemin car elle regardait tomber du ciel des ballons bleus, blancs et rouges. Un soldat lui donna un méchant coup de botte pour l’écarter de sa route.
Plaque au 26 av. Jean Jaurès. © A. Bétry |
Elle évoque le souvenir d’un camarade, Sylvain Guillaume (http://www.historim.fr/search?q=sylvain+guillaume ) dénoncé par un Français et fusillé par les troupes d’occupation pour fait de Résistance. Sylvain lui avait demandé quelque temps auparavant : « Tu prieras pour moi quand je serai au Ciel ». « Il était très gentil, merveilleux ». Une plaque commémorative à la mémoire de Sylvain Guillaume fut posée sur le mur à l’emplacement de la blanchisserie de sa mère, 26 avenue Jean Jaurès (ci-contre).
Le jeudi au lieu de pouvoir jouer, Lise devait coller des tickets de rationnement pour le beurre, le sucre, le café, le pain etc. sur de grandes feuilles que son père « emmenait à la mairie pour contrôle…J’en avais marre ! ». La vie quotidienne était difficile. « Ma mère était obligée de couper un chou vert en deux…c’était l’horreur ! Le pain, il était dur, il était jaune » « Mon père allait chercher des fruits place Hunebelle à Clamart ». En guise de charbon, « on brûlait des semelles de bois. C’était de la débrouille ! ».
Quand elle le pouvait, elle jouait dans la rue « tous ensemble à cache-cache, à la marelle »
En août 1944, de jeunes Isséens partirent en camion pour rejoindre la 2e DB de Leclerc mais ils furent fusillés dans le bois de Boulogne. Lise aida les adultes à ériger des barricades, en particulier avenue Jean Jaurès. On apportait « des pavés, des vieux fauteuils ».
Le jeudi au lieu de pouvoir jouer, Lise devait coller des tickets de rationnement pour le beurre, le sucre, le café, le pain etc. sur de grandes feuilles que son père « emmenait à la mairie pour contrôle…J’en avais marre ! ». La vie quotidienne était difficile. « Ma mère était obligée de couper un chou vert en deux…c’était l’horreur ! Le pain, il était dur, il était jaune » « Mon père allait chercher des fruits place Hunebelle à Clamart ». En guise de charbon, « on brûlait des semelles de bois. C’était de la débrouille ! ».
Quand elle le pouvait, elle jouait dans la rue « tous ensemble à cache-cache, à la marelle »
En août 1944, de jeunes Isséens partirent en camion pour rejoindre la 2e DB de Leclerc mais ils furent fusillés dans le bois de Boulogne. Lise aida les adultes à ériger des barricades, en particulier avenue Jean Jaurès. On apportait « des pavés, des vieux fauteuils ».
L'après-guerre
Devenue adulte, Lise travaille chez un coiffeur pour dames près des Champs-Elysées. Les semaines sont longues mais le travail lui plaît. Parmi ses clientes fortunées, il y avait des princesses, des artistes. Lise évoque Michèle Morgan « qui était très sympa, très distinguée, ne faisait pas de bruit ».
Grâce à sa cousine qui était femme de chambre, Lise rencontre la famille d’Ornano dont la maison était dans l’Indre, près de son berceau familial. Cette famille a été « très bien » pour sa cousine y compris le jour de son enterrement.
Elle se souvient des nombreuses usines de la commune : les entreprises d’aviation (Nieuport, Voisin) autour de l’Héliport mais aussi celles qui dégageaient de mauvaises odeurs. La pire à ce titre selon elle, était la Vanillerie rue Rouget de Lisle, près des Blanchisseries de Grenelle. « Elle sentait mauvais ! ». Quant à l’usine Ripolin toute proche, c’était « une infection quand il y avait du vent ».
Un autre souvenir, celui du maraîcher à l’emplacement de la résidence du Bois-Vert entre Séminaire et Centre Administratif Municipal.
Devenue adulte, Lise travaille chez un coiffeur pour dames près des Champs-Elysées. Les semaines sont longues mais le travail lui plaît. Parmi ses clientes fortunées, il y avait des princesses, des artistes. Lise évoque Michèle Morgan « qui était très sympa, très distinguée, ne faisait pas de bruit ».
Lise après la guerre. |
Elle se souvient des nombreuses usines de la commune : les entreprises d’aviation (Nieuport, Voisin) autour de l’Héliport mais aussi celles qui dégageaient de mauvaises odeurs. La pire à ce titre selon elle, était la Vanillerie rue Rouget de Lisle, près des Blanchisseries de Grenelle. « Elle sentait mauvais ! ». Quant à l’usine Ripolin toute proche, c’était « une infection quand il y avait du vent ».
Un autre souvenir, celui du maraîcher à l’emplacement de la résidence du Bois-Vert entre Séminaire et Centre Administratif Municipal.
Bénévolat
Lise devient secouriste à la Croix-Rouge car elle estime « il faut que j’apprenne à sauver les autres ». Dans cette optique, elle reçoit une initiation au camp militaire de Satory : en cas de bombardement atomique, il fallait « asperger d’eau les victimes »… se rappelle-t-elle.
Merci à Lise pour son témoignage ainsi qu’à Monique M. qui lui a parlé d’Historim.
P. Maestracci
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