Arrivé à Issy au tout début des années 1980, Patrick Meichel (1953- 2018), artiste, poète, "greeter", engagé dans la vie isséenne, nous a quittés beaucoup trop tôt. C'était il y a un an. Rendons-lui hommage.
Patrick dans son atelier. © XDR |
Le photographe. Né en Moselle, dessinateur-décorateur de formation, Patrick Meichel est avant tout un homme curieux, aussi bien de peinture, de musique (violon et piano), que de théâtre, avant de se fixer sur la photographie. A son retour d’un long séjour à Rome en 1974-1975, il expose ses premières photos à Paris en 1976, puis en province et en Italie. Fourmillant d’idées, débordant d’énergie, il mène de front d’autres activités, crée des décors de cinéma et télévision, travaille la photographie abstraite (lignes, formes et couleurs dans une série sur les reflets dans l’eau), expérimente le « chimigramme » qui permet de produire des images avec les matériaux de la peinture et de la photographie, édite des cartes postales et des posters, participe à un livre de contes pour enfants avec le photographe italien Fulvio Roiter.
Il collectionne déjà les récompenses, au prix Kodak de la critique internationale en 1984 (Mention d’honneur), au concours du livre photographique de la ville de Paris en 1985 (Deuxième prix), au salon de la photographie de Paris en 1985 (finaliste pour l’Oscar). En 1986, il organise une exposition personnelle à Paris avec les éditions Nouvelle Cité et participe au grand prix du jeune photographe européen à Munich.
Le sculpteur. En 1986, il découvre le monde de la sculpture et participe à sa première exposition en février 1987 au Salon Sud 92. Il enchaîne ensuite les expositions et les prix, dans un domaine où il va exceller durant trente ans, mêlant savamment le bois et les minéraux, qu’il s’agisse de pierres semi-précieuses, de marbre, mais aussi des cordes et du fer, voire du plexiglas.
Sa renommée s’étend peu à peu hors du département, à Paris d’abord (Salon d’automne en 1988), en province (Réalisation d’une sculpture monumentale pour la ville de Sarralbe en Moselle, ci-contre), puis à l’international (Unesco en 2003, Florence en 2004, Séoul en 2006). Il est également connu pour ses trophées (Prix de la ville d’Issy les Moulineaux en 1996, trophée Hymne à la viepour le Lyons Club de Lille). Travaillant également sur le verre, il réalise un vitrail pour le lycée Saint Nicolas en 2006.
Homme de contact, toujours tourné vers les autres, il s’investit aussi dans l’organisation de manifestations et rejoint le bureau de la Biennale Sud 92 de 1990 à 1996. Bien sûr, lors des week-ends « ateliers portes ouvertes » organisés par la ville, il ouvre son atelier aux Isséens. En décembre 2002, il crée l’association "D’un Art à l’Autre", dont l’objet est de réunir des artistes de toutes les disciplines et de tous les courants. Il monte des manifestations « mélangeant les arts », où il n’hésite d’ailleurs pas à mettre ses talents de clown au service d’une animation bon enfant.
Patrick Meichel © XDR |
Il écrivait : « Nous avions envie de créer un espace libre où chaque artiste qui le désire puisse rencontrer d'autres artistes, de toutes disciplines, sans avoir à prouver ce qu'il est, sans avoir à défendre ou à expliquer ses créations, simplement pour la richesse de l'échange ou du partage. Nous ne sommes pas là pour évaluer le talent de l'autre, mais pour l'accueillir afin qu'il puisse s'exprimer librement.
« C'est comme un espace musical où chacun joue sa note. Un mi ne peut pas être un sol, ni un ré. Chaque note est unique mais appartient à un ensemble. Elle apporte sa richesse puis meurt pour laisser place à la suivante, tout en portant encore en elle celle qui l'avait précédée. Et l'assemblage des notes peut se faire à l'infini.»
En 2006, sur son initiative, pendant trois mois, trois sculpteurs et quatre peintres vont à tour de rôle dans une école isséenne expliquer leur démarche à de jeunes adolescents et travailler avec eux. Ensuite, pendant trois semaines, une exposition commune à la Mairie permet aux artistes et aux élèves de présenter leurs œuvres.
« C'est comme un espace musical où chacun joue sa note. Un mi ne peut pas être un sol, ni un ré. Chaque note est unique mais appartient à un ensemble. Elle apporte sa richesse puis meurt pour laisser place à la suivante, tout en portant encore en elle celle qui l'avait précédée. Et l'assemblage des notes peut se faire à l'infini.»
En 2006, sur son initiative, pendant trois mois, trois sculpteurs et quatre peintres vont à tour de rôle dans une école isséenne expliquer leur démarche à de jeunes adolescents et travailler avec eux. Ensuite, pendant trois semaines, une exposition commune à la Mairie permet aux artistes et aux élèves de présenter leurs œuvres.
En 2015, il travaille avec le photographe Marcus Brandao, pour lequel il crée sept personnages en métal et laiton, mis en scène ensuite dans des lieux choisis (ci-dessous).
Le greeter. Prolongement logique d’une personnalité généreuse et ouverte aux autres, Patrick devient administrateur de la Maison du tourisme et rejoint également l’équipe Isséenne des "greeters" qui font découvrir notre ville « autrement », avec ses lieux méconnus et ses bonnes adresses.
© Marcus Brandao |
Le greeter. Prolongement logique d’une personnalité généreuse et ouverte aux autres, Patrick devient administrateur de la Maison du tourisme et rejoint également l’équipe Isséenne des "greeters" qui font découvrir notre ville « autrement », avec ses lieux méconnus et ses bonnes adresses.
Laissons-le en parler : « Ce qui m'intéresse dans ce projet, c'est que beaucoup de touristes viennent à Paris pour visiter des musées, de grandes expositions, etc., mais ils ne voient qu'une partie de la vie culturelle. Ce qui est génial avec les greeters, c'est qu'on leur montre la vie des quartiers, la culture au sens large, celle qui va nourrir les œuvres que l'on trouve au musée. En tant que greeter, je ne veux pas forcément leur faire connaître des choses. Mais surtout leur faire ressentir des émotions. J'essaie de leur donner l'impression qu'ils entrent dans une famille, dans une culture, et qu'ils y sont à l'aise.»
Patrick dans son "jardin aux sculptures", avenue du Général de Gaulle, dans les hauts d'Issy. © XDR |
Terminons sur un dernier mot de lui : « Nous ne faisons que nous inscrire dans un grand courant du monde d'aujourd'hui. Ce que nous vous souhaitons à tous, pour ces jours ensemble et ensuite, pour le travail de chacun, c'est que nous soyons toujours des cadeaux les uns pour les autres. – juin 2009 ».
Jacques Primault.
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