12 mars 2019

Le Musée de l'Air à… Issy-les-Moulineaux ?

Non, il n’y sera jamais implanté - Dommage ! Mais cela aurait pu arriver…
En effet, si la France dispose aujourd’hui, au Bourget, d’un Musée de l’Air et de l’Espace digne de ce nom, avec l’une des collections les plus riches du monde, il n’en n’a pas toujours été ainsi.

Le "dépôt" d'Issy - Icare n°47. © MAE
Le chemin a été long depuis la création du musée en 1919, logé dans un simple « Dépôt des collections de l’aéronautique » (ci-dessus) sur le terrain d’Issy-les-Moulineaux (déjà !), jusqu’à son installation au Bourget en 1975

Boulevard Victor. © Livret Musée de l'Air, 1937.

En 1921, les collections sont transférées dans un hangar à Chalais-Meudon puis réinstallées en 1936 au 28 boulevard Victor (ci-contre), à Paris (15e).


Puis,  les collections sont ramenées en 1946 à Chalais-Meudon, mais cette fois dans le fameux « hangar Y » (ci-dessous) dont la rénovation par le département vient d’être décidée. Elles y resteront jusqu'à la fin des années 1970.

Le hangar Y de Chalais-Meudon. © MAE.

Pourtant, dès les années 1950, les pouvoirs publics, le monde de l’aéronautique, les historiens et la presse spécialisée s’accordent à dire qu’il faut installer le Musée de l’Air dans un site approprié, dans la patrie de Clément Ader, de Blériot et de Farman, et de tant d’autres pionniers.
De 1955 à 1970, de nombreux sites sont donc étudiés : la gare d’Orsay, en 1955, l’aérogare Air France des Invalides, un ancien site militaire à Nanterre, le grand palais ou encore Orly. En 1958, Henry Potez, président de l’association des Amis du Musée de l’Air, lance l’idée auprès du délégué ministériel à l’Air, Joseph Roos, d’une implantation du musée à Issy-les-Moulineaux, à côté du terrain d’aviation, dans une zone libérée par l’armée de l’Air. 
Dans le même temps, le conservateur du musée, le colonel Rougevin-Baville, propose de récupérer le pavillon de la France (ci-dessous) de l’Exposition universelle de Bruxelles, qui doit fermer ses portes le 19 octobre 1958. 

Maquette du pavillon de la France. © XDR
Ce pavillon très original, conçu par Guillaume Gillet et René Sarger, avec l'aide de Jean Prouvé pour les façades, se présente comme une vaste halle de 12 000 m² dont la couverture a la forme d’ailes d'oiseau. Seule difficulté : le coût du démontage et du transfert : 800 millions de francs, sans compter certains renforcements nécessaires ! Le budget n’est finalement pas bouclé et le bâtiment est détruit.

Sur proposition du nouveau délégué ministériel à l’Air, Pierre Chatenet, le ministre de la Défense, Pierre Guillaumat, donne son accord en mars 1959 pour la construction d'un musée sur le terrain d'Issy-les-Moulineaux, tout en faisant également étudier un projet au Grand Palais. André Malraux, ministre de la Culture, y est favorable sous réserve que le lieu soit consacré à la locomotion en général, c’est-à-dire l’aviation, l’automobile et le chemin de fer. Cela ne convient pas aux aviateurs. Le projet isséen est à nouveau en pointe, même si le lieu envisagé n’est pas idéal, confiné entre le périphérique, le boulevard des maréchaux et la voie ferrée (siège de Safran aujourd’hui). 

Le lieu choisi à Issy. Coll. Pyperpote.
En 1961, le préfet de la Seine fait d’ailleurs savoir qu’il n’y est pas favorable arguant que cette zone est programmée pour un autre emploi. Un ancien site militaire à Nanterre, un moment envisagé, est finalement abandonné car réservé au ministère de l’Éducation nationale pour y implanter une université.

En mars 1964, le conseil municipal d'Issy-les-Moulineaux vote une motion pour que le musée soit construit sur le terrain d’aviation, mais au sud, le long du boulevard des frères Voisin. 
« Cette solution présente de réels avantages : la proximité de Paris et les facilités d'accès par métro et autobus, l’intérêt symbolique d'ériger le Musée de l'Air sur le premier terrain d'aviation au monde ». Contact est pris le 21 novembre par Bonaventure Leca, maire d'Issy-les-Moulineaux, auprès du président du conseil municipal de Paris, puisque le terrain appartient à la ville de Paris *. Sans succès.

Centrale électrique d'Issy. © XDR

En novembre 1964, il est aussi envisagé que l’ancienne l'usine électrique d’Issy (ci-contre), désaffectée, soit réaménagée mais l’idée est vite abandonnée en raison du coût des travaux et de la nécessité de fournir à EDF un terrain équivalent à proximité



En 1966, Pierre Mesmer, ministre de la Défense, soutient le projet d’Issy, alors baptisé « Palais de l’air et de l'Espace » et lance un concours d’architecture, auquel répond d’ailleurs Guillaume Gillet (ci-dessous), l’architecte du pavillon pour Bruxelles. 

Le projet de Guillaume Gillet, 1966. Perspective
depuis le pont Garigliano. © XDR
Mais un autre lauréat est sélectionné : il propose une construction originale en soucoupe (ci-dessous). Mais le projet de Palais de l'Air et de l'Espace ne verra pas le jour, une nouvelle fois en raison du coût. 

Le projet de 1966-67, en soucoupe. Coll. Pyperpote
Peu à peu, les recherches vont définitivement s’orienter vers le nord de Paris et aboutir à l’installation, en 1975, du Musée au Bourget. Jacques Primault


* La ville de Paris saisit l’occasion offerte par la future Exposition Universelle de 1889, et la conservation future de la Tour Eiffel, pour acquérir des terrains à Issy qu’elle échange ensuite avec l’armée, pour les manœuvres de ses cavaliers. Le 31 décembre 1891, les militaires s’installent sur la commune d’Issy-les-Moulineaux.

Références : Michel Liébert-association des Amis du Musée de l’Air ; revue Icare ; site Pyperpote : http://www.pyperpote.tonsite.biz/listinmae/



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