31 août 2018

Arsène Tchakarian, le dernier du Groupe Manouchian

Arsène Tchakarian. © A. Bétry

Le 4 août 2018, Arsène Tchakarian (ci-contre), le dernier survivant du Groupe Manouchian, est mort à l’âge de 101 ans. Inhumé au cimetière d’Ivry, il a rejoint ses amis fusillés le 21 février 1944. Revenons sur leur histoire.

Qui était donc Manouchian qui donna son nom au Groupe Missak Manouchian (1906-1944) fut le chef d’un groupe de résistants étrangers. Il se réfugia quelque temps chez son frère, 25 rue de la Défense - la fameuse rue de la Dé du  quartier arménien des Hauts d'Issy.

Missak Manouchian (photo en bas), né en 1906 dans l'Empire ottoman,  a profondément été marqué par son origine arménienne, d'autant plus qu'à l'âge de neuf ans il voit ses parents et une bonne partie de sa famille massacrés par les Turcs. Il est recueilli avec son frère dans un orphelinat, en Syrie, pays sous mandat français, ce qui le conduit tout naturellement en métropole en 1925. Cet ancrage identitaire se retrouve dans son engagement politique et culturel : il fonde deux revues littéraires et rejoint le Parti Communiste Français (PCF) en 1934. Cette convergence se fait sans difficulté, car le PCF offre alors, avec l'organisation syndicale la MOI (Main-d'Œuvre Immigrée), un vecteur d'intégration dans la société française. Il prend, après la débâcle, la direction de la section arménienne de la MOI. Mais il est surtout connu pour sa résistance militaire : en février 1943, il rejoint les FTP-MOI (Francs Tireurs Partisans) et, en août, en devient responsable militaire pour la région parisienne. Après des mois de filature, le groupe est démantelé, 23 membres sont arrêtés en novembre. Jugés en février 1944, ils sont condamnés à mort le 21 février 1944 et exécutés le jour même au Mont Valérien.

©Atlante Archives.

« L'Affiche rouge » (ci-dessus) est placardée à ce moment-là.  En diffusant cette affiche de propagande, les autorité allemandes espèrent déconsidérer les actions du Groupe Manouchian auprès de la population. Contrairement au but recherché, l'affiche provoquera un mouvement de sympathie dans la population et restera comme le symbole du combat des étrangers contre l'occupant.

« Je meurs en soldat régulier de l'armée française de libération » : tels sont quelques mots de la dernière lettre que Missak Manouchian adresse à sa femme, Mélinée, avant d'être exécuté, au Mont Valérien, le 21 février 1944. Une lettre qui inspirera, comme « l'Affiche rouge », le poème d'Aragon, immortalisé par Léo Ferré (ci-dessous).  

"…Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre…"

Missak Manouchian. © A. Bétry
Ce buste (ci-dessus), œuvre de l'Isséen Michel Adjar, installé place Groupe Manouchian, dans le quartier du Fort à Issy-les-Moulineaux, rend hommage à Missak Manouchian.

27 août 2018

Jean-René Pennarun, un gendarme isséen à la Libération, août 1944

Jean-René Pennarun (1914-1984).


Jean-René Pennarun (ci-contre) participe à la lutte contre l’occupant allemand. Il est né en 1914 à Kerfeunteun en Bretagne, une commune annexée aujourd'hui à Quimper. Jugé apte au service armé en 1934, il reçoit plusieurs affectations, en particulier à la Garde républicaine. Le 26 novembre 1940, il est nommé aux Forces de la Gendarmerie de Paris Sud-Ouest. Cette légion de la Gendarmerie de Paris devient la Première Légion de Gendarmerie.

Août 1944
Les Alliés, débarqués le 6 juin en Normandie, approchent de Paris. Le gendarme Jean-René Pennarun participe aux combats à Issy-les-Moulineaux, dont celui qui se déroule sur l’île Saint-Germain (ci-dessous). Cela lui vaut une demande de citation par son supérieur hiérarchique, le lieutenant-colonel Tart, commandant la subdivision Ouest :

« A fait preuve de courage et d’abnégation, en se portant courageusement au péril ce sa vie, à hauteur de barricades pour donner le coup de feu.
A pris également une part active pour l’épuration de la circonscription, notamment des Miliciens qui se cachaient dans les immeubles.
Le samedi 26 août 1944, s’est porté à l’attaque du campement militaire de l’Ile Saint-Germain où 700 soldats allemands opposaient résistance.
Par suite de la reddition a escorté les Officiers ennemis et assuré le service d’ordre pour éviter le pillage. 


Photographie prise du pont des Peupliers sur le petit-bras  :l’île Saint-Germain 
à gauche et des usines sur le quai.(actuel de la Bataille de Stalingrad).
Après-guerre
Jean-René Pennarun, devient gendarme de 1re classe en 1952 et prend sa retraite en 1962. Lors de l’attentat perpétué à la Salle des Fêtes quelque temps auparavant, deux de ses collègues policiers sont morts.
Il se retire alors à Issy-les-Moulineaux en étant « affecté dans les réserves de la Gendarmerie ». Pendant leur enfance, il emmena souvent ses deux filles se promener sur l’île Saint-Germain en empruntant le pont des Peupliers sur le petit bras de la Seine. Il y avait à l’époque une piscine dans le fleuve et un plongeoir. Ce pont a disparu lorsqu’il fut remplacé en amont par l’actuel pont d’Issy.
Décoré de la Médaille militaire, de la Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec l’inscription « France Libération », il décède à Paris en 1984. 
P. Maestracci

Merci à sa fille Monique qui a confié à Historim des documents familiaux pour rendre hommage à la mémoire de son père.

Pour en savoir plus sur la Libération d'Issy-es-Moulineaux, retrouvez le Journal de Jeanine Provôt :

22 août 2018

Abécédaire - V, comme Vigne

La Confrérie Saint-Vincent d'Issy-les-Moulineaux. © A. Bétry

V, comme Vigne


Nom commun ; vient du latin vinéa qui signifie vignoble ; traduction du latin vitis - d’où l’étymologie des mots viticulture, viticole


Issy et ses vignes ! C’est une longue histoire qui remonte… au VIe siècle, à l’époque où l’Eglise développe la culture des vignes pour obéir à la règle de saint Benoît. Le moine doit cultiver la vigne pour le vin de messe mais « ne pas en boire jusqu’à satiété ; car le vin fait apostasier même les sages ».
En 528, le roi Childebert donne aux moines de Saint-Germain-des-Prés un terroir viticole, qui s’étend d’Issy à Suresnes, en bordure de Seine, pour faciliter le transport du vin. Au XIVe siècle, leur domaine isséen compte 28 vignobles sur une superficie de plus de 50 hectares. Puis, au XIXe siècle, l’industrialisation de la ville, met à mal la culture de la vigne.
Dans les années 1970, le restaurateur Yves Legrand décide, aidé par les membres de la Confrérie Saint-Vincent, de replanter, dans son domaine du quartier de la Ferme, des vignes afin de faire revivre la tradition du chardonnay et du pinot gris.
Quinze siècles plus tard, le vin d’Issy a toujours bonne réputation, un petit vin blanc primé à deux reprises, vendangé tous les ans par les enfants des écoles ! N’hésitez pas à vous rendre Chemin des vignes, déguster quelques bons crus, en souvenir de ce poète du Moyen âge qui s’extasiait : "le territoire d'Issy produit un vin égal au nectar de Rhodes et au Falerne [un vin de Campanie apprécié depuis l'Antiquité] tant vanté par Horace". À boire toujours avec modération ! PCB


Bien d’autres mots ont leur place dans cet abécédaire qui, nous l’espérons, vous a diverti cet été : Arménien, Bière, Carte à jouer, Érosion, Incendie, Gendarme, Jeux olympiques, Lys, Robot, Vitrail … Mais la rentrée approche. Alors, place à l’actualité et aux incontournables rendez-vous de septembre : Forum des Associations et  Journées du Patrimoine !

15 août 2018

Abécédaire - T, comme Tourisme

La Maison du Tourisme d'Issy-les-Moulineaux. © A Bétry

T, comme Tourisme


Nom commun ; vient de l’anglais tourist qui, lui-même, vient du français tour.


Le « Grand Tour » désignait au XVIIe siècle le voyage que tout jeune homme de la haute société se devait de faire à travers l’Europe. Passait-il par Issy ? Nul ne le sait. Mais, aujourd’hui, le tourisme fait partie du quotidien de notre ville. Ce sont, en effet, plus de 16 000 visiteurs qui sont venus à Issy en 2017, en provenance d’Espagne, du Royaume-Uni, des États-Unis, de France… Les Isséens ne sont pas en reste, leur ville étant l’une des plus attrayantes du département.
Pas moins de 10 sites classés « Monuments historiques », tel le Séminaire Saint-Sulpice ou l’église Saint-Étienne ; le Musée français de la carte à jouer, unique en son genre en France ; et trois circuits numériques permettant de découvrir trois facettes de la cité : le Centre ville patrimonial ; le parcours Berceau de l’Aviation ; le parc de l’île Saint-Germain. Cet été, n’hésitez pas à pousser les portes de la Maison du tourisme, 62 rue du Général Leclerc (entrée sur la place) et partez sur les traces du roi Childebert, de la reine Margot, de l’aviateur Roland Garros,  de l’écrivain Victor Hugo, du peintre Henri Matisse, de tant d’autres encore… PCB

8 août 2018

Abécédaire d'Issy - S, comme Seine

"…On s'aime comme ça, la Seine et moi". © A. Bétry

S, comme Seine

Nom propre ; vient du latin Sequana,


Ce terme apparaît pour la première fois sous la plume de Jules César dans ses Commentaires de la guerre des Gaules, publiés vers 52-51 av. J.-C. Il désigne le fleuve de 776,6 km qui prend sa source sur le plateau de Langres (Côte d’Or), se jette dans la Manche entre Honfleur et Le Havre, et baigne la ville d’Issy-les-Moulineaux.
La Seine… ce sont de biens mauvais souvenirs d’inondations catastrophiques : 1910, 1950, 2018… De bien beaux tableaux signés Félix Ziem, Maximilien Luce ou François-Louis Français… Et des paroles chantées par Vanessa Paradis : « Je ne sais, ne sais, ne sais pas pourquoi/On s’aime comme ça, la Seine et moi ».
Mais ce sont aussi, pour les aoûtiens isséens, d’agréables promenades, à commencer par celle du parc Saint Germain et de ses jardins enchantés qui s’étirent entre le grand bras et le petit bras de la Seine, où sont amarrées des péniches. Cela rappelle l’époque où, avant la construction du pont de Billancourt, en 1863, la traversée de la Seine se faisait par le bac. D’ailleurs cette activité de passeur est longtemps restée aux mains de la même famille, les Contesenne. 
Et puis, surtout, c'est le tout nouveau parcours des rives de Seine, côté rive gauche, inauguré en mai 2018 : 4,2 kilomètres qui vous conduisent d’Issy à Sèvres, en passant par Meudon, dans un paysage verdoyant, calme et… rafraîchissant. Idéal pour les piétons, les cyclistes et même… les adeptes de la trottinette ! PCB

1 août 2018

Abécédaire d'Issy - P, comme Parc

P, comme Parc

Nom commun, vient du latin parricus, clôture ; le parc désignait au Moyen Âge une basse-cour ou un enclos pour les moutons - comme sur le talus Garibaldi !


Parc Henri Barbusse. © A. Bétry
Pour les Isséens et les touristes, nombreux en cette saison, Issy-les-Moulineaux  propose un grand nombre de parcs et jardins, certains agrémentés de rafraîchissantes pièces d'eau. 
Bien sûr, il y a le parc de l'île Saint Germain, bordé par la Seine, avec ses différents jardins, ses oiseaux et la Tour aux Figures de Dubuffet. Proche du Centre Ville, derrière le Grand Séminaire, s'ouvrent les portes du parc saint Jean-Paul II, un havre de paix avec sa petite pièce d'eau où barbotent les canards. Sous les hauts immeubles des Épinettes, le parc Rodin et son Bouddha vous dépaysent vers la Chine millénaire. Quant au parc Henri Barbusse et ses nombreuses sculptures, il mérite un petit rappel historique. Il fut inauguré le 5 juillet 1936 par le nouveau maire d'Issy-les-Moulineaux, le communiste Victor Cresson. Fidèle à ses convictions, il voulait offrir à la population ouvrière de la ville toutes sortes de facilités : ouverture d'une piscine municipale, d'un stade sportif et d'un parc municipal… qui, clin d'œil de l'histoire, faisait partie du parc de la demeure de la reine Margot, l'épouse d'Henri IV !
N'oublions pas non plus les nombreux jardins dispersés dans tous les quartiers, tel le square de Macerata et sa végétation méditerranéenne d'oliviers, de cyprès et de buissons de lavande. Et, pour rester dans l'actualité des manifestations "Japonismes 2018", faites un détour par le Fort pour découvrir  le jardin japonais d'Ichikawa : on y trouve les traditionnels graviers, l'eau, la tonnelle, les pierres et les lanternes. Un jardin qui appelle au repos et à la méditation… PCB