Robert et Serge fêtent 106 ans d'une vie bien remplie ! © Serge Rebondy |
Entretien avec Robert
Serge : Quel est votre héros dans le domaine sportif ?
Robert : Il est vieux (rires). C’était Blanchenet [un champion cycliste], il était parfait.
Serge : Quel est votre plus grand regret ?
Robert : [Rires] Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire…[Long silence]. Dans ma vie, une fois, je me suis mal comporté. Je marchais sans chaussure. Sur un trottoir, il y avait un porte-monnaie. Je l’ai pris et puis il y avait de l’argent.
Serge : Quel message voulez-vous adresser aux jeunes ?
Robert : C’est compliqué. Il faut être loyal, ne pas être menteur, respecter beaucoup les femmes qui depuis longtemps ne sont pas respectées.
Serge : Dans un an, nous célébrerons le centenaire de 1918. Que pensez-vous de cette guerre ?
Robert : Je voudrais que tous les Français aillent faire un pèlerinage dans la Somme, dans l’Aisne, voir les dégâts que fait une guerre.
Serge : Vous êtes né le 26 novembre 1911. Connaissez-vous votre heure de naissance ?
Robert : À 10 heures du matin. Je peux le prouver, j’ai un calendrier.
Serge : Robert, es-tu content de cette journée [d’anniversaire] ?
Robert : [Rires]. Si je n’étais pas content de ma journée, je serai difficile !
Robert Marchand, en d’autres occasions, raconte des anecdotes. En voici une sur Jules Ladoumègue, spécialiste du demi-fond, multiple recordman du monde : « Un type incroyable ! On l’a disqualifié à vie pour avoir touché 20 francs. Celui qui n’a pas vu courir Ladoumègue n’a rien vu ».
L'Ardéchoise, course mythique
Serge Rebondy raconte comment il a connu Robert Marchand. Ils se sont rencontrés il y a plus de vingt ans pour l’Ardéchoise. C’est une « course de masse pour cyclos », une balade dans l’Ardèche montée par Gérard Mistler. Ce professeur de français a toujours fait du vélo et a commencé avec quatre copains. Depuis vingt-cinq ans, l’Ardéchoise, commencée à 5, regroupa en 2016 16 000 coureurs sur une distance de 150 kilomètres.
Robert Marchand en est « la mascotte ». D’abord, il descendait dans sa 4L avec le vélo dans le coffre mais il ne peut plus conduire depuis qu’il a 100 ans. Il fait le parcours avec des enfants sur une trentaine de kilomètres, donne le départ chaque jour à 500 coureurs, remet les prix. Depuis son 100e anniversaire, un col à 911m. d’altitude, proche de Lalouvesc, porte son nom. Gérard Mistler, l’organisateur de cette course a demandé à l’Union Internationale du Cyclisme de créer une catégorie masters des plus de 100 ans, puis une autre des plus de 105 ans. Le double titulaire en est Robert Marchand mais la concurrence se profile à l’horizon !
Souvenirs
Robert Marchand était au Bourget en 1927 avec 100 000 spectateurs pour voir atterrir Lindbergh. Ce fut d’abord « une petite lumière rouge dans la nuit, puis des applaudissements ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était pompier à la caserne Château-Landon (Paris 10ème). Son commandant l’envoie à Drancy faire faire du sport à des jeunes gens. Mais « c’était que des fils à papa et de collabos ». Il refuse de les entraîner et revient à la caserne. Son refus lui valut un mois de prison ! Lorsqu’il battit son premier record à 101 ans en 2012, les pompiers de cette caserne ont souhaité lui offrir une médaille d’honneur qu’il a refusée avec virulence.
Robert Marchand au cours de son existence a exercé de nombreux métiers : marchand de légumes, de vin, d’armes au Vénézuéla dont il est parti précipitamment à bord d’un bateau pour Le Havre. Il est un fidèle lecteur du journal L’Humanité.
Toujours autonome, il fait ses courses et sa cuisine, a un solide coup de fourchette et est « en pleine forme » !
Serge Rebondy, transcription P. M.
Serge : Quel est votre héros dans le domaine sportif ?
Robert : Il est vieux (rires). C’était Blanchenet [un champion cycliste], il était parfait.
Serge : Quel est votre plus grand regret ?
Robert : [Rires] Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire…[Long silence]. Dans ma vie, une fois, je me suis mal comporté. Je marchais sans chaussure. Sur un trottoir, il y avait un porte-monnaie. Je l’ai pris et puis il y avait de l’argent.
Serge : Quel message voulez-vous adresser aux jeunes ?
Robert : C’est compliqué. Il faut être loyal, ne pas être menteur, respecter beaucoup les femmes qui depuis longtemps ne sont pas respectées.
Serge : Dans un an, nous célébrerons le centenaire de 1918. Que pensez-vous de cette guerre ?
Robert : Je voudrais que tous les Français aillent faire un pèlerinage dans la Somme, dans l’Aisne, voir les dégâts que fait une guerre.
Serge : Vous êtes né le 26 novembre 1911. Connaissez-vous votre heure de naissance ?
Robert : À 10 heures du matin. Je peux le prouver, j’ai un calendrier.
Serge : Robert, es-tu content de cette journée [d’anniversaire] ?
Robert : [Rires]. Si je n’étais pas content de ma journée, je serai difficile !
Robert Marchand, en d’autres occasions, raconte des anecdotes. En voici une sur Jules Ladoumègue, spécialiste du demi-fond, multiple recordman du monde : « Un type incroyable ! On l’a disqualifié à vie pour avoir touché 20 francs. Celui qui n’a pas vu courir Ladoumègue n’a rien vu ».
L'Ardéchoise, course mythique
Serge Rebondy raconte comment il a connu Robert Marchand. Ils se sont rencontrés il y a plus de vingt ans pour l’Ardéchoise. C’est une « course de masse pour cyclos », une balade dans l’Ardèche montée par Gérard Mistler. Ce professeur de français a toujours fait du vélo et a commencé avec quatre copains. Depuis vingt-cinq ans, l’Ardéchoise, commencée à 5, regroupa en 2016 16 000 coureurs sur une distance de 150 kilomètres.
Robert, à 105 ans sur son vélo, avec le mythique maillot de l'Ardéchoise. © XDR |
Souvenirs
Robert Marchand était au Bourget en 1927 avec 100 000 spectateurs pour voir atterrir Lindbergh. Ce fut d’abord « une petite lumière rouge dans la nuit, puis des applaudissements ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était pompier à la caserne Château-Landon (Paris 10ème). Son commandant l’envoie à Drancy faire faire du sport à des jeunes gens. Mais « c’était que des fils à papa et de collabos ». Il refuse de les entraîner et revient à la caserne. Son refus lui valut un mois de prison ! Lorsqu’il battit son premier record à 101 ans en 2012, les pompiers de cette caserne ont souhaité lui offrir une médaille d’honneur qu’il a refusée avec virulence.
Robert Marchand au cours de son existence a exercé de nombreux métiers : marchand de légumes, de vin, d’armes au Vénézuéla dont il est parti précipitamment à bord d’un bateau pour Le Havre. Il est un fidèle lecteur du journal L’Humanité.
Toujours autonome, il fait ses courses et sa cuisine, a un solide coup de fourchette et est « en pleine forme » !
Serge Rebondy, transcription P. M.
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