Les commerces
Pour aller faire les courses, nous n’allions pas loin. En remontant vers le pont, il y avait des épiceries : en premier, tout en bas de chez nous, l’épicerie Sandor, nom du propriétaire roumain, puis le Comptoir Français (aujourd’hui le restaurant « 0’30 ») , ensuite le grand Café-Tabac avec ces marches où tout le monde s’asseyait et où mon père allait chercher ses cigarettes. Il y avait des réunions de syndic, des réunions politiques, où M. Ducoloné, député, étant souvent là. Tout se passait bien.
Ensuite, il y avait une boucherie chevaline puis un coiffeur français (en face, un coiffeur algérien) puis une épicerie russe où çà sentait bon les épices et où, à chaque fois que l’on passait, le commerçant nous donnait des « gouttes salées à sucer croquer », sortes de graines de potiron séchées salées. En face, on trouvait une épicerie algérienne, puis enfin, sur la rue Timbaud, la belle demeure du magasin Barbier, marchand de bois en tout genre.
Entre les deux ponts, il y avait tous les commerces que Madame Pigout a cité dans son récit (à retrouver sur http://www.historim.fr/2012/06/ile-saint-germain-souvenirs-de.html). Entre autres, le beau marchand de légumes qui était devenu l’ami de tout le monde et que l’on appelait « Ouanesse » et, bien sûr, la boulangerie. Là, c’est ancré dans ma tête, la patronne, petite et un peu forte femme, rapide dans le comptage de l’argent avait un coeur en or. Elle nous donnait toujours un petit bonbon pour mon frère et moi, et nous étions heureux et pressés d’y retourner acheter du pain avec maman. Il y avait aussi la pharmacie, qui était très arrangeante avec les clients, au point de vue paiement.
La boucherie-épicerie. |
Il y avait aussi les marchands de couleur M. et Mme Denole très sympathiques, avec leurs gros bergers allemands, ces chiens étaient en liberté mais on n’avait pas peur.
Dans l’autre rue parallèle, la rue Pierre Poli, il n’y avait pas trop de commerces, mais en haut au coin, il y avait l’auto-école de M. et Mme Charles, où mon père, mes cousins et cousines (et moi même en 1977) ont appris à conduire. Dans cette rue, il y avait la sécurité sociale.
Plus tard à la Ferme rue Jean-Pierre Timbaud est arrivée une supérette Leclerc et la fin des petits commerces a commencé sur l’île.
La Sécurité sociale |
Par la suite dans les années 1965-70, tous ces provinciaux ayant travaillé dur avaient le désir d’habiter dans plus grand et plus confortable. Mes parents sont partis sur Gonesse, moi je suis restée j’ai repris l’appartement à mes parents. J’y étais très bien, très en confiance.
Dans les années 1960 sont arrivés des travailleurs maghrébins. Ils pouvaient loger à plusieurs dans un appartement de 20 m2 car ils étaient en célibataire et travaillaient en 3 x 8 chez Renault. Ils ne faisaient jamais de bruit, étaient polis, souriants. Par la suite, je leur remplissais leurs papiers administratifs, et évidemment j’avais en compensation du bon, très bon, couscous à manger. Ensuite, ils ont fait venir leurs femmes, très sympathiques aussi qui m’ont appris leur cuisine traditionnelle. Je continuais à remplir leurs papiers, à aider les mamans avec leurs enfants. Aux beaux jours, nous étions tous dans la cour à boire le thé à la menthe et à parler de nos différentes cultures,
Et puis un jour de 1978 est arrivé dans l’escalier en face de ma fenêtre, un jeune homme un peu typé, je me suis dit, tiens on dirait un Chinois… et cela fait 38 ans que Patrick est mon mari ! Nous avons vécu dans nos appartements dans l’île, jusqu’en 1991 où nous avons décidé d’acheter aux Épinettes.
Patrick Chin précise que son grand-père paternel, d’origine chinoise, est arrivé en France en 1916 avant de s’installer sur l’île en 1920.
Un grand merci pour ce témoignage.
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