Christiane. |
Nous avons déjà publié des articles sur l’île
Saint-Germain. Voici une nouvelle contribution, le témoignage de Christiane Chin (née
Clézardin), membre du bureau de la Confrérie Saint -Vincent et très investie
dans le fonctionnement de l’ALIM. Elle nous raconte ses années-bonheur sur l’île.
L'enfance
Je suis née le 2 juillet 1953 à Issy. Mes parents arrivent juste de province et logent dans l’Ile Saint-Germain, au (anciennement) 22 avenue du Bas-Meudon à Issy (renuméroté plus tard le 34). Cette partie habitée de l’ile est organisée autour de deux axes parallèles, l’avenue du Bas-Meudon au nord et la rue Pierre Poli au sud.
Mon père ttravaillait à l’usine chez Renault au régime des 3 x 8. Toutes les personnes travaillant chez Renault cherchaient à habiter à côté de l’usine Renault. Ma mère faisait des ménages sur Boulogne.
Nous habitions au 22 avenue du Bas-Meudon, un bel immeuble en briques (photo ci-contre). Nous entrions d’abord dans un « hall » que nous appelions le Grand Escalier. Dans cette partie de l’immeuble, il y avait des personnes de classe sociale un peu plus élevée que ceux qui habitaient dans la cour, leurs appartements étaient plus grands et donnaient sur rue. Ils ne nous parlaient pas !Ces personnes immigrées, installées au fond de la cour, étaient très agréables avec nous tous, toujours une friandise pour les enfants. A cette époque, tout le monde prenait le temps de s’asseoir sur une chaise ou sur les marches pour parler de la pluie et du beau temps pendant que nous, les enfants, nous nous amusions à jouer aux billes, à la marelle, garçons et filles ensemble, c’était le bonheur.
Le dimanche matin après la messe, pendant que nous étions dans la cour, les mères préparaient la cuisine, et ça sentait bon le poulet au four avec des oignons et pommes de terre. C’était le repas du dimanche midi, avec une bonne tarte aux pommes en dessert.
Notre appartement (comme tous ceux de la cour) n’était pas neuf. Il faisait 20 m2, soit deux pièces de 10 m2, la première pièce qui servait de cuisine-salon-salle à manger-séjour-salle de bain, etc.. et l’autre servait de chambre pour mes parents, mon frère et moi. Les wc étaient sur le palier. Pour la toilette, c’était la bassine, mon père nous amenant mon frère et moi deux fois par mois « aux bains-douches », rue Jean Pierre Timbaud, dans le quartier de la Ferme.
Il y avait une cave pour chaque appartement. Nous avions peur d’aller à la cave, il faisait sombre, et bien sûr dans ces caves, à chaque grosse pluie, il y avait de l’eau de la Seine. C’est pour cela que nos appartements étaient un peu humides.
Les métiers disparus
Les seules fois où les enfants avaient peur c’était lors de l’entrée dans notre cour, quatre fois par an, d’un homme avec des couteaux et ciseaux dans sa roulotte. Avec sa cloche, il criait "Rémouleur Rémouleur". Il n’y avait plus un gosse dans la cour. Le père Fouettard à côté c’était rien.
Un autre personnage disparu, que nos mères aimaient quand il venait, c’était le préposé aux allocations familiales qui amenait "des sous" à la maison. Il nous impressionnait car il portait un revolver dans son étui à la taille. Il devait venir tous les trois mois. Ma mère lui faisait toujours un bon café.
[A voir sur notre site, les aquarelles de Jean-Baptiste Merlino, sur tous ces métiers disparus : http://www.historim.fr/search?q=rémouleur]
Mon père ttravaillait à l’usine chez Renault au régime des 3 x 8. Toutes les personnes travaillant chez Renault cherchaient à habiter à côté de l’usine Renault. Ma mère faisait des ménages sur Boulogne.
Notre immeuble. |
Le dimanche matin après la messe, pendant que nous étions dans la cour, les mères préparaient la cuisine, et ça sentait bon le poulet au four avec des oignons et pommes de terre. C’était le repas du dimanche midi, avec une bonne tarte aux pommes en dessert.
Photo-souvenir. |
Il y avait une cave pour chaque appartement. Nous avions peur d’aller à la cave, il faisait sombre, et bien sûr dans ces caves, à chaque grosse pluie, il y avait de l’eau de la Seine. C’est pour cela que nos appartements étaient un peu humides.
Les métiers disparus
Les seules fois où les enfants avaient peur c’était lors de l’entrée dans notre cour, quatre fois par an, d’un homme avec des couteaux et ciseaux dans sa roulotte. Avec sa cloche, il criait "Rémouleur Rémouleur". Il n’y avait plus un gosse dans la cour. Le père Fouettard à côté c’était rien.
Un autre personnage disparu, que nos mères aimaient quand il venait, c’était le préposé aux allocations familiales qui amenait "des sous" à la maison. Il nous impressionnait car il portait un revolver dans son étui à la taille. Il devait venir tous les trois mois. Ma mère lui faisait toujours un bon café.
[A voir sur notre site, les aquarelles de Jean-Baptiste Merlino, sur tous ces métiers disparus : http://www.historim.fr/search?q=rémouleur]
Les passages sur le continent
Nous remontions jusqu’à la rue Jean-Pierre Timbaud, devant les militaires de la caserne (ci-dessous), et nous passions l’un des deux ponts, soit vers Boulogne soit vers Issy. La rue entre les deux ponts s’appelait alors la rue Jean-Pierre Timbaud, prolongeant la rue du même nom dans le quartier de la Ferme (le tronçon sur l’île a été rebaptisé boulevard des îles).
Notre seule promenade lointaine à pieds sur Issy était le parc Henri Barbusse. Il y avait bien sûr l’école Paul Bert. J’avais une copine fille de militaire et la maman venait me chercher pour que je puisse entrer et jouer dans la partie militaire de l’île. Autre occasion de passer la Seine, c’était pour aller à l’église Sainte-Lucie où toutes et tous avons fait notre baptême, la première communion, la communion solennelle, et… le mariage. A suivre le 2 avril 18 h…
Nous remontions jusqu’à la rue Jean-Pierre Timbaud, devant les militaires de la caserne (ci-dessous), et nous passions l’un des deux ponts, soit vers Boulogne soit vers Issy. La rue entre les deux ponts s’appelait alors la rue Jean-Pierre Timbaud, prolongeant la rue du même nom dans le quartier de la Ferme (le tronçon sur l’île a été rebaptisé boulevard des îles).
La caserne de l'île Saint-Germain, rue Jean-Pierre Timbaud. |