Voici le témoignage émouvant d'une Isséenne qui se souvient de sa jeunesse,
des jeux sur le terrain du champ de manœuvres, des usines, de son école Jules Ferry, des vieux commerces…
La rue du Capitaine Ferber en 1933
De ci de là, des champs incultes laissés à l’abandon. « Le coin bas d’Issy était laid » avec les usines aux alentours : Renault, SEV rue Guynemer, les Blanchisseries de Grenelle et Mazda rue Rouget de Lisle. La rue du Capitaine Ferber est située près du Champ de manœuvres où se sont déroulés les premiers essais de l’aviation : Santos-Dumont, Farman, le capitaine Ferber etc.
« Un Garage de France était construit à la place de l’immeuble du 88 donnant sur la place du Maréchal Juin autant que je me souvienne. Il y avait aussi un peu plus loin sur la droite un autre garage plus modeste. Je vois des champs incultes tout autour. »
Une construction importante y a vu le jour au numéro 17 : « La Cité des Anciens Combattants ». Les locataires pour y accéder devaient impérativement être « d’anciens poilus » de la guerre de 1914. Cette Résidence Ferber se compose de trois bâtiments disposés en U autour d’une cour. Ils ont six étages et leurs murs sont recouverts de briques jaunes et rouges. Cet ensemble pour l’époque offrait un confort très apprécié : chauffage central, eau chaude, baignoire etc, etc.
Derrière l’immeuble du fond, les enfants jouaient dans un jardin abandonné. Dans les années 1930, chaque famille laissait sur son paillasson une boîte à lait avec de l’argent sur le couvercle pour le pain et le lait. La monnaie était rendue le cas échéant par les commerçants qui gravissaient tous les étages pour satisfaire les commandes. De part et d’autre de la grande grille du portail, il y avait deux commerces : une boulangerie et une épicerie. D’autres commerces les ont remplacées de nos jours.
En 1933, nous pouvions profiter de moments de détente et aller « au Champ de manœuvres » pour organiser des jeux en famille (photo ci-dessus) : ballon, rondes etc. Des papas ingénieux avec des moyens très simples – pitons, ficelle – créaient des « cours de tennis ». Raquette à la main, nous devenions de « futurs champions ». C’était la joie que ces grandes réunions familiales au grand air. Les enfants de ces familles allaient à l’école Jules Ferry très proche.
« L’usine Bohin était sise au numéro 23, à l’angle de la rue Jean Bouin. L’usine Bohin dans l’Orne avait été délocalisée à Issy en 1930. Spécialisée dans la tréfilerie d’acier, elle fabriquait des aiguilles, des épingles avant d’élargir plus tard ses activités vers la fabrication du papier et la mercerie : dés à coudre, broderie, couture. Elle fut vendue en 1977.»
La rue Jean Bouin que nous nommions rue des Sitas vraisemblablement un garage de Sitas [camions pour ramassage des ordures] devait être construit tout au bout. « C’était la seule rue goudronnée et nous apprenions à faire du vélo et du patin à roulettes pour notre plus grand bonheur. Nos souvenirs d’enfance nous ramènent surtout aux jeux et aux plaisirs partagés avec des amis. »
En 1933, nous pouvions profiter de moments de détente et aller « au Champ de manœuvres » pour organiser des jeux en famille (photo ci-dessus) : ballon, rondes etc. Des papas ingénieux avec des moyens très simples – pitons, ficelle – créaient des « cours de tennis ». Raquette à la main, nous devenions de « futurs champions ». C’était la joie que ces grandes réunions familiales au grand air. Les enfants de ces familles allaient à l’école Jules Ferry très proche.
« L’usine Bohin était sise au numéro 23, à l’angle de la rue Jean Bouin. L’usine Bohin dans l’Orne avait été délocalisée à Issy en 1930. Spécialisée dans la tréfilerie d’acier, elle fabriquait des aiguilles, des épingles avant d’élargir plus tard ses activités vers la fabrication du papier et la mercerie : dés à coudre, broderie, couture. Elle fut vendue en 1977.»
La rue Jean Bouin que nous nommions rue des Sitas vraisemblablement un garage de Sitas [camions pour ramassage des ordures] devait être construit tout au bout. « C’était la seule rue goudronnée et nous apprenions à faire du vélo et du patin à roulettes pour notre plus grand bonheur. Nos souvenirs d’enfance nous ramènent surtout aux jeux et aux plaisirs partagés avec des amis. »
École Jules Ferry. © P. Maestracci. |
La rue Jules Ferry. Les classes de la maternelle Jules Ferry (photo ci-contre) étaient mixtes tandis que filles et garçons étaient séparés dans le primaire qui préparait au certificat d’études. Au premier plan à droite, se trouve l’école maternelle puis l’école primaire avec un bâtiment central et deux portes d’entrée donnant accès aux ailes latérales pour les filles et les garçons. L’ensemble de nos jours a été prolongé vers la rue Rouget de Lisle par des bâtiments contemporains et une grande cour.
Les élèves qui l’avaient réussi étaient admis à l’école Voltaire sise à Corentin Celton ; la place à ce moment portait le nom de Petits-Ménages. L’hospice du même nom accueillait des personnes âgées – aujourd’hui Hôpital Corentin Celton.« En face des écoles, il y avait des baraquements insalubres habités par des Arméniens fuyant les horreurs du génocide. Tous les enfants arméniens allaient à l’école en face évidemment. Les descendants de ces familles sont aujourd’hui pour le bien de tous, docteurs, pharmaciens, profs etc. Quelle belle leçon ! »
Le quartier de la Mairie
Face à la mairie se trouvaient de très vieilles maisons (actuellement le Centre Administratif Municipal et un supermarché). « Ces vieilles maisons étaient dépourvues de tout confort. Une habitante aurait à raconter… »
Au numéro 77 de la rue Renan (47 rue du Général Leclerc depuis l’après-guerre), la charcuterie Tanguy très réputée pour l’excellence de ses produits : jambons, rillettes, le tout fait maison. Une épicerie s’appelait « Les trois marches » en raison de celles qu’il fallait descendre pour accéder à la boutique (photo ci-dessous). Ce nom lui fut donné après le décès de Mme Lefèvre.
Au numéro 77 de la rue Renan (47 rue du Général Leclerc depuis l’après-guerre), la charcuterie Tanguy très réputée pour l’excellence de ses produits : jambons, rillettes, le tout fait maison. Une épicerie s’appelait « Les trois marches » en raison de celles qu’il fallait descendre pour accéder à la boutique (photo ci-dessous). Ce nom lui fut donné après le décès de Mme Lefèvre.
Aux Trois Marches. Collection personnelle. |
Le café après le porche du 77 s’appelait « Chez Paul » avec à l’arrière un accès vers la rue Prudent Jassedé donnant sur l’avenue Jean Jaurès menant à l’église Saint-Étienne. Cette rue existe toujours ; elle longe une fontaine et finit par un escalier.
Les jeunes Isséens
Le jeudi était jour de repos pour les enfants. Ils avaient la possibilité de se retrouver au sein d’un patronage laïc ou confessionnel. Le patio Saint-Thomas de Villeneuve (aujourd’hui Maison Repotel) était animé par une religieuse de Saint-Thomas de Villeneuve. La statue du saint est toujours en évidence près de l’église Saint-Étienne. Mère Saint Raymond , une religieuse très fine pédagogue, transmettait aux fillettes qui lui étaient confiées une formation très complète : catéchisme, gymnastique, danse classique, chorale, travaux manuels et cercles d’étude. Cela leur a beaucoup servi pour leur épanouissement. L’amitié règne encore très vivace auprès des membres qui aujourd’hui vivent encore. Nous profitions des promenades à travers les jardins (paraît-il ayant été créés par Le Nôtre) qui, maintenant, appartiennent à la Maison suisse de Retraite (Repotel) Une chapelle classée y est toujours présente.
Le patronage de garçons Notre-Dame Auxiliatrice des enfants, rue Jules Guesde, était animé par des prêtres de la Paroisse dont l’Abbé Legras. Il était aussi bien organisé. Les Amicales ont permis aux anciens et anciennes de se retrouver. Comme tout finit par une chanson, des couples issus de chaque patronage se sont formés, aimés et ont donné… des petits Isséens.
Les jeunes Isséens
Le jeudi était jour de repos pour les enfants. Ils avaient la possibilité de se retrouver au sein d’un patronage laïc ou confessionnel. Le patio Saint-Thomas de Villeneuve (aujourd’hui Maison Repotel) était animé par une religieuse de Saint-Thomas de Villeneuve. La statue du saint est toujours en évidence près de l’église Saint-Étienne. Mère Saint Raymond , une religieuse très fine pédagogue, transmettait aux fillettes qui lui étaient confiées une formation très complète : catéchisme, gymnastique, danse classique, chorale, travaux manuels et cercles d’étude. Cela leur a beaucoup servi pour leur épanouissement. L’amitié règne encore très vivace auprès des membres qui aujourd’hui vivent encore. Nous profitions des promenades à travers les jardins (paraît-il ayant été créés par Le Nôtre) qui, maintenant, appartiennent à la Maison suisse de Retraite (Repotel) Une chapelle classée y est toujours présente.
Le patronage de garçons Notre-Dame Auxiliatrice des enfants, rue Jules Guesde, était animé par des prêtres de la Paroisse dont l’Abbé Legras. Il était aussi bien organisé. Les Amicales ont permis aux anciens et anciennes de se retrouver. Comme tout finit par une chanson, des couples issus de chaque patronage se sont formés, aimés et ont donné… des petits Isséens.
1 commentaire:
Après la guerre, dans les années 1950, est-ce que ce patronage confessionnel existait encore ? Savez-vous quelque chose du patronage laïque ? Du scoutisme à Issy les Moulineaux ? J'écris un roman sur Issy. Merci de vos réponses.
Catherine Caillé fille du docteur Caillé qui exerçait rue Voisembert jusque dans les années 1960
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