Catherine Carreau-Postaire. |
Naissance de la boutique
En 1954, Caroline, la grand-mère de Catherine, choisit pour le nom de la boutique de combiner deux éléments : le mot AIR, inspiré par la compagnie Air Fance, et la fin de son prénom LINE. En effet, elle vendait des « valises Airfrance » qui étaient recouvertes de toile écossaise bleue avec des filets rouges et blancs évoquant les couleurs nationales. Ces valises de format imposé pour la cabine se fermaient grâce à une fermeture-éclair posée sur trois côtés.
Cette grand-mère avait eu une éducation soignée et avait même pratiqué le tennis dès l’âge de 15 ans. Son père était pilote d’essai chez Citröen. Caroline avait « une très grande personnalité et ressemblait à Michèle Morgan avec ses grands yeux bleus ». Toujours chic, elle tint la boutique jusqu’en 1968. À cette période, les collections étaient assez limitées : il y avait 3 ou 4 modèles de sac déclinés en trois couleurs seulement : noir, marron et bordeaux. La maison vendait également des gants et chapeaux assortis. Il était alors impensable de sortir sans gants et sans chapeau ni « en taille », c’est-à-dire sans veste ! Sa petite-fille se souvient que sa grand-mère l’accompagnait sur la place Vaillant-Couturier où se trouvait un manège à l’ancienne avec des chevaux de bois et une voiture bleue avec 4 volants factices pour les jeunes conducteurs. Ce manège était surnommé « à poux » bien que toutes les vérifications familiales de parasites au retour du manège se soient révélées négatives.
Les deux grands-pères de Catherine Carreau-Postaire travaillaient dans l’usine Boulanger (Christofle) : l’un, comme orfèvre tourneur sur argent, et l’autre comme cadre. Son père reprit la direction d’Air Line en 1968 alors que sa maman tenait une maroquinerie à Vitry.
Cette grand-mère avait eu une éducation soignée et avait même pratiqué le tennis dès l’âge de 15 ans. Son père était pilote d’essai chez Citröen. Caroline avait « une très grande personnalité et ressemblait à Michèle Morgan avec ses grands yeux bleus ». Toujours chic, elle tint la boutique jusqu’en 1968. À cette période, les collections étaient assez limitées : il y avait 3 ou 4 modèles de sac déclinés en trois couleurs seulement : noir, marron et bordeaux. La maison vendait également des gants et chapeaux assortis. Il était alors impensable de sortir sans gants et sans chapeau ni « en taille », c’est-à-dire sans veste ! Sa petite-fille se souvient que sa grand-mère l’accompagnait sur la place Vaillant-Couturier où se trouvait un manège à l’ancienne avec des chevaux de bois et une voiture bleue avec 4 volants factices pour les jeunes conducteurs. Ce manège était surnommé « à poux » bien que toutes les vérifications familiales de parasites au retour du manège se soient révélées négatives.
Les deux grands-pères de Catherine Carreau-Postaire travaillaient dans l’usine Boulanger (Christofle) : l’un, comme orfèvre tourneur sur argent, et l’autre comme cadre. Son père reprit la direction d’Air Line en 1968 alors que sa maman tenait une maroquinerie à Vitry.
La boutique en décembre 2015. |
L'enfance de Catherine
Catherine affirme avec humour qu’elle est née « entre deux sacs ». En tout cas il lui arrivait à l’âge d’un an de mâchouiller du cuir. Quand elle avait 7 ans, son père déclare imprudemment qu’« elle vendra quand elle fera un paquet-cadeau ». Elle releva le défi dès le lendemain ! À 8-9 ans, elle tient la caisse après la classe. Elle va à « l’école Caltex », proche de la station-service 37 bis rue du Général Leclerc, remplacée depuis par un cabinet d’audit. L’école, à l’emplacement de la résidence actuelle du Bois-Vert, était proche d’une grande bâtisse bourgeoise délabrée et environnée de hautes ronces (centre administratif et immeubles d’habitation de nos jours). L’école fut démolie en 1964/65. Catherine Carreau-Postaire fréquenta ensuite l’école de garçons Voltaire A devenue mixte pour l’occasion. « Ce fut l’enfer », car rien n’était prévu pour les filles. Au collège 27 rue Renan, une femme remarquable, peintre et professeure de dessin fit voter ses élèves pour choisir le nom de l’établissement ; Matisse l’emporta ! La mixité toute récente posa problème aussi au lycée Michelet (Vanves) où les toilettes des filles furent installées dehors dans l’urgence et où les cours de gym pour filles étaient un défi toujours relevé par le professeur.
Souvenirs, souvenirs
Catherine, qui aurait aimé être professeur de sciences naturelles ou d’espagnol, reprit en fait la succession de son père à la boutique. Elle devait remplacer une vendeuse quelques semaines mais ce fut définitif car elle « adore son métier » et apprécie « le contact avec les gens ». En outre, elle a toujours su choisir sa marchandise. « Pas un ratage ! » jusqu’au bout où elle a écoulé tout son stock lors de la cessation d’activité au premier trimestre 2016.
Quelques souvenirs d’une clientèle présidentielle. Air Line a fourni 110 portefeuilles pour les chefs d’État et de gouvernement reçus lors d’une grande conférence internationale par le président Mitterrand. Sous la présidence de Jacques Chirac, ce furent les parapluies de l’Élysée. Ces parapluies de golf noirs étaient fabriqués spécialement à la Sofrap, installée à Aurillac (Cantal), capitale française du parapluie. D’un diamètre de 75 centimètres, ils ont une canne-poignée utilisée par les huissiers pour protéger des intempéries les personnalités, président inclus.
Outre sa présence souriante et efficace dans sa boutique, Catherine Carreau-Postaire présida de 1997 à février 2003, l’AICR (Association des commerçants-Issy-Corentin-Renan). « Ce fut beaucoup de travail mais une période très agréable ». C’est une figure marquante du quartier Corentin Celton qui passe la main après trois générations au service de l’élégance isséenne. Pour autant, elle saura trouver de nouvelles occupations tout autant au service de l’esthétique et de la joie de vivre. Texte et photos P. Maestracci
Catherine affirme avec humour qu’elle est née « entre deux sacs ». En tout cas il lui arrivait à l’âge d’un an de mâchouiller du cuir. Quand elle avait 7 ans, son père déclare imprudemment qu’« elle vendra quand elle fera un paquet-cadeau ». Elle releva le défi dès le lendemain ! À 8-9 ans, elle tient la caisse après la classe. Elle va à « l’école Caltex », proche de la station-service 37 bis rue du Général Leclerc, remplacée depuis par un cabinet d’audit. L’école, à l’emplacement de la résidence actuelle du Bois-Vert, était proche d’une grande bâtisse bourgeoise délabrée et environnée de hautes ronces (centre administratif et immeubles d’habitation de nos jours). L’école fut démolie en 1964/65. Catherine Carreau-Postaire fréquenta ensuite l’école de garçons Voltaire A devenue mixte pour l’occasion. « Ce fut l’enfer », car rien n’était prévu pour les filles. Au collège 27 rue Renan, une femme remarquable, peintre et professeure de dessin fit voter ses élèves pour choisir le nom de l’établissement ; Matisse l’emporta ! La mixité toute récente posa problème aussi au lycée Michelet (Vanves) où les toilettes des filles furent installées dehors dans l’urgence et où les cours de gym pour filles étaient un défi toujours relevé par le professeur.
Souvenirs, souvenirs
Catherine, qui aurait aimé être professeur de sciences naturelles ou d’espagnol, reprit en fait la succession de son père à la boutique. Elle devait remplacer une vendeuse quelques semaines mais ce fut définitif car elle « adore son métier » et apprécie « le contact avec les gens ». En outre, elle a toujours su choisir sa marchandise. « Pas un ratage ! » jusqu’au bout où elle a écoulé tout son stock lors de la cessation d’activité au premier trimestre 2016.
Quelques souvenirs d’une clientèle présidentielle. Air Line a fourni 110 portefeuilles pour les chefs d’État et de gouvernement reçus lors d’une grande conférence internationale par le président Mitterrand. Sous la présidence de Jacques Chirac, ce furent les parapluies de l’Élysée. Ces parapluies de golf noirs étaient fabriqués spécialement à la Sofrap, installée à Aurillac (Cantal), capitale française du parapluie. D’un diamètre de 75 centimètres, ils ont une canne-poignée utilisée par les huissiers pour protéger des intempéries les personnalités, président inclus.
Outre sa présence souriante et efficace dans sa boutique, Catherine Carreau-Postaire présida de 1997 à février 2003, l’AICR (Association des commerçants-Issy-Corentin-Renan). « Ce fut beaucoup de travail mais une période très agréable ». C’est une figure marquante du quartier Corentin Celton qui passe la main après trois générations au service de l’élégance isséenne. Pour autant, elle saura trouver de nouvelles occupations tout autant au service de l’esthétique et de la joie de vivre. Texte et photos P. Maestracci
Dernière vitrine de Noël : décors blancs, des articles de couleur sombre avec des pointes de rouge et de bleu - une forme d'hommage aux valises tricolores vendues à l'origine ? |
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