Geneviève Joy et Henri Dutilleux sortent de l'oubli grâce à une de leurs amies, dénommée Geneviève aussi, qui s'est confiée à Pascale, à l'occasion du centenaire de la naissance du compositeur. Découverte.
Le couple Dutilleux-Joy. © XDR |
Notre Geneviève est une altiste, 1er prix au Conservatoire de Paris en juillet 1942. Quelques semaines plus tard, elle est contactée par les Concerts Lamoureux qui lui demandent de jouer le Requiem de Fauré lors du concert de Toussaint. Jusqu’alors il n’y avait pas de femmes dans les orchestres sauf au sein des orchestres symphoniques et lyriques de la Radio car « on ne voit pas les femmes ». Elle reste cinq ans dans l’orchestre Lamoureux et évoque les répétitions le matin du jeudi et du vendredi ; le samedi après-midi avant le concert du dimanche après-midi.
Elle passe une année dans la même classe de musique d’ensemble avec Geneviève Joy, entrée à 20 ans au Conservatoire de Paris en 1939 et 1er prix de piano. Les deux musiciennes deviennent amies. En compagnie de trois musiciens (2 violonistes, 1 violoncelliste) qui ne concourent pas, Geneviève joue le quatuor de Ravel dans lequel la partition d’alto, sa spécialité, est très importante. Elle gagne ainsi sa première médaille pour son concours de musique de chambre. Geneviève, après avoir élevé ses enfants rejoint avec grand plaisir, sur suggestion de son amie Geneviève Joy, un orchestre d’amateurs parisiens.
Passage à Issy
Geneviève Joy avait épousé le compositeur Henri Dutilleux en 1946 dont elle fut aussi une interprète privilégiée. Le couple habite quelques mois au 5 ( ? ) rue Claude Matrat (ci-dessous) dans un étage élevé, avant d’en partir pour résider à Paris 12 rue Saint-Louis-en l’Île (3e étage ) où Geneviève est allée plusieurs fois.
Rue Claude-Matrat, Issy-les-Moulineaux. © XDR |
Henri Dutilleux
Henri Dutilleux accepte d’être le parrain du troisième fils de Geneviève et de son mari Pierre. « Il était charmant, pas du tout intimidant ». Pourtant, il est un très célèbre compositeur français. Sa famille est originaire de Douai mais doit fuir les armées allemandes au début de la Grande guerre. Il naît à Angers en 1916 puis retourne dans le Nord où il commence ses études musicales au conservatoire de Douai. Il est 1er Grand prix de Rome en 1938. En 1942, il est chef de chœur à l’Opéra de Paris. De 1944 à 1963, il travaille au Service des Illustrations musicales de la Radiodiffusion française. Son œuvre est immense et variée.
Partition d'Henri Dutilleux. © XDR |
L'association Dutilleux
Le couple Dutilleux-Joy possédait une maison dans la commune de Candes-Saint Martin (Indre-et-Loire). Le piano à queue de Geneviève Joy y est précieusement conservé. La mémoire des deux musiciens y est toujours honorée grâce à l’association Dutilleux. Celle-ci gère la maison du couple actuellement en pleins travaux de rénovation qui s’appelle "Foyer Joyeux". Ce nom associant le nom des deux artistes accueillera des musiciens en résidence ainsi que des concerts. De plus, un concours Dutilleux est organisé par la région Centre-Val de Loire.
Un grand merci à Geneviève dont les musiciens favoris sont Fauré, Debussy et Chopin. Merci également à son fils Philippe, organiste, qui apprécie Bach plus que tout sans oublier Odette qui m’a fait connaître son amie. P. Maestracci
Pour en savoir plus :
un livre
extrêmement minutieux vient de paraître pour le centenaire de la naissance de
Henri Dutilleux Pierre
Gervasoni, Henri Dutilleux
(co-édition Actes/Sud, Philharmonie de Paris, 2016).
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