Le château des Conti… tous les Isséens le connaissent. C'est là que se trouve le Musée français de la carte à jouer, rue Auguste Gervais.Mais le château de Childebert… Mystère !
Voici quelques éléments que nous avons pu trouver sur cette bâtisse dont, au milieu du XIXe siècle, subsistaient encore quelques vestiges, dans le quartier des Hauts d'Issy. Un certain
M. de Brière rédige une notice qu'il présente à la Société de l'Histoire de France, à la séance du conseil d'administration, tenue le
5 avril 1841.
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Statue de Childebert. Louvre. |
Il rappelle d'abord l'histoire du fief d'Issy.
"Jusqu'en 1789, les moines de Saint-Germain des Prés conservèrent la possession de ce fief et la jouissance des droits seigneuriaux qui y étaient attachés. Le siège de la seigneurie d'Issy était établi dans un vaste bâtiment appelé le château, où se trouvaient réunis les officiers de l'abbaye de Saint Germain des Prés ; c'était aussi dans ce lieu qu'on rendait la justice ; et une grosse tour carrée y attenant servait de prison. On croit généralement que Childebert (
à droite) et Charles le Simple habitèrent ce manoir. Une grande ferme avec un terrain adjacent étaient comprise dans le mur de clôture. A une petite distance de la maison seigneuriale s'élevait un moulin appartenant à l'abbaye et qui, dans les actes anciens, est appelé Tour d'Issy. Il est probable que ce moulin, dont il ne reste plus que des débris est l'édifice mentionné dans la charte de Childebert."
Et M. de Brière décide de se rendre sur place.
"Curieux de voit cet antique monument, j'allais un jour à Issy. L'édifice est situé
rue de Chevreuse, n°3, en face de l'église [Saint-Etienne]. Entre l'église et le château il y a une place qui, m'a-t-on dit, était naguère un cimetière ; mais ce fait n'est indiqué dans aucun document historique. Le château et la ferme ont passé entre les mains d'un sieur Beaumont, qui l'exploite lui-même ainsi que ses autres propriétés, sises au même lieu.
Des anciennes constructions appartenant à l'abbaye, il ne reste plus que
la tour carrée, située à droite de la porte, et qui servait jadis de prison. La majeure partie de l'édifice, appropriée aux besoins du propriétaire actuel, a perdu son antique physionomie… On voit encore au château deux
meurtrières (ouvertures formant fenêtres) ; l'intérieur du bâtiment est dans un grand état de délabrement ; partout d'énormes crevasses et des planchers près de crouler. Le rez de chaussée et le premier étage servent de grange et de grenier ; impossible de visiter les étages supérieurs, l'escalier est condamné.
Au milieu de la cour, on voit une
cave qu'on dit fort ancienne, elle a vingt-six marches, toutes dans la même direction. Je suppose qu'elle communique à des souterrains.
En faisant des fouilles dans la grange, on a rencontré, à quelques pieds de profondeur, du marc de raison ; le lieu exhalait même encore une forte odeur de vin. Peut-être le
pressoir de l'abbaye se trouvait-il là."
Le compte-rendu de M. de Brière se termine par un
souhait qui, a priori, n'a pas été exaucé, puisqu'autour de l'église Saint-Etienne il n'existe aujourd'hui plus aucune trace de la demeure.
"Les amis des Antiquités nationales déploreront toujours la perte de l'antique château de Childebert.
Ne serait-il pas possible de sauver de la destruction les faibles débris qui en restent ? Ne pourrait-on pas faire l'acquisition du vieux bâtiment ?"
Quelques années plus tard, en
1855, l'artiste
Auguste-Alexandre Guillaumot (1815-1892) se rend, lui aussi, à Issy et laisse ce superbe dessin (
ci-dessus), unique témoin des derniers vestiges du château de Childebert.
PCB