Troisième volet de notre série sur les constructeurs d’avions implantés sur le terrain d’Issy, pour commémorer le centenaire de la Grande Guerre.
Les frères
René Caudron. © XD |
Gaston, né en 1882 (ci-dessous), et René Caudron né en 1884 (à droite), sont fils d'agriculteurs implantés à Romiotte dans la Somme. Très tôt intéressés par l'aviation, ils construisent d’abord un planeur dans la ferme familiale puis ouvrent ensuite une école de pilotage au Crotoy. En parallèle, ils implantent un atelier de construction dans la commune toute proche de Rue. Pour être plus complets, ils apprennent à piloter, René obtenant le brevet n°180 le 9 août 1910 puis Gaston le brevet n°434, le 3 mars 1911.
Gaston Caudron. © XDR |
L’école de pilotage à Issy…
En 1911, ils ouvrent une seconde école de pilotage à Issy-les-Moulineaux, dans l’un des nombreux hangars-ateliers qui entourent le terrain. Cette école est complétée, en 1912, par un atelier situé à l’intersection des rues Rouget-de-Lisle et Camille Desmoulins, où ils emploieront jusqu’à 13 ouvriers avant la guerre. En 1913, leur école, jusque-là civile, forme également des militaires.
… puis l’implantation d’une usine en 1914
Début août 1914, les deux frères et la plupart des personnels de Rue sont mobilisés. Il ne reste plus que 16 personnes, des jeunes et des retraités. Mais le front se rapprochant, ils reçoivent fin août l’ordre de démonter tout le matériel et de le charger sur des wagons. Après deux jours et deux nuits de voyage, ils arrivent comme prévu à Issy, avant d’être dirigés sur… Lyon-Montplaisir ! Après six jours de voyage, les ouvriers retrouvent Gaston qui, ayant obtenu un sursis, est en cours d’installation d’ateliers dans une ancienne usine automobile Baron-Vialle. Mais on s’aperçoit rapidement que cette usine manque de surface et ne peut répondre à la demande.
En 1911, ils ouvrent une seconde école de pilotage à Issy-les-Moulineaux, dans l’un des nombreux hangars-ateliers qui entourent le terrain. Cette école est complétée, en 1912, par un atelier situé à l’intersection des rues Rouget-de-Lisle et Camille Desmoulins, où ils emploieront jusqu’à 13 ouvriers avant la guerre. En 1913, leur école, jusque-là civile, forme également des militaires.
… puis l’implantation d’une usine en 1914
Début août 1914, les deux frères et la plupart des personnels de Rue sont mobilisés. Il ne reste plus que 16 personnes, des jeunes et des retraités. Mais le front se rapprochant, ils reçoivent fin août l’ordre de démonter tout le matériel et de le charger sur des wagons. Après deux jours et deux nuits de voyage, ils arrivent comme prévu à Issy, avant d’être dirigés sur… Lyon-Montplaisir ! Après six jours de voyage, les ouvriers retrouvent Gaston qui, ayant obtenu un sursis, est en cours d’installation d’ateliers dans une ancienne usine automobile Baron-Vialle. Mais on s’aperçoit rapidement que cette usine manque de surface et ne peut répondre à la demande.
L'usine d'Issy, côté terrain. © XDR |
L'usine d'Issy, côté rue. © XDR |
C’est pourquoi, le 1er novembre 1914, René est rappelé par le ministère pour construire une autre usine à Issy. La construction prend plusieurs mois, avec une usine principale, située aux n° 52 à 70 rue Jean-Jacques Rousseau (la façade terrain ci-dessus ; la façade rue ci-contre), aujourd’hui rue Guynemer (occupée plus tard par Thomson CSF) et une annexe aux n° 56-58 Boulevard Galliéni (occupée plus tard par Aérazur).
A compter de 1915, cette usine, dirigée par René, se limite au montage des appareils et de leurs éléments. Les toiles ne sont pas vernies à Issy. L’usine sort trois G3 par jour, parfois jusqu’à six (ci-dessous). Les pilotes Chanteloup et Poulet, bien connus à l’époque pour leurs prouesses d’avant-guerre, assurent les vols d’essai.
Monomoteur d'observation G3 Caudron. © XDR |
Gaston avait à cœur de faire les essais lui-même voire de livrer les avions dans les formations, pour les présenter en vol aux pilotes.
Désormais, René assure seul la direction de la société. Les deux usines d’Issy vont occuper 9000 m2 et employer jusqu’à 1300 ouvriers (ci-dessous).
Les ateliers de l'usine d'Issy pendant la guerre. © XDR |
Les ajusteurs, usine d'Issy. © XDR |
Les usines de Lyon et d’Issy vont produire près de 4 000 appareils, dont les célèbres G3, monomoteur d’observation du champ de bataille, les bimoteurs d’observation et de bombardement G4/R4 à partir de 1915 (2 versions : la G développée Gaston et la R par René - ci-dessous), ainsi que les C23 de bombardement à la fin de la guerre. Comme d’autres grands constructeurs, leurs avions sont également construits sous licence par d’autres sociétés, mais sans que René Caudron ne réclame de redevance, par patriotisme.
L'après-guerre
En 1918, comme dans toute l’industrie militaire, la fin de la guerre entraîne une diminution brutale des commandes de l’État. René Caudron essaye de conserver ses ouvriers en se diversifiant, notamment dans la construction de tombereaux, pour écouler son important stock de bois. Mais il doit se résoudre à baisser ses effectifs des deux tiers au début des années 1920 et à fermer l’usine de Lyon pour mieux poursuivre son action, cette fois dans l’aviation de transport et de tourisme, puis dans les avions de course avec Renault.
[La société est nationalisée en 1945 et rattachée à la SCAN. En 1950, la SCAN quitte Issy et vend les usines à la société Sadir-Carpentier, intégrée à CSF en 1957, devenant Thomson-CSF en 1968. Les locaux sont fermés à la fin des années 80. René Caudron décède le 27 septembre 1959 à Saint-Cloud]. Jacques Primault.
Bimoteur d'observation et de bombardement G4/R4 Caudron. Peinture de Paul Lengellé. © XDR |
Mes remerciements à Karine Bellard, du musée de Rue (Somme) : http://aama.museeairespace.fr/amismuseeair/pages/musee_des_freres_caudron.html
Ce texte sur les frères Caudron complète un premier article que nous avions diffusé en 2012 :
1 commentaire:
Bonjour, et merci pour la qualité de vos publications!
Je cherche à faire un petit article sur le site de Thomson-CSF (dont je faisais partie de 1979 à 1988). Auriez-vous d'autres éléments plus spécifiques sur Thomson à "Guynemer" (et "Galliéni" avec les FRLE, Fabriques Réunies de Lampes Electriques)?
Merci d'avance
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