Le Forum fut un beau succès. Et pour nous qui avons rencontré beaucoup de futurs adhérents, et pour la jeune maison d'éditions Quelle Histoire qui a publié
l'Histoire d'Issy-les-Moulineaux (pour les 6-10 ans). Reprenons dès maintenant nos bonnes habitudes avec la publication régulière d'articles sur le site.
La maison de retraite et le dispensaire ont été créés grâce au bienfaiteur dont ils portent le nom. Le 4 septembre 1871, le testament du chirurgien René-Paul Lasserre est en faveur du Bureau de Bienfaisance de la commune. Ce don est accepté en 1873. Il consiste en une maison avenue de l’Hôtel de Ville (de nos jours Jean Jaurès) et une rente de 3000 francs destinées à l’entretien de sept familles pauvres sélectionnées par le Bureau. Quelque années plus tard, les bénéficiaires sont plus nombreux et il faut des bâtiments nettement plus grands pour la nouvelle maison de retraite Lasserre ainsi qu’un dispensaire accolé donnant sur la rue Étienne Dolet. L’architecte choisi est Émile Delaire (1866-1923) qui est l’architecte communal. Le budget initial est de 215 695 francs mais le chantier coûte 329 613 francs, soit 77 918 de plus.
Façade principale de l'ancienne maison Lasserre. Ph. P. Maestracci |
La maison de retraite est construite en U autour d’un jardin fermé par une grille donnant sur l’avenue. Les bâtiments de deux étages sont soignés avec les signes caractéristiques de l’architecture populaire de la fin du XIXe siècle (photo ci-contre). Les murs sont recouverts de briques jaunes et agrémentés de lignes de briques rouges horizontales et verticales. Un fronton triangulaire surmonté d’un clocheton domine l’ensemble. En-dessous sont superposés du haut vers le bas une horloge, une grande plaque rectangulaire avec l’inscription Ville d’Issy-les-Moulineaux, un profil féminin dans un médaillon et une autre plaque plus petite. Entre le premier et le deuxième étages, des cabochons de grès flammés turquoise caractéristiques de la Belle Époque ponctuent une corniche reposant sur de petits modillons. Les cintres bicolores des fenêtres ont un claveau en pierre au centre et deux sur les côtés. L’ensemble est achevé en 1899 et inauguré l’année suivante par Émile Loubet, président de la IIIe République.
Le personnel mixte de la maison de retraite est sous l’autorité d’un médecin et d’une surveillante. Le budget est géré par l’économe qui est le receveur municipal (E. Porte en 1900). Les recettes étant de 23 047,74 francs et les dépenses de 19 583,97 francs, le solde est largement positif : 21 093,43.
Les conditions d’admission pour les pensionnaires sont très précises. Il faut être français, vivre seul, avoir plus de 65 ans et être incapable de gagner sa vie en travaillant. En outre, il faut résider dans la commune depuis au moins 5 ans consécutifs lors de la demande et avoir résidé 15 ans minimum dans la commune. De plus, en cas de revenu (forcément modeste), il faut l’abandonner à la maison de retraite. Enfin, la mendicité y est interdite sous peine de privation de sortie pendant un mois et d’exclusion si récidive ! En revanche, sauf contrordre médical, les résidents sont incités à travailler dans la mesure de leurs possibilités.
Quant à la nourriture, trois repas sont prévus chaque jour. Le petit-déjeuner à 8 heures se compose d’une soupe ; le repas de midi comprend de la viande, des légumes et un dessert (qui ne doit pas coûter plus de 10 centimes). Le dîner est servi à 18 heures avec soupe, viande ou légumes, dessert. Le régime alimentaire journalier prévoit 500 g de pain blanc, 250 g de viande ou poisson, 130 g de légumes, 30 cl de vin, 50 cl de potage (ou 25 cl s’il est remplacé par du lait).
Au XXIe siècle, la maison de retraite a été déplacée et métamorphosée en EHPAD installé rue Séverine près de l’hôpital Corentin Celton. Les anciens bâtiments ont été transformés en immeubles d’habitation. P. Maestracci.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire