J'ai été, dès sa création en 1965/1966, membre de la MJC et y suis resté jusque vers la fin des années 90. J'ai été membre élu du CA pendant 17 ans (ou 16, je ne me souviens plus). J'ai suivi la MJC dans ses différentes adresses : avenue Général Leclerc dans un bâtiment qui se situait à la place du Monoprix puis avenue Jean-Jaurès dans un bâtiment qui, bien avant d'être un petit immeuble d'habitations, fut successivement un bâtiment religieux, le commissariat de police et la MJC.
Brève histoire de FAHRENHEIT.
En
1983/84, la MJC a eu besoin de recruter une hôtesse d'accueil. La direction a reçu plusieurs personnes avant de me demander un avis sur certains, dont
Philippe Renaud. J'ai soutenu sa candidature et, sans difficulté, il a été embauché. Philippe a fait l'unanimité des adhérents, des animateurs, de la direction et des administrateurs : particulièrement sympathique, ouvert, ne comptant pas ses heures, plein d'idées, bon bricoleur, bref celui qu'il fallait à la MJC. Celui qui arrivait à se fâcher avec lui n'avait pas sa place à la Maison !
Un jour, il me demande de le rencontrer un bon moment pour m'exposer son projet. On a discuté une longue soirée : il souhaitait monter une série de concerts de rock dans la salle de spectacle de la MJC : chaque vendredi, 2 groupes de rock viendraient et joueraient une mi-temps chacun. A la fin, le public voterait pour les départager et le groupe « vainqueur » reviendrait la semaine d'après. Philippe voulait me convaincre : ces groupes n'avaient pas de salle, ni à Issy, ni ailleurs pour se faire connaître sur une scène et notre salle n'était pas occupée tous les soirs alors qu'il y avait une demande des jeunes pour ce genre de concerts. J'ai été vite convaincu de l'intérêt du projet et nous avons « peaufiné » l'aspect financier en particulier de celui-ci et l'argumentaire que je devais développer devant le CA.
Inutile de dire qu'à la première réunion du CA, j'ai eu du mal à convaincre : qu'allait dire la municipalité, même si les représentants de celle-ci, membres du CA, n'ont pas été les plus réservés ?
Qu'allaient dire les voisins, notamment les plus proches : la salle était-elle bien insonorisée ? La sécurité était-elle assurée avant le soirée, pendant et après ? Fallait-il des assurances particulières pour ce genre de spectacle et de spectateurs bruyants et certainement violents, etc Mais le projet a été retenu finalement et la Mairie nous a fait confiance (et il nous faut remercier Madame
Hélène Decaux pour son action dans cette aventure ainsi que Monsieur
Richard Calmel).
Il est vrai que nous avons eu des discussions franches avec des voisins plus ou moins éloignés : bruits à la sortie de la maison, canettes de bière sur les trottoirs, etc. Le commissariat de police faisait effectuer un tour de patrouille régulièrement, mais je n'ai pas souvenance d'incidents graves.
Fahrenheit, en temps qu'association indépendante et liée à la MJC est donc née en 1984, créée par Philippe Renaud. Son but était de lutter contre les intolérances : « Fahrenheit n'est pas un lieu de consommation culturelle et reste une association ». C'est un espace de vie et un lieu de rencontre. D'ailleurs, il organisa, dans le foyer de la Maison un vidéo rock suivi d'un Concert dans la salle.
Fahrenheit s'impose rapidement comme étant une scène originale, sympathique et vivante.
La presse (l
a Tribune régionale,
Libération,
France soir,
le Parisien,
Télérama,
Les Nouvelles de Versailles) en parle régulièrement. Voici quelques titres relevés : « Fahrenheit fait un tabac! », « Issy se taille la part du lion dans le spectacle rock », etc ; Fahrenheit présente l'avant-première de la sélection rock de l'Ile-de-France au Printemps de Bourges dès 1986. On prend sa place d'entrée soit en arrivant (s'il reste de la place!), soit on la réserve à l'avance dans une FNAC !
Lors de l'AG de la MJC du 18 mars 1986, on comptait
1300 adhérents à la MJC, dont l'âge moyen était de 25 ans, avec une nette majorité de femmes. Il y avait 40 activités réparties sur 150 heures par semaine. Le bilan de Fahrenheit est évoqué et satisfait tout le monde.
Quel bilan pour Fahrenheit ?
En
octobre 1986, la formule change un peu : il y a un concert tous les 15 jours, le mercredi avec une première partie vidéo-bar suivie d'un concert de rock. La programmation se fait sur 2 ou 3 mois et des groupes étrangers viennent à la MJC (en provenance de Londres, des USA, etc). Des échanges avec une salle de concerts de Lyon se sont mis en place et FAHRENHEIT assure la coordination des « Découvertes du Printemps de Bourges ».
Entre 1984 et 1993, environ 500 groupes de rock se sont produits. Chaque année, 5 000 spectateurs ont assisté aux 200 concerts.
En 1988, le 100e concert se déroule au Zénith : 7 000 spectateurs, 10 groupes de rock avec le soutien de Jack Lang.
En 1989, a lieu le premier concert en France du groupe Nirvana…
En 1993, FAHRENHEIT réserve l'Élysée-Montmartre à Paris afin de présenter, pour la première fois à Paris un groupe basque, bien connu au-delà des Pyrénées, Negu Goniek.
Les groupes qui sont venus à la MJC, dont certains plusieurs fois, sont la Mano Negra, Les Garçons bouchers, Les Innocents, Sue et les Salamandres, Chihuahua, Les Portes-Manteaux, Les Hillbillies (groupe de Londres), etc. Phillippe Renaud a été, par la suite et pendant plusieurs années, le représentant, l'agent, de ces groupes.
La réussite de ce projet doit beaucoup aux responsables de la MJC : j'ai cité les représentants de la Mairie ; j'y ajoute la Direction de la Maison (Annie, Hélène, François, Michel, etc) ainsi que la Vice-présidente, Claude, sans qui rien ne se serait passé de cette belle façon.
Je n'ai plus de nouvelles actuelles : mais je crois savoir que Fahrenheit n'existe plus ! La MJC Espace Icare, poursuit son partenariat avec le Clavim, l'Entrepôt et Opus 33 pour constituer un réseau musical isséen dynamique : cette année, un total de 19 concerts sont proposés ; cela se professionnalise : les temps changent, comme le chantait Bob Dylan ! Paul Drezet