31 août 2014

La Pastorale d'Issy en vidéo - clip n°9


René continue à nous faire revivre les grandes étapes de notre projet de "résurrection" de la Pastorale d'Issy.
Comment était Issy à l'époque, au XVIIe siècle ? Où s'est déroulée la première ? Notre Historimienne de choc, Pascale, nous livre quelques secrets sur notre commune.

https://www.youtube.com/watch?v=GxByzgsCIaM&feature=youtu.be


Notez, dans vos tablettes :

- le Forum des Associations des 5 et 6 septembre - vous pourrez déjà vous inscrire à la grande première du 9 avril 2015.
- La Journée du Patrimoine, du 21 septembre, au Musée français de la carte à jouer où vous pourrez découvrir chanteurs et musiciens et, surtout, assister à un extrait de l'opéra.

Bonne rentrée à tous.

26 août 2014

La Libération vue par une Isséenne - Été 1944 - chronique n°8

Voici la fin du mois d'août et les célébrations de la Libération dans toute la région. C'est aussi la fin de nos chroniques estivales, en compagnie de Jeannine et de Pascale, des chroniques saluées par Le Parisien du jeudi 21 août (voir photo ci-dessous). Merci à la famille Provôt de nous avoir confié ce touchant témoignage.


Vendredi 1er sept. – Nous manquons, à nouveau, d'électricité le soir.

Samedi 2 sept. – 150 g de viande ! Notre ration hebdomadaire pour les semaines suivantes.

Dimanche 3 sept. – Nous allons faire une promenade vers la Porte de Versailles et place Balard. Nous voyons des Américains…..
Dans la soirée, un camion américain s’arrête à proximité de nos fenêtres. Ns faisons signe « bonjour ». Au moment de démarrer, un soldat nous lance une chemise
!

Lundi 4 septembre – Nous passons par les boulevards que nous n’avions pas encore vus… On y croise bcp [beaucoup] d’Américains. Les terrasses de café sont pleines.

5 septembre – On annonce qu’un défilé de « Fifis » aura lieu à 3 h de la Pte de Versailles à la place Voltaire [Vaillant-Couturier]. Du coup, on re-pavoise !..
Le défilé a du retard. Il défile devant le colonel Roll [ pour Rol-Tanguy], chef de la Résistance de la région parisienne. Je l’ai très bien vu. Il est très jeune.[ il n’a que 36 ans ]. Ces jeunes « Fifis » défilent fièrement et sont acclamés chaleureusement tout le long du parcours. Il y a beaucoup de monde. On leur doit bien de s’être dérangés. Le service d’ordre est très bien fait…. on se méfie des miliciens. 
8 septembre – Nous passons par les Invalides… On attend le général Eisenhower qui revient de l’Étoile… Le cortège des voitures, précédé de deux tanks, débouche des Ch. Elysées. Nous voyons très bien le général (en voiture fermée) fort affable, aimable et sympathique par son salut et son sourire. Il sait que la foule est venue pour l’acclamer. Il se fait connaître en la saluant. Que de bravos !..
Nous parcourons l’esplanade des Invalides et remarquons l’aile du ministère des Affaires étrangères qui est un des bâtiments les plus détériorés : plus de toitures, plus de fenêtres : ce sont de grands trous béants qui montrent le vide à l’intérieur. Cette partie-là a été brûlée….
Paris est animé. La circulation est plus dense : des autos sont ressorties. L’exubérance, la gaieté sont revenues….
Les Parisiens commencent à s’habituer aux Alliés et se conduisent en enfants mieux élevés : plus de curiosité mal placée ni de mendicité. Au début, quelle opinion ont dû avoir de nous les Américains ! Tout le monde quémandait soit cigarettes, soit bonbons, soit schewing gum [sic], sans aucune retenue.


11 septembre – A Paris, le métro a repris.

Lundi 18 septembre – C’est une satisfaction de revoir ce métro …Toutes les affiches pro-allemandes sont déchirées et les nombreux habits verts [soldats allemands] sont remplacés par q.q. habits kaki, autrement plus sympathiques.

24 septembre – A quand la paix ? Et que sera l’avenir ?
Il faut encore du courage et de la patience…



Ce journal en septembre est essentiellement consacré aux retrouvailles familiales et amicales. Il s’arrête le 24.
Dans le pays, c’est le retour à l’ordre. Pour le rappeler, de Gaulle se déplace dans de nombreuses régions françaises. Le GPRF (Gouvernement Provisoire de la République Française) procède à de très nombreuses arrestations pour mettre fin à l’épuration sauvage remplacée par une procédure judiciaire légale.

Le 23 novembre, Leclerc est à Strasbourg. Il a enfin respecté son serment de Koufra en Libye : se battre jusqu’à ce que le drapeau français flotte sur la cathédrale alsacienne. Des poches de résistance allemande subsistent dans les ports jusqu’en 1945. La paix est signée le 7 mai à Reims et le 8 à Berlin pour l’Europe. En revanche, le Japon ne capitule que le 2 septembre après deux bombes nucléaires.

Les deux imprécisions orthographiques sont aisément compréhensibles dans le contexte de l’époque. Le chewing-gum était une friandise encore méconnue. Rol-Tanguy, à ne pas confondre avec le peintre Roll du début du siècle, sortait à peine d’une clandestinité vitale sous l’Occupation.
P. Maestracci

19 août 2014

La Libération vue par une Isséenne - Été 1944 - chronique n°7





Jeannine continue son journal, qui ressemblait à cela, des demi-feuilles A4, couvertes d'une magnifique écriture.

Mercredi 30 août – On dit qu’on se bat ferme à St-Denis, à Pierrefitte et que les Allemands sont méchants. Après déjeuner, nous allons tous quatre voir une chambre de tortures découverte bd Victor, contre le ministère de l’Air. C’est dans un stand fermé qui était autrefois un champ de tir que ces messieurs torturaient leurs proies : d’abord, une chambre réfrigérée avec de gros tuyaux terminés par des ventilateurs ; puis, par des trous creusés dans le mur, assez larges pour y passer un homme allongé et le faire pénétrer dans une chambre chauffante. Les murs sont tapissés d’amiante et, assez haut sur ce mur, l’amiante est tapissée à son tour de traces de mains. C’est pénible à voir. Qu’infligeait-on à ces malheureux pour qu’ils fassent de tels bonds ?…Le mur d’amiante est déchiqueté dans le bas. Au fond du stand, trois poteaux d’exécution sont là… triste tableau… on peut s’en approcher, les toucher. Les traces de sang ont séché sur le bois qui, à la place du cœur, est en grande partie déchiqueté. C’est la preuve évidente du nombre de victimes. Sur les poteaux, on a posé les cordes qui les liaient et les bandeaux dont un taché de sang. Un chapelet, un peigne de femme ont été ramassés… D’autres poteaux dans un coin attendaient pour remplacer ceux-là..
Dans une cour voisine, un charnier était découvert et des Allemands prisonniers déterraient les morts placés, paraît-il, deux par deux dans les bières… Une odeur infecte se dégageait qui m’a poursuivie toute la journée. 


Au Bourget, la 2e DB vient enfin à bout des soldats allemands ; le théâtre d’opération se déplace vers l’est.

Jeudi 31 août – Nous faisons une autre promenade : toute la rue de Vaugirard pour voir le Sénat et le Quartier latin assez endommagés.
La façade du Sénat est peu abîmée. C’est sur le côté gauche que les dégâts sont plus graves. Il y a des trous d’obus. Le jardin du Luxembourg est fermé. Les grilles sont tordues et arrachées à certains endroits. Près du Sénat, un gigantesque blockhaus donne l’impression d’un monstre vert pâle. Les Allemands ont creusé une ville souterraine. Ces souterrains correspondaient avec les catacombes, le métro… Ces boches avaient tout prévu. Tout était miné aussi. Dieu merci ! Ils n’ont rien fait sauter….
Nous descendons le bd St-Michel dont presque toutes les vitrines sont à l’air…
Puis nous reprenons le chemin du retour après être passés devant l’Hôtel de ville bien orné de drapeaux ; devant Notre-Dame qui a été touchée de q.q.[quelques] coups de mitrailles et de fusils. Les drapeaux flottent en haut de ses deux tours !


Qu’ajouter de plus ? C’est limpide… Pascale Maestracci

12 août 2014

La Libération vue par une Isséenne - Été 1944 - chronique n°6

Les Alliés sont arrivés… Mais les combats n'ont pas encore définitivement cessé. Jeannine continue à prendre des notes dans son journal.

Dimanche 27 août –Matinée calme. La joie est assombrie par les émotions de la veille : traîtrise des miliciens et bombardement….
Aujourd’hui, on n’a plus osé s’aventurer dans Paris
..

Les combats continuent au nord-est de la région parisienne.

Lundi 28 août – L’après-midi, grande promenade dans Paris libéré… spectacle d’un amas carbonisé de débris de camions allemands ; l’École militaire marquée de traces de balles et où nous avons la satisfaction de voir les premiers prisonniers allemands faire des corvées de nettoyage. Nous passons sous la tour Eiffel au pied de laquelle des jeeps et des camions américains s’arrêtent pour l’admirer.
Nous arrivons à l’Arc de Triomphe. Nous allons saluer le soldat Inconnu dont la dalle est couverte de fleurs et, entre autres, d’une grande croix de Lorraine déposée par de Gaulle. Nous nous reposons à la terrasse du Triomphe. Des Américains sont attablés. D’autres montent et descendent l’avenue en camions. Ils sont toujours acclamés, salués. On lève les bras avec les doigts en forme de V. C’est le nouveau salut. L’atmosphère est détendue. La foule est gaie, légère, fait éclater sa joie au moindre détail. Dès qu’une voiture américaine s’arrête, elle est entourée. Ceux qui savent l’anglais parlent. Les autres écoutent et sourient béatement…. 

« Regardez donc s’ils sont bien équipés et quel matériel… les roues de leurs tanks sont caoutchoutées. Ils ont la marche légère et comme leurs vêtements sont confortables »…

Eisenhower est à l’Arc de Triomphe et des soldats américains défilent sur les Champs-Élysées. Le général de Gaulle est ainsi reconnu officiellement par les Alliés à la tête du GPRF (Gouvernement Provisoire de la République Française). Il dissout les FFI dont un tiers rejoint les troupes régulières. La reconnaissance envers les Alliés se double de l’admiration pour leur équipement. Les Français ont souffert de privations de plus en plus lourdes au fil des années. Le rationnement continuera plusieurs années après la fin de la guerre.


Mardi 29 août- Journée calme. Première soirée en lumière depuis bien longtemps. Que cela fait plaisir !

Toujours des combats contre les Allemands dans la même zone.

P. Maestracci

P.S.Allez donc voir sur le site de la ville d'Issy - Historim y est en bonne place : http://www.issy.com/ma-ville/histoire/publications-d-isseens/l-histoire-d-issy-raconte-par-ceux-qui-l-ont-vecu


8 août 2014

La Pastorale d'Issy en vidéo - clip n°8

Quelle heureuse surprise ! C'est avec beaucoup de plaisir que nous découvrons l'historien animateur réalisateur d'émissions historiques à la radio et à la télévision, auteur également de plusieurs ouvrages, Franck Ferrand. Il a accepté pour Historim de nous faire revivre les plaisirs de la Cour sous Louis XIV. Souvenons-nous que le Roi Soleil a lui-même assisté à une représentation de la Pastorale d'Issy.
                   

https://www.youtube.com/watch?v=-a_5DQB6Llo&feature=youtu.be

5 août 2014

La Libération vue par une Isséenne - Été 1944 - chronique n°5

Le journal de Jeannine continue ainsi… C'est la fête !

Vendredi 25 août – Matinée de jour de fête. Jour d’enthousiasme, de délire…Tout le monde se parle et s’interpelle. Les gens se promènent dans les rues. Chacun arbore les couleurs tricolores sous toutes les formes. La foule va voir des troupes qui passent à la gare d’Issy. On pavoise la façade qui est une des plus jolies….Quand à midi, on crie : « les voilà », une foule apparaît. Ce sont des Canadiens… Cette fois, ça y est : on les a vus nos libérateurs…
Minute inoubliable, quelle émotion qu’on n’ose pas faire exploser… On crie, on applaudit comme on le fera par la suite pour chaque voiture. Nos alliés et les soldats de l’armée Leclerc sont d’une courtoisie : ils ne se lassent pas de nous prodiguer leurs sourires et leurs saluts. Des avions survolent bas… ce ne sont plus les Boches… et ces avions américains sont « paisibles »…
Nous ne pouvons atteindre notre but [aller à la gare d’Issy] : des coups de fusil sont tirés dans l’île Saint-Germain où des Allemands sont retranchés Au retour, nous voyons une femme emmenée entre deux gendarmes pour lui couper les cheveux à la mairie. 


La 2e DB, divisée en différentes colonnes, franchit plusieurs portes de Paris entre la porte de Saint-Cloud et celle d’Italie. Le général Leclerc passe par la Porte d’Orléans pour se diriger vers l’ancienne gare Montparnasse par l’avenue qui porte désormais son nom. C’est le cas pour la portion de la rue Renan entre la place Vaillant-Couturier et l’Hôtel de Ville à Issy-les-Moulineaux qui porte son nom aussi après la guerre.
Dès 15 heures, von Choltitz se rend et signe une capitulation à l’Hôtel de Ville puis un ordre de redditon pour toutes ses troupes à la gare Montparnasse, en présence de Chaban-Delmas et de Rol-Tanguy. Le général de Gaulle arrive quelques minutes après. Il rejoint ensuite le ministère de la Guerre puis, à 19 heures, l’Hôtel de Ville pour son célèbre discours sur « Paris outragé, Paris martyrisé mais Paris libéré par lui-même, libéré par son peuple etc. »
Dans la commune, les combats continuent dans l’île Saint-Germain et c’est le sinistre épisode des femmes tondues.

Samedi 26 août – [Une partie de la famille part ] aux Champs-Élysées pour assister au défilé de De Gaulle et des troupes…. C’était magnifique et délirant d’enthousiasme. L’hommage reconnaissant à celui qui nous a délivrés de l’occupation ennemie… Il y avait beaucoup de fleurs, beaucoup de monde. Pendant ce temps, j’assiste à l’enterrement de 6 soldats français tués en arrivant à Issy dans l’île Saint-Germain [voir photo ci-dessous].
En parcourant les rues de Paris et en approchant [de Notre-Dame] nous entendons mitraille et coups de fusil… Les gens fuient. Les miliciens tirent des toits et des fenêtres sur la foule… Des ambulances passent… des voitures d’FFI armés… des « jeeps », encore inconnues des Parisiens…
L’atmosphère de Paris est enfiévrée. La joie de la délivrance est assombrie par le feu de ces traîtres qu’on traque dans tous les quartiers.
Vers 11 heures [23h], coup de théâtre : avions dans l’air, mitraille, DCA, bombardement. C’est la visite des Allemands qui viennent déverser leur rage de nous savoir quittés… Un grand incendie s’élève… c’est au quai de Bercy.


Cérémonie funéraire rue Renan.
De Gaulle, après une cérémonie à l’Arc de Triomphe, descend à pied les Champs-Élysées avant de monter en voiture place de la Concorde où il y a un échange de coups de feu.
Robert Jacques, Isséen, s’y trouvait avec sa femme ce jour-là. Son témoignage est sur notre site [http://www.historim.fr/2011/05/robert-jacques-fait-de-la-resistance.html].
Le général de Gaulle est acclamé sur les Champs-Élysées, ce qui manifeste sa légitimité aux yeux des Alliés qui avaient prévu une occupation militaire de la France pour remplacer le régime de Vichy issu d’un vote de parlementaires en 1940.
De Gaulle assiste ensuite à une cérémonie à Notre-Dame où des tireurs embusqués sèment la panique.
Les combats se poursuivent au nord de la capitale. La 4e division allemande occupe l’aéroport du Bourget et les Allemands contrôlent encore les accès au nord et à l’est de Paris. Leclerc y envoie des troupes.
P. Maestracci.


Légende photo ci-dessus : La ville d'Issy-les-Moulineaux rend hommage aux six soldats morts la veille, le 25 août, sur l’île Saint Germain. De nombreuses gerbes portées par des enfants et des jeunes femmes précèdent des corbillards tirés par des chevaux. La foule est massée de chaque côté. En face, l’immeuble de deux étages avec la publicité Richard Chambres sur le mur peint est remplacé de nos jours par le collège Matisse.