Mercredi 23 août - Premier journal français… imprimé sous le régime de la Libération !…Que cela fait plaisir de ne plus lire les mensonges allemands et d’y sentir l’âme française toute vibrante de patriotisme.
La TSF annonce « Paris libéré » mais nous, Parisiens nous savons que c’est inexact. C’est un peu exaspérant, on attend tellement cette libération.
On entend encore la DCA de la Pte de Versailles.
La TSF (radio de Londres) annonce prématurément la libération alors que les combats se poursuivent. Von Choltitz a reçu l’ordre de faire sauter les ponts de Paris et ne laisser « qu’un champ de ruines ».
La 2e DB fonce de la Normandie vers l’Île de France en parcourant 200 kilomètres dans la journée. En effet, la capitale doit symboliquement être libérée par des Français !
Jeudi 24 août – Matinée calme. J’écoute avec émotion un reportage sur Paris libéré… J’en suis tout émue.
On entend toujours le canon et à 13h on commence à monter une barricade [dans la rue Renan, voir photo]. On se bat dans Paris… On entend des coups de fusil, de mitrailleuses de canon et de grenade…
L’après-midi est agité et fiévreux. On dit les Américains à la Croix de Berny… On les attend ! On dit qu’ils se dirigent vers Clamart puis au Petit Clamart… quant à 7h1/2, on nous dit : « Ils » sont à la mairie ! ! ! Du coup, de toutes les fenêtres, les drapeaux sortent… On attend fébrilement. C’est de l’enthousiasme… On attend, on attend… mais ils ne viennent pas jusqu’à nous ; « Ils » descendent vers Boulogne Billancourt… Les barricades les empêchent de passer et la DCA de la Pte de Versailles est encore occupée par les boches qui n’ont pas l’air de vouloir abdiquer. Quand les Allemands de la DCA aperçurent les drapeaux dans la rue Ernest Renan, ils commencèrent à rager leurs canons… Contre qui ? Contre quoi ? On n’en sait rien. Le plaisir de faire du bruit sans doute… Ils nous crèvent le tympan jusque vers 1h moins le quart du matin où un incendie (œuvre d’un héros civil qui est allé lancer une bouteille d’essence dans le camp) les fait taire à jamais. En même temps, les cloches de Saint-Étienne sonnent la libération. La nuit n’est pas calme : on entend explosions, canons, coups de fusil. Il y a encore des coins de résistance… La libération de Paris n’est pas terminée. Cependant, les cloches de Paris ont sonné vers 11 h à l’entrée d’un premier détachement de l’armée Leclerc qui s’est dirigé à l’hôtel de ville
Robert R* et des inconnus téléphonent dans la soirée pour demander si le bruit qui court que les Américains sont à Issy est bien exact. ! Quelle joie de pouvoir leur répondre que c’est VRAI ! ! !
C’est ce jeudi matin que, pour la dernière fois, j’ai vu les Allemands … une voiture, l’air en déroute, cherchant son chemin.
Un petit avion survole le centre de Paris pour lâcher un message de Leclerc : « Tenez bon, nous arrivons ». Celui-ci envoie comme avant-garde la 9e compagnie du capitaine Dronne vers le centre de Paris. Cette compagnie, surnommée la Nueve car elle est composée d’Espagnols républicains, arrive peu après 21 heures à l’Hôtel de Ville avec trois chars. Les cloches de Notre-Dame sonnent alors à toute volée, suivies par celles des autre églises de Paris et de la banlieue comme à Saint-Étienne.
Leclerc est entre-temps arrivé à la Croix de Berny à quelques kilomètres au sud de Paris.
P.Maestracci
La TSF annonce « Paris libéré » mais nous, Parisiens nous savons que c’est inexact. C’est un peu exaspérant, on attend tellement cette libération.
On entend encore la DCA de la Pte de Versailles.
La TSF (radio de Londres) annonce prématurément la libération alors que les combats se poursuivent. Von Choltitz a reçu l’ordre de faire sauter les ponts de Paris et ne laisser « qu’un champ de ruines ».
La 2e DB fonce de la Normandie vers l’Île de France en parcourant 200 kilomètres dans la journée. En effet, la capitale doit symboliquement être libérée par des Français !
Jeudi 24 août – Matinée calme. J’écoute avec émotion un reportage sur Paris libéré… J’en suis tout émue.
On entend toujours le canon et à 13h on commence à monter une barricade [dans la rue Renan, voir photo]. On se bat dans Paris… On entend des coups de fusil, de mitrailleuses de canon et de grenade…
L’après-midi est agité et fiévreux. On dit les Américains à la Croix de Berny… On les attend ! On dit qu’ils se dirigent vers Clamart puis au Petit Clamart… quant à 7h1/2, on nous dit : « Ils » sont à la mairie ! ! ! Du coup, de toutes les fenêtres, les drapeaux sortent… On attend fébrilement. C’est de l’enthousiasme… On attend, on attend… mais ils ne viennent pas jusqu’à nous ; « Ils » descendent vers Boulogne Billancourt… Les barricades les empêchent de passer et la DCA de la Pte de Versailles est encore occupée par les boches qui n’ont pas l’air de vouloir abdiquer. Quand les Allemands de la DCA aperçurent les drapeaux dans la rue Ernest Renan, ils commencèrent à rager leurs canons… Contre qui ? Contre quoi ? On n’en sait rien. Le plaisir de faire du bruit sans doute… Ils nous crèvent le tympan jusque vers 1h moins le quart du matin où un incendie (œuvre d’un héros civil qui est allé lancer une bouteille d’essence dans le camp) les fait taire à jamais. En même temps, les cloches de Saint-Étienne sonnent la libération. La nuit n’est pas calme : on entend explosions, canons, coups de fusil. Il y a encore des coins de résistance… La libération de Paris n’est pas terminée. Cependant, les cloches de Paris ont sonné vers 11 h à l’entrée d’un premier détachement de l’armée Leclerc qui s’est dirigé à l’hôtel de ville
Robert R* et des inconnus téléphonent dans la soirée pour demander si le bruit qui court que les Américains sont à Issy est bien exact. ! Quelle joie de pouvoir leur répondre que c’est VRAI ! ! !
C’est ce jeudi matin que, pour la dernière fois, j’ai vu les Allemands … une voiture, l’air en déroute, cherchant son chemin.
Un petit avion survole le centre de Paris pour lâcher un message de Leclerc : « Tenez bon, nous arrivons ». Celui-ci envoie comme avant-garde la 9e compagnie du capitaine Dronne vers le centre de Paris. Cette compagnie, surnommée la Nueve car elle est composée d’Espagnols républicains, arrive peu après 21 heures à l’Hôtel de Ville avec trois chars. Les cloches de Notre-Dame sonnent alors à toute volée, suivies par celles des autre églises de Paris et de la banlieue comme à Saint-Étienne.
Leclerc est entre-temps arrivé à la Croix de Berny à quelques kilomètres au sud de Paris.
P.Maestracci
Barricade de la rue Renan. Photographie de la collection de la famille Provôt. |
Élevée à l’aplomb des numéros 42 et 44, la barricade est constituée de gros pavés de la rue et renforcée de quelques barrières du côté de Paris. Il y a beaucoup de badauds et quelques hommes tenant des barres de fer pour soulever les pavés. La pharmacie à gauche de l’image existe toujours ainsi que la petite Tour Eiffel au-dessus de la marquise du magasin Mayer.
P.S. Pour suivre l'arrivée du détachement de la 2e DB dans les rues d'Issy, le 24 août au soir, retrouvez le lieutenant colonel Pierre Minjonnet : http://www.historim.fr/2011/08/minjonnet-et-le-12e-rca-issy-le-25-aout.html