C'est l'abbé Lebeuf (1687-1760), auteur d'
une Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, publié en 1757, qui nous donne le plus d'informations concernant notre ville entre le XIe et le XVIIe siècle.
|
L'abbé Lebeuf. Ph XDR. |
Historien, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et héritier de la tradition érudite ecclésiastique du XVIIe siècle, il s'est attaché à la géographie de la Gaule et de la France au Moyen Âge, l'archéologie gallo-romaine, la numismatique, l'histoire des mœurs et coutumes des Français. Il s’attache plus généralement aux détails, et c'est tant mieux pour nous. On peut le considérer comme un des fondateurs de l’étude et de la géographie nationale aux époques mérovingienne et carolingienne
Voici ce qu'il raconte sur notre commune :
|
L'Église Saint-Étienne, reconstruite
en 1635. © A. Bétry |
"Dès le
XIe siècle, il y avait une église à Issy et c’était une paroisse dont les laïques s’étaient attribués certaines revenus, peut-être en qualité de fondateurs. Cette église est sous le titre de
Saint-Étienne, premier martyr. En 1336, les habitants du lieu voulant en augmenter l’édifice, obtinrent de l’abbé Jean de Précy une maison située ver le midi, moyennant quoi ils cédèrent trente-sept septiers de vin que la fabrique prenait sur les pressoirs d’Issy et ils s’engagèrent de faire les murs du clos de Vaugirard et du moulin. Elle fut entièrement rebâtie en l’an
1635 et bénie en 1661. Saint Vincent martyr est représenté à l’autel en qualité de second patron.
"En l’an 1236, Simon, abbé de Saint-Germain, fit l’acquisition de quelques îles de la Seine proche le même village. L’abbé de St Germain des Prés était encore qualifié seigneur d’Issy dans la coutume de Paris de l’an 1580. On voit encore vis-à-vis l’église un vieux château, non du temps de Childebert, mais avec une tour carré de quatre ou cinq cents ans, laquelle sert de prison.
|
Parcs, belles demeures et l'église Saint-Étienne au loin. Eau-forte
aquarellée, XVIIe s. Coll. Musée de l'Ile de France. Ph. Benoit Chain. |
"Après les gens d’Eglise qui eurent les principaux biens de ce village, on trouve
des seigneurs particuliers de quelques cantons ou de quelques hôtels qui sont tantôt qualifiés du titre de
Miles, tantôt de celui d’
Armiger.
Les plus ancien est
Ferric d’Issy, nommé témoin en 1180 dans une charte de Maurice, évêque de Paris… Après lui est
Amaury d’Issy, signeur de Meudon.
Guillaume d'Issy, chevalier, est mentionné dans le cartulaire de Sorbonne de l’an 1270.
Jean d’Issy pareillement chevalier, père de Jean d’Issy
Armiger, marié à Mathilde.
|
Louis de Luxembourg. Ph. XDR |
A l’égard des notables qui ont eu un hôtel à Issy :
Bernard de Surgis, archevêque de Narbonne y en avait un, où
Raimond de Budes son neveu, et petit-neveu du pape Clément V, y testa.
Hugues de Croicy, chevalier, président au Parlement, était retiré à Issy dans la maison qu’il avait lorsqu’il fut arrêté comme criminel de lèse-majesté sous Philippe de Valois. On trouve que Charles VII donna, vers l’an
1449, à
Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, (
à gauche) deux maisons situées à Issy qui étaient à son oncle, le cardinal, et que Louis XI confirma vers 1475 à
Nicolas de la Chesnaye une rente de dix livres à prendre sur certains héritages à Issy, laquelle lui avait été donnée par le même Louis de Luxembourg. L’historien de l’abbaye de Saint-Germain écrit qu’en 1628 Jean de Choisy fit ériger en fief ce qu’il avait à Issy. »
C'est ensuite au tour de la reine Margot de s'installer dans notre commune, des princes de Conti, des bénédictines… mais cela est une autre histoire. À suivre.
PCB