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Florian Goutagneux (à gauche) et Cyril Boureau (à droite)
sur fond de Samuel Colt ©A. Bétry |
C'est avec joie qu'une fois encore, nous étions réunis à la Résidence du Parc pour écouter
Florian Goutagneux, attaché de conservation au Musée français de la carte à jouer, nous raconter la grande et la petite histoire de ce fleuron de l'industrie française. Les anecdotes étaient nombreuses, cartes postales et photographies du début du XXe siècle nous permettaient de visualiser l'usine dans sa globalité.
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Florian assis, Cyril au micro.
Une même passion. A. Bétry |
Dans le public, un invité de dernière minute :
Cyril Boureau, le DRH de Gévelot Extrusion basé à Laval, qui nous apporta des tas de renseignements sur le fondateur, Joseph-Marin.
1825 :
Joseph-Marin Gévelot, inventeur de l'amorce au fulminate de mercure, quitte Paris (où il débuta sa carrière comme "fourbisseur") en raison des risques liés à son activité. Et s'installe à Issy-les-Moulineaux en bords de Seine. L'usine - S.L.M. (Société Française de Munitions) qui prend très vite le nom de son créateur, est de taille modeste.
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Jules-Félix Gévelot. © XDR. |
1843 : à la mort du patriarche, son fils
Jules-Félix Gévelot (1826-1904), à peine âgé de 18 ans, prend les rênes de la société familiale. C'est lui qui va lui donner une ampleur nationale. Il achète de nouveaux terrains, dépose de nombreux brevets, embauche. Il met au point avec son ami Casimir Lefaucheux un système pour les pistolets que l'Américain Samuel Colt va utiliser, nous apprend Cyril. Jules joue, en outre, un rôle non négligeable en politique : plusieurs fois député, maire de Conflans-Sainte-Honorine, conseiller général de l'Orne (
ci-dessus).
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Étiquette d'une boite de cartouches Gévelot. © tirmailyforum |
1867 : 500 ouvriers travaillent sur le site, à la fabrication notamment de cartouches de guerre. Le directeur met en œuvre un certain nombre de mesures sociales, rappelle Florian, telles qu'une crèche, une cité ouvrière, le Secours mutuel, une aide pour les malades.
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La sotie de l'usine Gévelot (fin XIXe siècle). Carte postale (Notrefamille.com) |
1898 : L'usine s'étend et possède 50 bâtiments sur une superficie de 9 hectares. C'est à cette époque qu'est construit le grand portail conservé aujourd'hui.
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L'explosion de l'usine Gévelot.
Petit journal illustré du 30 juin 1901. |
14 juin 1901 : Ce que tous redoutaient arrive. L'explosion dans un des bâtiments (ce n'est malheureusement pas la première) fait 17 morts : 13 femmes et 4 hommes, relevés dans les décombres, et de très nombreux blessés - dont un mourra de ses blessures. Voici comment
le Petit journal illustré du 30 juin relate l'événement : "le vendredi 14, à onze heures quarante-cinq du matin, exactement, on entendit une formidable explosion ; en même temps, des débris de bois, de fer, et aussi hélas! de corps humains s'éparpillaient dans l'air jusqu'à une hauteur de vingt mètres. ” L'enquête conclut à l'imprudence d'un chaudronnier qui y perdit la vie.
1930 : L'entreprise est à son apogée. Depuis 1927, elle est entre les mains de Lucien Bienaimé - une famille toujours aux commandes aujourd'hui. 3000 employés y travaillent pour le marché national, mais aussi international.
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L'usine à son apogée. Ph. XDR |
11 juillet 1973 : nouveau coup dur. Un grand incendie ravage l'usine : un documentaire (sur la chaîne planète le 26 novembre, à 20h30) et le témoignage de quelques pompiers (que vous découvrirez prochainement sur notre site) vous feront revivre ce drame.
31 janvier 1980 : La société ne s'est pas remise de la catastrophe de 1973 et dépose le bilan.
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Macaron sur le portail.
© A. Bétry |
1992 : La société quitte Issy-les-Moulineaux, les bâtiments sont rasés et vers l'an 2000 de nouveaux immeubles sortent de terre - la villa Haussmann (
voir rubrique Quartier).
Aujourd'hui : Gévelot SA est un groupe mondial, coté en bourse, dont le siège social se trouve toujours dans les Hauts-de-Seine, à Levallois-Perret, et dont l'une des branches Gévelot Extrusion se trouve à Laval, depuis 1962. Elle est spécialisée dans l'acier, les pompes, freins et boites de vitesse. Elle a abandonné totalement la fabrication des munitions, prise en charge par la société Athéna.
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Le portail actuel.
Ph. P. Maestracci |
Que reste-t-il de ce grand passé industriel à Issy-les-Moulineaux ? Le portail, qui s'élève aujourd'hui à 300 mètres de son lieu initial avec ses macarons à tête de lion (
la réponse au Jeu nez-en l'air) ; la pointeuse, conservée dans la Galerie d'histoire de la ville, cette conférence - transformée en véritable table ronde - et quelques témoignages à venir.
A suivre donc. PCB