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G. Touchard-Lafosse. © XDR. |
Georges Touchard-Lafosse (1780-1847), tout à la fois journaliste, éditeur et antiquaire, publie en 1834 un ouvrage fort intéressant :
Histoire des environs de Paris qui nous apprend beaucoup sur notre ville en ce début du XIXe siècle. Concernant l'activité industrielle, il insiste notamment sur "L'industrie la plus fructueusement exercée dans ce village est l'exploitation du
blanc de Meudon ou d'Espagne ; les principales maisons qui se livrent à ce genre de spéculation sont dirigées par madame veuve Berthaut Soulange, MM. Demarne, Fausiée, Franquet, Lenormand et Parquet."
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Blanc de Meudon. ©XDR |
Arrêtons-nous un instant sur cette activité, qui remonte au temps préhistorique. Nos ancêtres en extrayaient le silex noir nécessaire à leur armement. En
Ile de France, ce sont les communes de Meudon, Bougival, Louveciennes, Port-Marly et Issy qui sont directement concernées car, à cet endroit-là, la couche de craie affleure la surface, en permettant l'exploitation artisanale à ciel ouvert. Jusque dans les années 1800, où elle devient souterraine. A Issy, les carrières se situaient dans la zone comprise entre le fort, la place Léon Blum et le chemin de Saint-Cloud. De cette craie, on obtient le fameux
blanc de Meudon, toujours commercialisé, et la
chaux. Les entreprises sont petites : 8-10 personnes ; le travail le plus pénible est celui du piqueur qui attaque la craie à la pique. Les femmes moulent les pains de blanc de Meudon et les enfants s'occupent du transport. La notoriété du blanc de Meudon dépasse bientôt les frontières de l'hexagone. A Meudon, les galeries se développent sur plus de 8 kilomètres.
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Carrières de blanc de Meudon à ciel ouvert, 133 av. de Verdun. XIXe s.
© Topic Topos |
Et à Issy,
la crayère Bibille et Fayard (ouverte en 1826, à l'emplacement actuel du 141-143 avenue de Verdun) et l'établissement
Demarre (créé en 1840, à l'emplacement actuel du jardin botanique et qui s'agrandit en rachetant en 1887 la Société des Blancs Minéraux à Meudon) deviennent connus du monde entier. L'exploitation devient industrielle. Une société peut produire jusqu'à 10 000 tonnes de blanc par an et employer jusqu'à 50 ouvriers.
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Blanquetterie ou séchoir à blanc de Meudon, Issy.
© archives IGC. |
En 1826, une usine de chaux hydraulique s'installe aux Montquartiers. En 1862, devenue la
société Schacher, Lettelier et Cie, elle s'agrandit et exploite des carrières souterraines qui s'étendent jusqu'à Meudon. Non sans danger pour l'environnement. Le succès est tel qu'il va conduire à la construction des 8 kilomètres de
la ligne de chemin de fer des Coquetiers (actuel ligne 4 du tramway francilien) entre Aulnay-sous-Bois et Bondy, lancée le 7 août 1875… bien loin d'Issy ! Voilà pourquoi. Il s'agit de concevoir une ligne de transport de marchandises desservant un maximum d'usines. Le maire d'Aulnay, Dominique de Gourgues, et l'ingénieur
Louis-Xavier Gargan patron de la société Scacher-Lettelier et Cie (nous voici revenus à Issy !), en sont les initiateurs : ce dernier a besoin du gypse de la forêt de Bondy pour ses usines de chaux, de plâtre, de briques et de ciment. La terre extraite des carrières servira à remblayer les talus.
L'exploitation cesse dans les années 1930. Les carrières sont transformées en champignonnières, puis en caves à vins et à bière.
La brasserie des Moulineaux (voir rubrique
Industries) s'y installe. Cette carte postale (
à gauche) montre les fûts de bière entreposés dans les galeries. Aujourd'hui les crayères sont réputées grâce à Yves Legrand qui s'y installe en 1975, au lieu dit du
Chemin des Vignes (113 avenue de Verdun), et les
Crayères des Montquartiers (141 avenue de Verdun), à l'emplacement de Bibille et Blanchard (
ci-dessous) !
PCB
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L'entrée des Crayères des Montquartiers, à Issy-les-Moulineaux. © XDR. |
Pour en savoir plus, une exposition se tient au musée de Nogent-sur-Marne, I
ndustrie en banlieue parisienne, du 12 janvier au 9 juin.
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