Le temple désigne l’édifice religieux réformé – dénomination calviniste majoritaire en France – mais on notera la propension des luthériens à utiliser de leur côté le mot “ église ” pour leurs lieux de culte… Le protestantisme n’est jamais uniforme. Il importe que l’architecture manifeste les grandes affirmations de la Réforme, comme la transcendance exclusive de Dieu, l’autorité souveraine de la Bible ou le sacerdoce universel, c’est-à-dire le refus d’une séparation entre des pasteurs et les autres fidèles.
© Alain Bétry. |
Le culte protestant a d’emblée privilégié les arts auditifs – parole et musique – sur les arts visuels – peinture et sculpture – Faites l’expérience : venez à un culte et fermez les yeux : vous ne perdrez rien. Bouchez vous les oreilles : vous perdrez tout… Alors que la messe catholique mobilise infiniment plus les sens visuels, auditifs, olfactifs… C’est aussi le choix d’une précarité : le culte n’est que le temps de la réunion des fidèles, alors que la sacralité se maintient dans l’église catholique consacrée détentrice du Saint Sacrement en l’absence des fidèles.
Sur le côté, le baptistère ou plutôt des fonts baptismaux (à droite) évoque un mobilier catholique : on est plutôt dans la tradition pédobaptiste – les enfants sont baptisés dès leur naissance – alors que le protestantisme a développé une théologie du baptême adulte confessant - le baptisme – est d’une manière générale du baptême à tout âge selon le cheminement de chacun. La liturgie des Églises évangéliques et baptistes recourt à l’immersion, ce qui nécessite un matériel autre que les fonts baptismaux ici présents. Jean Loignon.
Pour découvrir ce temple, il vous faudra venir les jours de culte, à savoir uniquement les dimanches impairs à 10h30. Et, le mardi 25 décembre !
Une fois rappelés ces quelques éléments, découvrons le temple d'Issy-les-Moulineaux (à droite). Il est récent – 1939 – et provient de l’expansion vers la banlieue de la paroisse de Montrouge ; un terrain offert par la famille Peugeot en a permis la construction.
L'extérieur
L’aspect de l’édifice est celui d’une chapelle néo-romane avec mini clocher équipé d’une cloche sonnant le début du culte, chose assez rare dans les temples. Il n’a pas adopté la physionomie néo-classique des temples du Midi avec le fronton traditionnel ; disons qu’il est de style plutôt luthérien. Pas de sculpture sur la façade mais des motifs décoratifs sobres.
L'intérieur
Le temple protestant reprend la forme des basiliques paléochrétiennes, édifices laïques à l’origine. Les fenêtres laissent passer la lumière, afin de permettre aux fidèles la lecture de la Bible et du recueil de cantiques, ce qui interdit des vitraux, même abstraits. Aucune sculpture figurative, ni d’image : à Dieu seul la gloire, certes mais des compromis décoratifs autorisent parfois des images ou mosaïques mais jamais de statues.
La surprise vient de ce qui ressemble assez à un autel, en pierre, mobilier très statique fort loin des tables de bois servant à la communion dans la tradition réformée : l’inspiration est ici nettement luthérienne. C’est sur cet autel qu’est célébrée la sainte Cène, sous les deux espèces - pain et vin- dans une vaisselle assez ordinaire.
L’autel sert de support à la Bible (à gauche), toujours ouverte. C’est une édition ancienne, difficilement utilisable pour la lecture qui utilise des traductions modernes. Elle est donc présentée en tant qu’objet symbolique, alors qu’elle était un instrument du culte à l’origine. La souveraineté que reconnaissent les protestants à la Bible n’est pas celle d’un livre sacré jusque dans ses pages et sa reliure, mais dans sa Parole lue individuellement et prêchée collectivement.
La prédication utilise une chaire qui domine pour des raisons acoustiques les fidèles à l’époque de la voix nue, mais cette image magistrale valorise beaucoup la fonction pastorale. La croix est ici nue (à gauche), sans le corps crucifié du Christ : la Réforme privilégie la victoire sur la mort que marque la résurrection, plutôt que le sacrifice de la Croix, mais les luthériens ne suivent pas toujours les calvinistes réformés dans ce choix.
© Alain Bétry |
La prédication utilise une chaire qui domine pour des raisons acoustiques les fidèles à l’époque de la voix nue, mais cette image magistrale valorise beaucoup la fonction pastorale. La croix est ici nue (à gauche), sans le corps crucifié du Christ : la Réforme privilégie la victoire sur la mort que marque la résurrection, plutôt que le sacrifice de la Croix, mais les luthériens ne suivent pas toujours les calvinistes réformés dans ce choix.
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Pour découvrir ce temple, il vous faudra venir les jours de culte, à savoir uniquement les dimanches impairs à 10h30. Et, le mardi 25 décembre !
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