9 mars 2012

10 mars 1962, attentat OAS à Issy ?

Nous sommes en pleine tractation entre la France et le FLN pour mettre fin à la guerre d'Algérie qui dure depuis 1954. Le 8 janvier 1961, un référendum sur l'autodétermination de l'Algérie a été approuvé par 75% des votants. Pour les partisans d'une Algérie française, civils et militaires, l'abandon de ce territoire d'Afrique du Nord est inacceptable. En février, à Madrid, l'OAS (Organisation Armée Secrète) est créée autour du général Salan, de Pierre Lagaillarde et de Jean-Jacques Susini. Le 22 avril, un putsch est organisé pour prendre le contrôle d'Alger - sans succès. Plusieurs centaines d'officiers, quatre généraux sont impliqués. Un certain nombre d'entre eux passe à la clandestinité dans les rangs de l'OAS. Dès lors, la violence aveugle éclate des deux côtés de la Méditerranée. Les attentats se succèdent dans un climat de terreur.
Voiture touchée par l'explosion. © INA
Ce 10 mars 1962, devant la salle des Fêtes, à 8h10, une camionnette piégée explose faisant trois morts (deux gardiens de la paix et un vaguemestre d'une institution religieuse) et 47 blessés dont cinq écolières (trois d'entre elles témoigneront devant la presse). L'après-midi même, les habitants d'Issy se réunissent autour de leur maire Bonaventure Leca (SFIO, Section française de l'Internationale ouvrière) dans une grande manifestation.
Le gouvernement s'empresse d'accuser l'OAS, plus particulièrement la branche Mission III d'André Canal, dit le Monocle. Ce dernier démentira par une lettre adressée aux journaux, niera lors de son procès, continuera de nier jusqu'à sa mort. Il ira même jusqu'à accuser les services spéciaux de cet acte odieux - les fameux barbouzes, entraînés dans la lutte contre l'OAS.
Les obsèques des deux policiers se déroulent en présence de Roger Frey, ministre de l'Intérieur. Trois individus sont arrêtés le 31 mars, interrogés puis relâchés, comme le relatent les journalistes de l'Aurore. Le ministère de l'Intérieur refuse de confirmer la nouvelle, portant plainte contre le journal pour "diffusion de fausses nouvelles". Au cours de l'enquête, ces trois individus n'apparaîtront jamais dans la procédure et l'enquête sera close sans qu'aucun suspect n'ait été arrêté.
Alors cinquante ans après, n'oublions pas, nous Isséens, les victimes de cet acte terroriste jamais élucidé. PCB


A voir :
Le reportage sur l'attentat :
http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAF90005840/voiture-piegee-a-issy-les-moulineaux.fr.html
Le témoignage de trois écolières :
http://www.dailymotion.com/video/xfdp33_les-blesses-d-issy_news
Les obsèques des gardiens de la paix :http://www.dailymotion.com/video/xfdp35_obseques-gardiens-de-la-paix-d-issy-les-moulineaux_news

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Donc c'est bien les français qui ont innové les attentats à la voiture piégée

Historim a dit…

Les Français, oui. Mais pas à cette date-là.
L'attentat de la rue Saint-Nicaise contre le général Bonaparte, Premier consul, le 24 décembre 1800, est considéré comme le premier attentat à la voiture piégée de l'Histoire. Puis ce sera en 1920, à New York, dans le quartier de Wall Street, un attentat redoutable dont l'auteur était un anarchiste italien. L'explosion fit quarante morts.