Jean Boyer chez lui, à Issy. © A. Bétry. |
Le 26 août 2011, cérémonie du souvenir à Strecno, en Slovaquie. |
« C'est pour moi un honneur particulier et avec beaucoup d'émotion que je me retrouve aujourd'hui pour la première fois avec vous devant ce monument pour rendre hommage aux citoyens français qui ont combattu aux côtés du peuple slovaque pour aider à libérer l'Europe de la barbarie nazie. Incarnée par la figure du général Milan Rastislav Štefánik, l'amitié franco-slovaque est forte et ancienne. Lors de combats d'août 1944, elle a trouvé à s'exprimer de la manière la plus noble par le sacrifice de la vie.
Dans la certitude qu'ils ne sont pas morts sans raison, je rends hommage à la mémoire des combattants de la Compagnie Lannurien et à celle de tous les hommes et les femmes qui se sont battus et qui sont tombés pour la liberté durant les combats du Soulèvement national slovaque. »
Mais qui sont donc ces Français qui, en 1944-1945, combattent aux côtés des Slovaques ? Que font-il là-bas ? Ce pays enclavé, profitant du chaos suite aux accords de Munich de septembre 1938, proclame son autonomie, mais reste inféodé au Reich.
Quelques prisonniers militaires français (140), enfuis des camps de Silésie, dont un Saint-Cyrien, le lieutenants Georges Barazer de Lannurien, plus une poignée de civils français (58), évadés du STO (Service du travail obligatoire) en Slovaquie, vont se battre aux côtés des partisans, les premiers encadrant les seconds inexpérimentés, contre les nazis.
Le 12 août 1944, la compagnie Lannurien, rattachée à la brigade Štefánik, est créée. Les effectifs sont de 99 hommes au 28 août, puis de 145 le 2 septembre. Le maximum, 197 Français, est atteint fin octobre 1944. Tout manque, la nourriture, l’hygiène, les armes, les munitions mais malgré la dysenterie et les pieds gelés pour certains, les Français se battent. Ils assument leur choix, comme Jean Boyer, « agir pour ne pas subir », contrairement à leurs camarades restés au STO. La brigade porte le nom de l'un des trois fondateurs de la nation slovaque Milan Rastislav Štefánik (1880-1919), dont la statue (ci-dessous) fut inaugurée le 4 mai 1999, sur la terrasse de l'Observatoire de Meudon, où il travailla de 1905 à 1910. Il obtint la nationalité française en 1912. Une place du 16e arrondissement lui a été consacrée.
Par petits groupes, et sous les ordres du capitaine de Lannurien, les Français devenus de bons et partisans combattants, se fondent dans la nature, incertains du lendemain. L’hiver est terrible. Certains maquisards, faits prisonniers par les Allemands, sont fusillés. D’autres, comme Jean Boyer, réussissent à s’évader grâce à la complicité d’autochtones, la veille de leur exécution. L’arrivée de l’Armée rouge met un terme à cette guérilla des Français en Slovaquie.
Le retour en France se fait de façon hétéroclite. Une partie des combattants est rapatriée à partir de Bucarest. Jean Boyer mettra plusieurs semaines sur un bateau britannique, depuis Odessa, avec escale technique à Port Saïd, pour débarquer à Marseille, après un mouillage de huit heures à l’entrée du port pour cause de brouillard, un certain 8 juillet 1945…
Quant à l’officier de Lannurien, promu capitaine en Slovaquie, un long travail l’attend. Son unité, complètement inconnue malgré la citation à l’ordre de l’armée décernée par le général de Gaulle le 9 décembre 1944, doit être enregistrée avant d’être dissoute. Son camarade de promotion, Alain de Boissieu, futur gendre du Général, l’appuiera dans ses démarches.
Les noms de deux Isséens, anciens de la compagnie Lannurien, figurent sur le Monument aux morts de notre cité. Il s’agit d'Armand Lamarque tombé sous la mitraille, Edouard Hédoux jeté dans un four à chaux.
Rappelons que la France a eu deux unités militaires combattantes sur les fronts de l'Est : l'escadrille Normandie-Niémen et la compagnie Lannurien.
Dans la certitude qu'ils ne sont pas morts sans raison, je rends hommage à la mémoire des combattants de la Compagnie Lannurien et à celle de tous les hommes et les femmes qui se sont battus et qui sont tombés pour la liberté durant les combats du Soulèvement national slovaque. »
Mais qui sont donc ces Français qui, en 1944-1945, combattent aux côtés des Slovaques ? Que font-il là-bas ? Ce pays enclavé, profitant du chaos suite aux accords de Munich de septembre 1938, proclame son autonomie, mais reste inféodé au Reich.
Quelques prisonniers militaires français (140), enfuis des camps de Silésie, dont un Saint-Cyrien, le lieutenants Georges Barazer de Lannurien, plus une poignée de civils français (58), évadés du STO (Service du travail obligatoire) en Slovaquie, vont se battre aux côtés des partisans, les premiers encadrant les seconds inexpérimentés, contre les nazis.
Le 12 août 1944, la compagnie Lannurien, rattachée à la brigade Štefánik, est créée. Les effectifs sont de 99 hommes au 28 août, puis de 145 le 2 septembre. Le maximum, 197 Français, est atteint fin octobre 1944. Tout manque, la nourriture, l’hygiène, les armes, les munitions mais malgré la dysenterie et les pieds gelés pour certains, les Français se battent. Ils assument leur choix, comme Jean Boyer, « agir pour ne pas subir », contrairement à leurs camarades restés au STO. La brigade porte le nom de l'un des trois fondateurs de la nation slovaque Milan Rastislav Štefánik (1880-1919), dont la statue (ci-dessous) fut inaugurée le 4 mai 1999, sur la terrasse de l'Observatoire de Meudon, où il travailla de 1905 à 1910. Il obtint la nationalité française en 1912. Une place du 16e arrondissement lui a été consacrée.
Le général Stefanik. © A. Bétry |
Par petits groupes, et sous les ordres du capitaine de Lannurien, les Français devenus de bons et partisans combattants, se fondent dans la nature, incertains du lendemain. L’hiver est terrible. Certains maquisards, faits prisonniers par les Allemands, sont fusillés. D’autres, comme Jean Boyer, réussissent à s’évader grâce à la complicité d’autochtones, la veille de leur exécution. L’arrivée de l’Armée rouge met un terme à cette guérilla des Français en Slovaquie.
Le retour en France se fait de façon hétéroclite. Une partie des combattants est rapatriée à partir de Bucarest. Jean Boyer mettra plusieurs semaines sur un bateau britannique, depuis Odessa, avec escale technique à Port Saïd, pour débarquer à Marseille, après un mouillage de huit heures à l’entrée du port pour cause de brouillard, un certain 8 juillet 1945…
Quant à l’officier de Lannurien, promu capitaine en Slovaquie, un long travail l’attend. Son unité, complètement inconnue malgré la citation à l’ordre de l’armée décernée par le général de Gaulle le 9 décembre 1944, doit être enregistrée avant d’être dissoute. Son camarade de promotion, Alain de Boissieu, futur gendre du Général, l’appuiera dans ses démarches.
Les noms de deux Isséens, anciens de la compagnie Lannurien, figurent sur le Monument aux morts de notre cité. Il s’agit d'Armand Lamarque tombé sous la mitraille, Edouard Hédoux jeté dans un four à chaux.
Rappelons que la France a eu deux unités militaires combattantes sur les fronts de l'Est : l'escadrille Normandie-Niémen et la compagnie Lannurien.
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