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Son visage ne vous dit peut-être rien. Il s'agit de Claire Josèphe Hippolyte Léris, dite Mademoiselle Clairon ou " La Clairon ".
Elle naît le 25 janvier 1723 à Condé-sur-l'Escaut, dans le Nord. Fille naturelle de Marie-Claire Piecq, simple bâtelière, et de François Joseph Désiré Léris, sergent au régiment de Mailly. Elle est très tôt attirée par le théâtre et mène une vie tumultueuse tant professionnelle que sentimentale.Dès l'âge de 13 ans, en 1736, ayant quitté le Nord pour Paris, elle débute à la Comédie italienne de M. Thomassin. Puis, en 1737, elle rejoint la troupe théâtrale de M. de La Noue à Rouen et joue en province (Caen, Le Havre, Lille). En 1741, à 19 ans, elle rencontre Alexandre Le Riche de la Popelinière qui la fait entrer à l'Opéra. Mais, après quatre mois, déçue par le théâtre "charité", elle quitte l'Opéra pour entrer à la Comédie française (les Comédiens du Roi) où elle s'impose rapidement, à 21 ans, dans le rôle de Phèdre. Son caractère autoritaire, capricieux et volage lui attire autant d'amis que d'ennemis. Elle se fait appeler Claire Hippolyte Léris de La Tude et prend le pseudonyme de Clairon, en souvenir de sa mère, dont c'était le sobriquet. En 1765, elle est emprisonnée au Fort l'Évêque, pendant cinq jours, pour avoir refusé de jouer le Siège de Calais (afin d'obtenir l'exclusion d'un collègue comédien).
La même année, sa santé précaire l'oblige à mettre fin à sa carrière, à l'âge de 44 ans . Elle part se reposer à Ferney, chez Voltaire. En 1773, le comte de Valbelle, avec qui elle a une liaison pendant dix-neuf ans la quitte. C'est alors que le jeune margrave d'Ansbach-Bayreuth, amoureux fou d'elle, l'emmène dans sa principauté où elle reste jusqu'en 1786. Puis elle revient vivre à Paris chez sa fille adoptive Marie-Pauline Ménard, veuve de la Riandrie.
Le livre titré Moi la Clairon, de la comédienne Edwige Feuillère, paru en 1974 chez Albin Michel, nous apprend que le 2 mai 1786, un acte est signé chez un notaire parisien, au nom d'Auguste Christian Frédéric, margrave d'Ansbach et de Claire Josèphe Léris Clairon de La Tude, pour acheter une propriété au sieur Grognard à Issy. Lui-même l'avait acquise de M. le duc d'Orléans qui morcelait son domaine d'Issy. Elle y passera de nombreux printemps.
La description qui en est faite donne une image de la vie à Issy, en cette fin du XVIIIe siècle : "A flanc de coteau, cachée par les arbres de l'ancien parc princier, la maison d'Issy était belle… sa longue façade de pierre avec ses huit grandes portes fenêtres ouvrent sur une terrasse… des fenêtres du premier étage, on devinait la plaine de Vaugirard et Paris ;… les vignerons de la région remplissaient nos barriques d'un vin léger et fruité. Des fermes proches, les petits commis apportaient chaque jour les œufs, le lait, les volailles, les légumes.… La bourgade d'Issy comptait un peu plus d'un millier d'âmes, deux cents feux, sans les résidents d'"agrément" qui y possédaient quelques belles maisons. Le cardinal de Fleury s'y était installé dans une demeure contiguë au séminaire. Un excellent chirurgien, Bernard Dossat, un notaire royal, onze vignerons, deux épiciers, un boulanger, un marchand de bois et quelques artisans aux services desquels on pouvait recourir. Parfois, les débordements de la Seine inondaient les prairies… mais dès que le fleuve rentrait dans son lit, les bouchers de Paris qui avaient droit de pacage y ramenaient leurs moutons. » Mais où se trouvait cette maison ? Si vous le savez, dites-le nous.
La Clairon décède le 29 janvier 1803, à l'âge de 80 ans, et est enterrée au cimetière de Vaugirard. En 1837, suite à un arrêt préfectoral de la Seine, sa dépouille est transférée au cimetière du Père Lachaise. Sa tombe est surmontée d'une pierre ainsi gravée : "Ici repose le corps de Claire Hippolyte Lévis Clairon de La Tude, née le 25 janvier 1723, décédée le 9 Pluviôse an II, le 29 janvier 1803. Elle traça avec autant de vérité que de modestie les règles de l'art dramatique, dont elle sera à jamais le modèle. »
Denis Hussenot
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