Adèle Foucher et Victor Hugo se sont connus tout jeunes à Paris, dans l'impasse des Feuillantines, un ancien couvent fondé en 1626 par Anne d'Autriche (actuel 5e arrondissement), où les deux familles vivaient. Victor avait sept ans, Adèle, six ans. Nous étions en 1809. Puis, ils se perdent de vue.
Dix ans plus tard, 1819, Victor vient d'être récompensé par l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse pour ses premières œuvres. Il crée avec ses frères un journal,
le Conservateur littéraire, catholique et royaliste. Et surtout il retrouve Adèle et lui avoue son amour le 26 avril 1819.
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La maison louée par la famille Foucher. © Alain Bétry |
Cela se passe à Issy, où la famille Foucher a loué une maison, au
15 bis rue Auguste Gervais. C'est l'époque où il écrit un poème plein de tendresse et un peu coquin,
Toute la vie d'un cœur. Il y a fort à parier qu'il était destiné à la jeune fille.
Victor et Adèle correspondront pendant trois ans, parfois en cachette car les deux familles se sont brouillées. Ils se marieront le 22 octobre 1822 en l'église Saint-Sulpice, à Paris. Ils auront cinq enfants. Leurs relations conjugales seront mouvementées mais Adèle demeurera toujours aux côtés de son époux. Elle mourra à Bruxelles le 27 août 1868, Victor le 22 mai 1885.
P.C.B.
Or, nous cueillons ensemble la pervenche.
Je soupirais, je crois qu'elle rêvait.
Ma joue à peine avait un blond duvet.
Elle avait mis son jupon du dimanche ;
Je le baissais chaque fois qu'une branche
Le relevait.
Et nous cueillons ensemble la pervenche.
Le paradis pourtant m'était échu.
En ce moment, un bouc au pied fourchu
Passe et me dit : Penche-toi. Je me penche.
Anges du ciel ! Je vis sa gorge blanche
Sous son fichu.
Et nous cueillons ensemble la pervenche.
J'étais bien jeune et j'avais peur d'oser.
Elle me dit : Viens donc te reposer
Sous mon ombrelle, et me donna du manche
Un petit coup, et je pris ma revanche
Par un baiser.
Et nous cueillons ensemble la pervenche.
Victor Hugo, 1819