Il s'agit là de la première tentative de création d'un opéra français. L'œuvre, décrite comme "14 chansons que l'on avait liées ensemble comme on avait pu", est signée Pierre Perrin pour le livret, Robert Cambert pour la musique. Elle est représentée dans la propriété de monsieur de la Haye, maître d'hôtel de la régente Anne d'Autriche, à Issy. "J'ay composé ma Pastorale, raconte Pierre Perrin, toute de pathétique et d'expressions d'amour, de joye, de tristesse, de jalousie, de désespoir ; et j'en ay banni tous les raisonnements graves et mesme toute l'intrigue ; ce qui fait que toutes les scènes sont si propres à chanter, qu'il n'en est point dont on ne puisse faire une chanson ou un dialogue." Cette première représentation fut un succès. Peu de temps après, Mazarin demande que la Pastorale d'Issy soit donnée à Vincennes devant le roi Louis XIV. Quelques années plus tard, Perrin se voit confier la création de l'Académie d'Opéra.
Comme quoi Issy est toujours à l'avant-garde, même dans la musique !
Et puis, le 13 mars 1672 exactement, Lully reçoit des mains de Louis XIV le privilège de l'opéra. Voici comment le raconte Charles Perrault, passé à la postérité pour ses Contes de ma mère l'Oye. "Environ vers ce temps-là, Lulli se fit donner le droit de composer seul des opéras et d'en recevoir le profit, qui était considérable. Ce spectacle avait commencé par un petit opéra dont Messieurs faisaient les premiers personnages. Il fut chanté d'abord au village d'Issy, dans la maison d'un orfèvre, où il réussit beaucoup. On m'y mena à la première représentation qui fut applaudie. L'abbé Perrin avait composé les paroles et Cambert la musique. Le succès de cette pastorale en musique leur fit entreprendre d'autres opéras qui furent représentés en public avec applaudissement et avec bien du profit pour le poète, le musicien et pour tous les acteurs." (Mémoires de ma vie).
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